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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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la mer, cela faisait près de
deux ans qu’aucune denrée n’était entrée dans le pays par cette voie, alors que
l’Angleterre était toujours ravitaillée par l’Amérique. De temps à autre, les
sous-marins allemands torpillaient bien des paquebots transatlantiques, mais le
haut commandement allemand se refusait encore à mener une guerre navale à
outrance, de crainte d’entraîner les Américains dans le conflit. Maud ne devait
donc pas souffrir de la faim autant que lui. Et encore, en tant que soldat,
Walter bénéficiait de meilleures conditions que les civils. Dans plusieurs
villes, la disette avait déjà provoqué des grèves et des manifestations.
    Il ne lui avait pas écrit, elle
non plus. Les échanges postaux étaient interrompus entre leurs deux pays. Le
seul moyen éventuel de communication aurait été que l’un d’eux se rende dans un
pays neutre, aux États-Unis ou en Suède peut-être, et y poste une lettre. Il n’en
avait pas encore eu l’occasion. Pas plus qu’elle, probablement.
    Cette absence de nouvelles était
une torture. Elle pouvait très bien être malade, à l’hôpital, sans qu’il le sache.
Son plus cher désir était de voir la guerre se terminer au plus vite pour
pouvoir enfin la retrouver. Il souhaitait la victoire de l’Allemagne de tout
son cœur, naturellement, mais à certains moments, il aurait accueilli la
défaite avec indifférence, pourvu que Maud soit en bonne santé. L’idée qu’il
puisse se rendre à Londres, la guerre finie, et découvrir qu’elle était morte
était son cauchemar.
    Il chassa de son esprit cette
pensée terrifiante et fixa ses jumelles sur un point plus proche de lui :
les barbelés qui protégeaient le côté allemand du no man’s land. Les fils,
solidement arrimés au sol à l’aide de piquets métalliques qui les rendaient
très difficiles à déplacer, couraient sur deux rangées de quatre mètres
cinquante de large chacune, formant une redoutable et fort rassurante barrière.
    Il sauta au bas du parapet qui
longeait la tranchée et descendit une longue volée de marches de bois qui
conduisaient à un abri souterrain. L’inconvénient de cette position surélevée
était que l’artillerie ennemie avait vue sur les tranchées. Aussi les abris de
ce secteur avaient-ils été creusés à une très grande profondeur dans le sol
calcaire, suffisante pour être protégés de tous les dangers, à l’exception de
la frappe directe d’un gros obus. Celui dans lequel il se trouvait était assez
vaste pour accueillir la totalité des hommes déployés dans cette tranchée
pendant la durée d’un bombardement. Nombre de ces abris étaient reliés les uns
aux autres par des boyaux souterrains, offrant ainsi une issue de secours au
cas où un tir ennemi aurait rendu une entrée impraticable.
    Walter s’assit sur un banc en
bois et sortit son carnet. Il prit quelques minutes pour consigner ses
observations en abrégé. Son rapport confirmerait les renseignements obtenus par
d’autres sources. Les agents secrets avaient déjà transmis des informations sur
cette grande offensive, ce big push, pour reprendre le terme utilisé par
les Anglais.
    Il rejoignit les lignes arrière
en suivant le dédale des tranchées. Les Allemands les avaient creusées sur
trois lignes, à deux ou trois kilomètres d’écart, de manière à disposer d’un
second réseau s’ils étaient délogés de la ligne de front et à pouvoir se
replier sur un troisième dans l’éventualité où la seconde ne suffirait pas.
Quoi qu’il advienne, se dit-il avec une grande satisfaction, les Anglais ne l’emporteraient
pas facilement.
    Ayant récupéré son cheval, Walter
repartit pour le quartier général de la 2 e armée. Il y arriva à l’heure
du déjeuner et eut la surprise de tomber sur son père au mess des officiers.
Otto, qui occupait un poste de haut rang à l’état-major général, courait d’un
champ de bataille à l’autre, tout comme en temps de paix il avait sillonné l’Europe
pour se rendre d’une capitale à une autre.
    Otto paraissait vieilli ; il
avait maigri aussi, comme tous les Allemands. Sa frange de moine était coupée
si court qu’on aurait pu le croire chauve. Mais il était joyeux et plein d’entrain.
La guerre lui convenait. Il en aimait l’excitation, la hâte, les décisions
rapides et le constant sentiment d’urgence.
    Il n’évoquait jamais Maud.
    « Qu’est-ce que tu as vu ?
demanda-t-il.
    — Une offensive

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