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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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recevait fréquemment des
lettres de Billy. C’étaient sûrement des lettres d’amour ; quelle autre
raison un jeune homme aurait-il d’écrire à la locataire de sa sœur ?
Apparemment, Mildred n’était pas insensible aux sentiments de Billy : le
petit ton détaché qu’elle prenait pour lui demander régulièrement des nouvelles
de son frère cachait mal son inquiétude.
    Ethel appréciait beaucoup
Mildred, mais se demandait si, à dix-huit ans, Billy était prêt à prendre en
charge une femme de vingt-trois ans, mère de deux enfants. Il est vrai que
Billy avait toujours été extraordinairement mûr et responsable pour son âge. Et
avant que la guerre soit finie, il risquait d’avoir quelques années de plus.
Après tout, la seule chose qui comptait était qu’il rentre vivant. Le reste
n’avait pas grande importance.
    « Son nom ne figure pas sur
la liste des victimes d’aujourd’hui, grâce à Dieu, dit-elle.
    — Je me demande quand il
aura une permission.
    — Ça ne fait que cinq mois
qu’il est parti. »
    Mildred posa sa théière. « Ethel,
je voudrais te parler de quelque chose.
    — Je t’écoute.
    — J’envisage de me mettre à
mon compte. Comme couturière, je veux dire. »
    Ethel s’étonna. Mildred était
passée première d’atelier chez Mannie Litov et son salaire avait été augmenté.
    Mildred poursuivit : « J’ai
une amie qui peut me trouver des travaux de modiste, des voilettes à poser, des
chapeaux à garnir de rubans, de plumes ou de perles. Il faut être habile, et ça
paye bien mieux que de coudre des uniformes.
    — C’est formidable !
    — Le seul problème, c’est
que je devrai travailler à la maison. Au début du moins. Plus tard, j’aimerais
bien engager quelques filles et louer un petit atelier.
    — On peut dire que tu vois
loin !
    — Il faut bien, non ?
Quand la guerre sera finie, les gens en auront par-dessus la tête des
uniformes.
    — C’est vrai.
    — Ça t’ennuierait que je me
serve de l’étage comme atelier pendant un moment ?
    — Bien sûr que non. Bonne
chance !
    — Merci. »
Impulsivement, elle embrassa Ethel sur la joue, prit sa théière et repartit.
    Lloyd bâilla et se frotta les
yeux. Ethel le porta jusqu’à sa chambre où elle resta quelques instants à le
regarder tendrement pendant qu’il s’endormait. Comme toujours, la vulnérabilité
du petit garçon lui serra le cœur. Quand tu seras grand, le monde sera
meilleur, petit Lloyd, lui promit-elle silencieusement. Nous y veillerons.
    De retour à la cuisine, elle
essaya d’arracher Bernie à sa morosité. « Il devrait y avoir plus de
livres pour enfants », dit-elle.
    Il hocha la tête. « Oui, ce
serait bien qu’il y ait dans toutes les bibliothèques une petite section de
livres pour enfants, approuva-t-il sans lever la tête de son journal.
    — Peut-être que si vous le
faisiez, vous, les bibliothécaires, ça inciterait les éditeurs à en publier
davantage.
    — C’est ce que
j’espère. »
    Ethel ajouta du charbon dans le
poêle et remplit deux tasses de cacao. Il était rare que Bernie soit aussi
maussade. En général, elle aimait ces soirées, pleines d’intimité. Ils étaient
deux étrangers à Londres, une Galloise et un Juif. Il ne manquait pourtant pas
de Gallois ni de Juifs dans la capitale. Mais, pour une raison ou pour une
autre, c’était avec Bernie qu’elle s’était liée d’amitié au fil des deux
dernières années ; il lui était devenu aussi proche que Mildred et Maud.
    Elle se doutait un peu de ce qui
le préoccupait. La veille, à la réunion du parti travailliste local, un orateur
de la Fabian Society, un jeune homme brillant, avait tenu un discours sur le
socialisme après la guerre. Ethel avait discuté avec lui et, de toute évidence,
ne l’avait pas laissé indifférent. Après la réunion, il avait joué les
séducteurs, alors que tout le monde le savait marié. Ethel avait été flattée
par ces marques d’attention, sans les prendre le moins du monde au sérieux.
Peut-être Bernie était-il jaloux.
    Elle décida de le laisser
tranquille si c’était ce qu’il voulait. Elle s’assit à la table de la cuisine
et ouvrit une grande enveloppe remplie de lettres en provenance du front. Les
lectrices transmettaient à La Femme du soldat les messages qu’elles
recevaient de leurs maris et touchaient un shilling par lettre publiée. Ces
extraits de correspondance donnaient de la vie au front une image

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