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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Pousser Da dans ses retranchements n’était pas la chose
à faire, elle aurait dû s’en souvenir.
    Il avait pris son ait buté.
Tournant les yeux vers son épouse, il lâcha : « Je n’ai pas de
petit-fils.
    — Allons, voyons ! »
répondit Mam d’une voix suppliante.
    Da demeurait inflexible.
Immobile, il fixait Mam sans dire un mot, comme s’il attendait quelque chose.
Ethel comprit qu’il ne bougerait pas tant qu’elle n’aurait pas quitté les
lieux. Elle fondit en larmes.
    « Bon sang ! »
laissa échapper Gramper.
    Ethel prit Lloyd dans ses bras. « Je
suis désolée, Mam, dit-elle d’une voix entrecoupée de pleurs. J’avais cru que
peut-être… » Elle se tut, la voix étranglée par les sanglots. Serrant son
enfant contre elle, elle se dirigea vers la porte en passant devant son père.
Il évita son regard.
    Ethel sortit et claqua la porte.
    2.
    Le matin, une fois les hommes
partis pour la mine et les enfants pour l’école, les femmes avaient pour
habitude de s’attaquer aux tâches extérieures. Elles lavaient le trottoir à
grande eau, récuraient les marches des perrons, nettoyaient les carreaux.
Certaines allaient aux provisions ou faire d’autres courses. Il fallait bien qu’elles
voient le monde qui s’étendait au-delà de leurs maisonnettes, songea Ethel,
quelque chose qui leur rappelle que la vie ne s’arrêtait pas à leurs quatre
murs mal bâtis.
    Ethel se chauffait au soleil, appuyée
au mur de la maison de Mrs Griffiths. D’un bout à l’autre de la rue, les
femmes s’étaient trouvé une excuse pour sortir. Lloyd jouait avec une balle. Il
avait vu d’autres enfants lancer des ballons et il essayait d’en faire autant,
sans grand succès. Comme lancer est compliqué ! se dit Ethel en le
regardant. Il fallait se servir à la fois de son épaule, de son bras, de son
poignet et de sa main. Les doigts devaient lâcher prise juste avant que le bras
ne se soit tendu au maximum, et Lloyd n’avait pas encore maîtrisé ce mouvement.
Ou bien il lâchait la balle trop tôt, la laissant parfois tomber derrière son
épaule, ou bien il la lâchait trop tard et elle n’avait pas d’élan. Il
persévérait tout de même. Il finira bien par y arriver, se dit Ethel, et n’oubliera
plus jamais ce geste. Tant qu’on n’a pas d’enfant, on mesure mal tout ce qu’ils
ont à apprendre.
    Elle ne comprenait pas que son
père puisse rejeter ce petit garçon. Lloyd n’avait rien fait de mal. C’était elle,
la pécheresse, et elle était loin d’être la seule. Dieu pardonnait aux
pécheurs. Qui était Da pour s’ériger en juge ? Sa réaction la mettait en
colère et l’attristait en même temps.
    Geraint Jones le préposé de la
poste montait la rue sur son cheval, qu’il attacha près des toilettes
publiques. Il était chargé de porter colis et télégrammes, mais aujourd’hui il
n’avait manifestement pas de paquet. Ethel frissonna soudain, comme si un nuage
avait masqué le soleil. Les habitants de Wellington Row ne recevaient pas
souvent de télégrammes, et ils apportaient généralement de mauvaises nouvelles.
    Geraint redescendait la colline,
et s’éloignait d’elle. Ethel fut soulagée : les nouvelles ne concernaient
pas sa famille.
    Ses pensées dérivèrent vers une
lettre qu’elle avait reçue de Lady Maud. Avec d’autres femmes, Ethel et
Maud avaient lancé une campagne pour que la question du suffrage féminin fasse
partie de tous les débats sur la réforme du droit de vote des soldats. Leur
mouvement avait fait tant de bruit que le Premier ministre Asquith ne pourrait
certainement pas faire l’impasse sur cette question.
    Dans cette lettre, Maud annonçait
qu’Asquith avait éludé le problème en confiant tout le dossier à une commission
spéciale de la Chambre des communes, la Speaker’s Conférence. Ce n’était pas
une mauvaise chose, affirmait-elle, car le débat se tiendrait en privé et dans
le calme, sans discours mélodramatiques à la Chambre, ce qui permettrait
peut-être au bon sens de prévaloir. Néanmoins, elle mettait tout en œuvre pour
tenter de savoir qui Asquith avait nommé dans cette commission.
    À quelques portes de là, plus
haut dans la rue, Gramper sortit de chez lui, s’assit sur l’appui de la fenêtre
et alluma sa première pipe de la journée. Apercevant Ethel, il lui sourit et
lui fit un petit signe de la main.
    Sur le trottoir d’en face, Minnie
Ponti, la mère de Joey et de Johnny, entreprit de

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