Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
caporal. »
    Fitzherbert ne l’avait pas
reconnu. Billy n’avait été qu’un ouvrier parmi les centaines qui travaillaient
dans ses mines. Fitzherbert ne savait pas qu’il était le frère d’Ethel. Tout de
même, cette façon de régler la question d’un revers de la main irrita Billy !
« C’est contraire à la loi, insista-t-il avec d’autant plus d’obstination
qu’en d’autres circonstances le Comte aurait été le premier à pontifier en
exigeant le respect des règles.
    — C’est à moi d’en juger,
lâcha Fitz avec aigreur. C’est pourquoi je suis officier. »
    Billy sentit son sang bouillir.
Fitzherbert et Carlton-Smith, dans leurs uniformes sur mesure, le foudroyaient
du regard, dans sa tenue en toile rugueuse. Ces hommes-là se croyaient tout
permis. « La loi est la loi, dit-il encore.
    — Je vois que vous n’avez
pas votre badine ce matin, commandant Fitzherbert, intervint calmement
Prophète. Dois-je renvoyer Bevin la chercher au QG ? »
    C’était un compromis qui
permettrait à tout le monde de sauver la face. Bravo, Prophète ! pensa
Billy.
    Mais Fitzherbert refusa d’être
dupe. « Ne soyez pas ridicule ! »
    Soudain, Bevin partit comme une
flèche. Il se glissa à travers la masse d’hommes debout derrière lui et
disparut en un instant. C’était tellement inattendu que quelques soldats s’esclaffèrent.
    « Il n’ira pas loin, dit
Fitzherbert. Et vous ririez moins si vous saviez ce qui l’attend.
    — C’est un enfant ! »
s’écria Billy.
    Fitzherbert le dévisagea. « Votre
nom ?
    — Williams, mon commandant. »
    Fitzherbert sursauta mais se
reprit immédiatement. « Des Williams, il y en a des centaines. Votre
prénom ?
    — William, mon commandant.
On m’appelle Billy Deux-fois. »
    Fitzherbert le regarda durement.
    Il sait, pensa Billy. Il sait qu’Ethel
a un frère qui s’appelle Billy Williams. Il lui rendit son regard sans ciller.
    « Un mot de plus, soldat
William Williams, et vous êtes aux arrêts. »
    Il y eut un sifflement au-dessus
de leurs têtes. Billy se recroquevilla. Une explosion assourdissante se
produisit derrière lui. Un véritable ouragan souffla tout ce qui se trouvait
alentour, faisant voler planches et mottes de terre. Des hurlements s’élevèrent.
Brusquement, il fut à plat ventre sur le sol, sans savoir s’il s’y était plaqué
de lui-même ou s’il y avait été projeté. Quelque chose de lourd lui heurta le
crâne et il poussa un juron. Puis une botte atterrit près de son visage, une
botte avec une jambe à l’intérieur et rien d’autre. « Nom de Dieu ! »
s’écria- t-il.
    Il bondit sur ses pieds. Il était
indemne. Il chercha des yeux les membres de son escouade : Tommy, George
Barrow, Mortimer… ils étaient tous debout. Tout le monde fonça en avant comme
si la ligne de front pouvait leur offrir le salut.
    Le major Fitzherbert cria : « Gardez
vos positions, soldats ! »
    Et Prophète Jones renchérit :
« Restez comme vous étiez, restez comme vous étiez ! »
    La course en avant s’arrêta.
Billy se mit à frotter son uniforme pour en retirer la boue qui le maculait. Un
autre obus atterrit derrière eux. Plus loin, semblait-il, mais cela ne faisait
guère de différence. Il y eut la même déflagration, le même ouragan et la même
pluie de débris et de fragments de corps humains. Sur l’avant et sur les côtés,
des soldats commencèrent à se hisser hors de la tranchée de rassemblement.
Billy et son escouade en firent autant. Fitzherbert, Carlton-Smith et Roland
Morgan leur hurlèrent de rester à leur place, mais personne n’écoutait.
    Ils couraient droit devant,
cherchant à mettre le plus de distance possible entre eux et l’endroit où les
obus tombaient. Arrivés devant les barbelés britanniques, ils ralentirent puis
s’arrêtèrent juste au bord du no man’s land, comprenant subitement qu’un danger
aussi grand que celui qu’ils fuyaient les attendait au-delà.
    Faisant contre mauvaise fortune
bon cœur, les officiers les rejoignirent. « En ligne !» cria
Fitzherbert.
    Billy regarda Prophète. Le
sergent hésitait, puis il se résigna. « En ligne, ordonna-t-il. En ligne !
    — Tu as vu ça ? souffla
Tommy à Billy.
    — Quoi ?
    — De l’autre côté des
barbelés ! »
    Billy tourna la tête.
    « Les corps », dit
Tommy.
    Billy comprit ce qu’il voulait
dire. Le sol était jonché de cadavres en uniforme kaki, les uns

Weitere Kostenlose Bücher