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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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visage était baigné de larmes. « Lequel
des deux ? demanda-t-elle d’une voix brisée. Joey ou Johnny ?
    — Je sais pas, madame Ponti,
répondit Geraint. Il faut lire ce qui est écrit. »
    Elle ouvrit le télégramme. « Je
n’arrive pas à voir !» dit-elle entre deux sanglots. Elle se frotta les
yeux pour chasser les larmes qui lui brouillaient la vue et regarda encore. « Giuseppe !
Mon Joey est mort. Ah, mon pauvre petit garçon ! »
    La maison de Mrs Ponti était
presque la dernière de la rue. Ethel attendit, le cœur battant, se demandant si
Geraint monterait jusqu’à celle de ses parents. Billy était-il vivant ou mort ?
    L’employé de la Poste fit
demi-tour, abandonnant Mrs Ponti en larmes. De l’autre côté, il aperçut
Da, Mam et Gramper qui le fixaient avec angoisse. Il fouilla dans sa sacoche et
releva la tête : « C’est tout pour Wellington Row »,
annonça-t-il.
    Ethel faillit s’évanouir. Billy
était vivant.
    Elle regarda ses parents :
Mam pleurait, Gramper essayait d’allumer sa pipe sans y parvenir, tant ses
mains tremblaient.
    Da avait les yeux rivés sur elle.
Son expression était indéchiffrable. Il était en proie à une vive émotion, mais
Ethel n’aurait su la définir.
    Il fit un pas vers elle.
    Ce n’était pas grand-chose, mais
cela lui suffit. Lloyd dans les bras, elle courut vers lui.
    Il les étreignit tous les deux. « Billy
est vivant, et toi aussi.
    — Oh, Da ! dit-elle. Je
suis tellement désolée de t’avoir déçu.
    — Ça ne fait rien. Ça ne fait
plus rien maintenant ! » Il lui tapota le dos, comme quand elle était
petite et qu’elle s’était égratigné les genoux. « Là, là, dit-il. Ça va
aller, ça va aller. »
    3.
    Les offices interconfessionnels
étaient rares chez les chrétiens d’Aberowen, Ethel le savait. Pour les Gallois,
les différences doctrinales n’avaient rien d’insignifiant. Les uns refusaient
de célébrer Noël parce que la Bible ne précisait pas la date exacte de la
naissance du Christ, d’autres interdisaient à leurs adeptes de prendre part aux
élections sous prétexte que l’apôtre Paul avait écrit : « Car notre
cité, à nous, est dans les deux », et ni les uns ni les autres ne
voulaient célébrer leur culte à côté de gens qui ne partageaient pas leurs
opinions.
    Cependant, après ce mercredi des
Télégrammes, ces divergences semblèrent provisoirement bien futiles.
    Le pasteur anglican d’Aberowen,
le révérend Thomas Ellis-Thomas, proposa de célébrer en commun une messe du
souvenir. Le premier jour, une fois tous les télégrammes distribués, le
décompte des morts s’élevait à deux cent onze. La bataille de la Somme se poursuivant,
chaque jour apportait un ou deux avis de décès de plus. Pas une rue n’avait été
épargnée et, dans les quartiers des mineurs où les maisons étaient accolées, on
pleurait un fils ou un mari toutes les cinq ou six portes.
    Méthodistes, baptistes et
catholiques avaient accepté la proposition du pasteur anglican. Les cultes plus
modestes, baptistes réformés, Témoins de Jéhovah, adventistes ou le temple
Bethesda, auraient certainement préféré ne pas y participer. Ethel avait bien
vu que c’était un cas de conscience pour son père. Mais personne ne voulait
manquer ce qui promettait d’être la plus grande cérémonie religieuse de l’histoire
de la ville, et, finalement, tout le monde y participa. Il n’y avait pas de
synagogue à Aberowen, mais comme le jeune Jonathan Goldman figurait au nombre
des victimes, les rares Juifs pratiquants décidèrent d’assister eux aussi à
cette commémoration quand bien même leur religion n’y serait pas représentée.
    L’office eut lieu un dimanche, à
deux heures et demie de l’après-midi, dans le parc municipal que tout le monde
appelait le Rec, abréviation de « terrain de récréation ». Pour l’occasion,
le conseil municipal avait fait dresser une estrade sur laquelle se tiendrait
le clergé. C’était une belle journée ensoleillée et trois mille personnes se
rassemblèrent.
    Ethel passa la foule en revue.
Perceval Jones était là, en chapeau haut-de-forme. Il n’était plus seulement
maire de la ville, mais également membre du Parlement ; en sa qualité de
commandant honoraire des copains d’Aberowen, il avait pris la tête de la
campagne de recrutement. Il était accompagné de plusieurs directeurs de Celtic
Minerais. Comme s’ils étaient pour quelque

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