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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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faire
une offre de paix. Ce n’est pas votre faute si les Anglais et les Français les
ont envoyés aux pelotes. On ne peut pas forcer les gens, vous savez. »
    Il n’empêchait que Gus n’avait
pas réussi à rapprocher les deux camps, même pour des discussions
préliminaires.
    Il n’en était que plus désireux
de mener à bien la nouvelle tâche que Wilson lui confiait. « Les Buffalo
Métal Works sont paralysés par une grève, annonça le président. Nous avons des
avions, des bateaux et des véhicules dont la production est arrêtée parce qu’il
nous manque les hélices et les ventilateurs qu’ils fabriquent. Vous êtes de
Buffalo. Allez-y et remettez-les au travail. »
    Dès le premier soir de son retour
dans sa ville natale, Gus dîna chez Chuck Dixon, son ancien rival auprès d’Olga
Vialov. Chuck et son épouse, Doris, possédaient une demeure victorienne sur
Elmwood Avenue, une rue parallèle à Delaware Avenue. Chuck prenait tous les
matins le train de ceinture pour aller travailler à la banque de son père.
    Doris était une jolie fille, qui
ressemblait un peu à Olga. En regardant les jeunes mariés, Gus se demanda si
cette vie casanière lui plairait. Fut un temps où il aurait rêvé de se
réveiller tous les matins aux côtés d’Olga, mais cela remontait à deux ans
déjà. Le charme s’était évanoui, et il se disait qu’il préférait sans doute sa
garçonnière sur la 16 e  Rue, à Washington.
    Quand ils s’assirent devant leurs
steaks-purée, Doris demanda : « Et la promesse du président Wilson de
nous préserver de la guerre ?
    — Il faut lui rendre
justice, répondit Gus d’un ton apaisant. Depuis trois ans, il n’a cessé de
faire campagne pour la paix. Mais on ne l’écoute pas.
    — Ce n’est pas une raison
pour nous lancer dans la bataille. »
    Chuck observa d’un ton agacé :
« Chérie, les Allemands coulent les bateaux américains !
    — Il n’y a qu’à dire aux
bateaux américains d’éviter les zones de combat !» Doris avait l’air fâché
et Gus devina qu’ils en avaient déjà parlé. Sa colère était sûrement attisée
par la crainte de voir son mari appelé sous les drapeaux.
    Pour Gus, ces questions étaient
trop complexes pour se réduire à des déclarations passionnées sur ce qu’il
fallait faire ou ne pas faire. Il répondit d’une voix douce : «Oui, c’est
une possibilité. Le président l’a d’ailleurs envisagée. Mais cela reviendrait à
accepter que le pouvoir allemand nous dise où nos bateaux ont le droit d’aller. »
    Chuck protesta avec véhémence :
« On ne va tout de même pas se laisser enquiquiner par les Allemands ni
par qui que ce soit ! »
    Doris n’en démordait pas : « Si
ça sauve des vies, pourquoi pas ?
    — La plupart des Américains
sont de l’avis de Chuck, observa Gus.
    — Cela ne veut pas dire qu’ils
ont raison !
    — Wilson pense qu’un
président doit composer avec l’opinion publique comme un voilier qui louvoie
dans le vent : s’en servir, mais ne jamais s’y opposer directement.
    — D’accord, mais pourquoi la
conscription ? On traite les Américains comme des esclaves. »
    Chuck intervint à nouveau : « Tu
ne trouves pas juste que nous nous battions tous pour notre pays ?
    — Nous avons une armée de
métier. Ces hommes se sont engagés volontairement, au moins.
    — Nous avons une armée de
cent trente mille hommes, rappela Gus. Ce n’est pas grand-chose. Il nous en
faudra au moins un million.
    — Encore plus d’hommes à
envoyer à la mort », regretta Doris.
    Chuck reprit : « Je
peux te dire qu’à la banque, nous sommes drôlement soulagés. Nous avons prêté
des sommes considérables aux sociétés américaines qui fournissent les Alliés.
Si les Allemands gagnent la guerre et que les Britanniques et les Français ne
peuvent pas rembourser, nous serons dans le pétrin. »
    Doris resta songeuse. « Je
ne savais pas. »
    Chuck lui tapota la main. « Ne
t’en fais pas, ma chérie, ça n’arrivera pas. Les Alliés l’emporteront, surtout
si les États-Unis leur donnent un coup de main.
    — Nous avons une autre
raison d’entrer en guerre, ajouta Gus. Quand tout sera fini, les États-Unis
auront un rôle à jouer dans les arbitrages d’après-guerre. Cela peut paraître
accessoire, mais Wilson rêve de créer une Société des nations pour régler les
futurs conflits sans nous entre-tuer. » Il se tourna vers Doris. « C’est
un

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