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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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s’exécuta.
    Quelqu’un lança : « Interdiction
aux officiers de se montrer grossiers envers un militaire de quelque rang que
ce soit.
    — Bien, approuva Sokolov.
    — Ils ne doivent pas non
plus nous tutoyer comme des animaux ou des enfants. »
    Des clauses bien futiles, pensa
Grigori et, tout haut, il remarqua : « Ce document doit porter un
titre !
    — Que proposez-vous ?
demanda Sokolov.
    — Quels titres avez-vous
donnés aux précédents décrets du soviet ?
    — Il n’y en a pas eu. C’est
le premier.
    — Eh bien, on l’appellera
comme ça : décret numéro un. »
    5.
    Grigori était profondément
satisfait d’avoir fait voter son premier texte de loi de député élu. Il y en
eut plusieurs autres au cours des deux jours qui suivirent et il s’absorba
corps et âme, minute par minute, dans le travail du gouvernement
révolutionnaire. Mais il pensait tout le temps à Katerina et à Vladimir et
réussit enfin, le jeudi soir, à s’échapper pour aller les retrouver.
    Empli d’un sombre pressentiment,
il prit la direction des faubourgs du sud-ouest. Katerina avait promis d’éviter
les troubles, pourtant les femmes de Petrograd considéraient cette révolution
comme la leur autant que celle des hommes. N’avait-elle pas débuté en cette
journée internationale de la Femme ? Leur intérêt n’avait rien de nouveau.
La mère de Grigori était morte le jour de la révolution avortée de 1905. Comme
bien d’autres mères, Katerina avait pu décider de se rendre au centre-ville,
Vladimir dans les bras, pour voir ce qui se passait. Tant d’innocents avaient
trouvé la mort – tués par la police, piétinés par la foule, écrasés par
les soldats ivres au volant de voitures réquisitionnées, fauchés par une balle
perdue. Au moment d’entrer dans son vieil immeuble, Grigori en était à craindre
qu’un locataire, le visage grave et les larmes aux yeux, ne l’accueille par ces
mots : Il s’est passé quelque chose d’affreux.
    Il gravit l’escalier, frappa à la
porte de son ancienne chambre et entra. Katerina bondit de sa chaise et se jeta
dans ses bras. « Tu es vivant !» Elle l’embrassa passionnément. « J’étais
morte d’inquiétude ! Que ferions-nous sans toi ?
    — Excuse-moi, je n’ai pas pu
venir plus tôt. J’ai été élu délégué au soviet.
    — Mon mari, délégué ! »
Katerina rayonnait de fierté. Elle l’étreignit.
    Elle était vraiment impressionnée,
et Grigori, en le constatant, se dit que c’était bien la première fois !
Il répondit modestement : « Un délégué, ce n’est jamais qu’un
représentant de ceux qui l’ont élu.
    — Oui, mais on choisit
toujours le plus intelligent, celui sur qui on sait qu’on peut compter.
    — On essaye en tout cas. »
    La chambre était faiblement
éclairée par une lampe à huile. Grigori déposa un paquet sur la table. Son
nouveau statut lui permettait d’obtenir plus facilement de la nourriture à la
cantine de la caserne. « Il y a des allumettes et même une couverture,
dit-il.
    — Merci !
    — J’espère que tu es restée
à la maison le plus possible. Les rues demeurent dangereuses. Nous sommes un
certain nombre à faire la révolution, mais d’autres sont comme fous.
    — Je n’ai pour ainsi dire pas
mis le nez dehors. J’attendais de tes nouvelles.
    — Comment va notre petit
garçon ? » Vladimir dormait dans son coin.
    « Son papa lui manque. »
    Elle voulait parler de Grigori.
Celui-ci ne tenait pas du tout à ce que Vladimir l’appelle papa, mais il avait accepté
ce caprice de Katerina. Ils ne reverraient sans doute plus jamais Lev, dont ils
étaient sans nouvelles depuis presque trois ans – le petit ne saurait donc
probablement jamais la vérité, et c’était peut-être aussi bien.
    « Quel dommage qu’il dorme !
Il aurait été si heureux de te voir, ajouta Katerina.
    — Je le verrai demain matin.
    — Tu peux rester toute la
nuit ? Quel bonheur ! »
    Grigori s’assit. Katerina s’agenouilla
devant lui et lui retira ses bottes. « Tu as l’air fatigué,
observa-t-elle.
    — Je le suis.
    — Couchons-nous, il est
tard. »
    Elle entreprit de lui retirer sa
tunique. Il la laissa faire puis se laissa aller contre le dossier de sa
chaise. «Le général Khabalov se terre à l’Amirauté, dit-il. On avait peur qu’il
reprenne les gares, mais il n’a même pas essayé.
    — Pourquoi ?»
    Grigori haussa les épaules.

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