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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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aime. »
    Elle ne répondit pas, mais ne
détourna pas non plus les yeux.
    Il déglutit, incapable une fois
encore de déchiffrer ses pensées. « Ya-t-il une chance…, osa-t-il. Puis-je
espérer qu’un jour, vous puissiez m’aimer en retour ? » Il la
regardait fixement, retenant son souffle : en cet instant, sa vie reposait
entre ses mains.
    Le silence se prolongeait.
Réfléchissait-elle ? Pesait-elle le pour et le contre ? Ne s’agissait-il
que d’une légère hésitation au moment de prendre une décision susceptible de
changer toute sa vie ?
    Enfin elle sourit : « Oh
oui !
    — Vraiment ? » Il
y croyait à peine.
    Elle rit de bonheur. « Vraiment. »
    Il lui prit la main. « Vous
m’aimez ? »
    Elle acquiesça d’un signe de
tête.
    « Il faut me le dire.
    — Oui, Gus, je vous aime. »
    Il baisa sa main. « Je
parlerai à votre père avant mon départ pour Washington. »
    Elle sourit encore. « Je
crois que je sais ce qu’il vous répondra.
    — Après, nous pourrons l’annoncer
à tout le monde.
    — Oui.
    — Merci, dit-il ardemment.
Vous m’avez rendu très heureux. »
    7.
    Au matin, Gus se présenta au
bureau de Josef Vialov et lui demanda dans les formes l’autorisation de faire
sa déclaration à sa fille. Vialov se déclara enchanté. Bien qu’il se soit
attendu à cette réponse, Gus en eut les jambes coupées de soulagement.
    Comme il devait se rendre
sur-le-champ à la gare pour regagner Washington, il fut convenu que l’on
célébrerait les fiançailles à son retour. Gus était enchanté de laisser à la
mère d’Olga et à la sienne le soin d’organiser le mariage.
    Entrant d’un pas alerte dans la
gare centrale d’Exchange Street, il tomba sur Rosa Hellman qui en sortait. Elle
était coiffée d’un chapeau rouge et tenait à la main un petit sac de voyage. « Bonjour,
dit-il. Puis-je vous aider à porter votre bagage ?
    — Non, merci, il est léger.
Je n’ai été absente qu’une nuit. Une entrevue avec des agences de presse. »
    Il haussa les sourcils,
visiblement étonné. « Pour un emploi de journaliste ?
    — Oui, et je l’ai obtenu.
    — Félicitations !
Pardonnez-moi si j’ai eu l’air surpris, je ne pensais pas qu’elles employaient
des femmes.
    — C’est rare, mais cela
arrive. Le New York Times a engagé sa première femme journaliste en
1869. Elle s’appelait Maria Morgan.
    — Que ferez-vous au juste ?
    — Je serai assistante du
correspondant à Washington. Pour ne rien vous cacher, c’est la vie amoureuse du
président qui leur a soufflé l’idée qu’ils seraient bien avisés de mettre une
femme à ce poste. Les hommes ont tendance à faire l’impasse sur les histoires
sentimentales. »
    Avait-elle mentionné l’amitié qui
la liait à l’un des plus proches collaborateurs de Wilson ? Sans doute,
songea Gus : la réserve n’était pas la qualité première des journalistes.
Et sans doute cela l’avait-il aidée à obtenir le poste. « Je rentre
justement à Washington, dit-il. Nous nous y verrons probablement.
    — Je l’espère.
    — J’ai moi aussi une bonne
nouvelle à vous annoncer, lançât-il tout heureux. J’ai demandé sa main à Olga
Vialov et elle a accepté. Nous allons nous marier. »
    Elle le regarda longuement avant
de lâcher : « Imbécile ! » Il n’aurait pas été plus ébahi
si elle l’avait giflé. Il la dévisagea, bouche bée.
    « Pauvre imbécile ! »
répéta-t-elle et elle le planta là.
    8.
    Deux autres Américains périrent le
19 août quand les Allemands coulèrent l’ Arabic, un autre paquebot
anglais.
    Gus fut navré pour les victimes,
mais encore plus consterné de voir l’Amérique inexorablement entraînée dans le
conflit européen. Il sentait que le président était tout près de franchir le
pas. Gus aurait tant voulu se marier dans un monde de paix et de bonheur ;
il redoutait de voir l’avenir ruiné par le chaos, les cruautés et les destructions
de la guerre.
    À la demande de Wilson, il
annonça à plusieurs journalistes, officieusement, que le président s’apprêtait
à rompre les relations diplomatiques avec l’Allemagne. Dans le même temps, le
nouveau secrétaire d’État, Robert Lansing, mettait tout en œuvre pour parvenir
à un accord avec l’ambassadeur d’Allemagne, le Comte Johann von
Bernstorff.
    Cela risquait de mal finir, se
disait Gus. Que ferait Wilson si les Allemands le prenaient au mot et le
mettaient au défi

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