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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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le
moral des troupes.
    Le groupe de Billy avait suivi un
an de formation, essentiellement dans un nouveau camp aux abords de Cardiff.
Cet entraînement lui avait plu : c’était plus facile que le travail à la
mine et beaucoup moins dangereux, même si parfois l’ennui était accablant, le
mot entraînement étant souvent synonyme d’attente. Mais il y
avait le sport, les jeux et la camaraderie d’un bataillon de jeunes découvrant
ensemble tant de choses inconnues. Au cours d’une longue période d’inactivité,
Billy avait pris un livre au hasard. À sa grande surprise, il avait trouvé l’histoire
passionnante de Macbeth et la langue de Shakespeare d’une poésie étrangement
fascinante. Pour un garçon qui avait passé tant d’heures à étudier l’anglais du XVII è siècle dans
la Bible protestante, Shakespeare n’était pas difficile à comprendre. Par la
suite, Billy avait lu ses œuvres complètes, relisant les meilleures pièces
plusieurs fois.
    Leur formation achevée, les
copains d’Aberowen avaient obtenu deux jours de permission avant d’embarquer
pour la France. Da avait dû se dire que c’était peut-être la dernière fois qu’il
voyait son fils vivant. Sans doute était-ce pour cela qu’il s’abaissait à lui
parler.
    Billy jeta un coup d’œil à la
pendule. Il n’était venu ici que pour dire au revoir à sa mère. Il comptait
passer son congé à Londres, avec sa sœur Ethel et sa séduisante locataire. Le
joli minois de Mildred, ses lèvres rouges et ses dents de lapin s’étaient
gravés dans son esprit depuis la seconde où elle l’avait accueilli par ces mots
époustouflants : « Oh, foutre ! C’est toi, Billy ?» Son
barda était posé par terre près de la porte, son Shakespeare à l’intérieur.
Tommy l’attendait à la gare. Il répondit : « J’ai un train à prendre.
    — Les trains, ce n’est pas
ce qui manque, répliqua Da. Assieds-toi, Billy… S’il te plaît. »
    Il était gêné de voir son père
dans cet état. Da pouvait être moralisateur, arrogant et dur, mais au moins il
était fort. Billy n’avait pas envie de le voir affaibli.
    De son fauteuil habituel, Gramper
n’avait rien perdu de la conversation. « Allez, Billy, sois bon garçon,
intervint-il d’un ton persuasif. Donne une chance à ton Da, n’est-ce pas ?
    — C’est bon. » Billy s’assit
à la table.
    Sa mère ressortit de l’office.
    Il y eut un moment de silence.
Billy se dit qu’il ne remettrait peut-être jamais plus les pieds dans cette
maison. Arrivant du camp militaire, il remarquait pour la première fois de sa
vie l’exiguïté de leur logis, l’obscurité des pièces, l’atmosphère chargée de
poussière de charbon et de relents de cuisine. Et surtout, après les
plaisanteries faciles et la liberté de parole qu’il avait connues à la caserne,
il prenait conscience d’avoir reçu sous ce toit une éducation figée dans le
respect des principes de la Bible, qui ne laissait s’exprimer rien de naturel
et d’humain. Pourtant l’idée de partir l’attristait. Ce n’était pas seulement
un lieu qu’il quittait, c’était toute une vie. Ici, tout avait été si simple !
Il avait cru en Dieu, obéi à son père et fait confiance à ses camarades de
travail, au fond de la mine. Les propriétaires des mines étaient de mauvaises
gens, le syndicat protégeait les ouvriers et le socialisme leur offrait un
avenir meilleur. Mais voilà, la vie était plus compliquée que cela. Peut-être
reviendrait-il un jour à Wellington Row, mais plus jamais il ne serait le
garçon qui avait vécu ici.
    Da joignit les mains et ferma les
paupières pour prier : « Ô Seigneur, donne à ton serviteur la force d’être
humble et doux comme Jésus. » Puis il ouvrit les yeux : « Pourquoi
as-tu fait ça, Billy ? Pourquoi t’es-tu engagé ?
    — Parce qu’on est en guerre.
Que ça te plaise ou non, il faut se battre.
    — Mais ne vois-tu pas… »
Da s’interrompit et leva les mains dans un geste d’apaisement. « Je vais
recommencer. Tu ne crois pas ce que tu lis dans les journaux, quand même ?
À propos de ces affreux Allemands qui violent les bonnes sœurs ?
    — Non. Les journaux ont
toujours menti à propos des mineurs, je ne vois pas pourquoi ils diraient la
vérité sur les Allemands.
    — C’est une guerre de
capitalistes qui ne concerne pas les ouvriers. Voilà ce que je pense, mais tu n’es
peut-être pas d’accord. »
    Billy était

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