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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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salaire
moindre pour un travail qui évite la conscription, marmonna-t-il.
    — Peut-être faudrait-il
demander : dans quel camp sont-ils ?
    — Ça ferait un bon titre. »
    Lev était à la fois étonné et
content. Cela s’était bien passé.
    Hoyle leva les yeux de son
carnet. « Je suppose que Mr V. est au courant de cet entretien ? »
    Lev ne s’attendait pas à cette
question. Il sourit pour dissimuler son embarras. S’il répondait négativement,
Hoyle renoncerait à l’instant. Il mentit : « Oui, bien sûr. En fait,
c’est lui qui en a eu l’idée. »
    4.
    Vialov demanda à Gus de le retrouver
au yacht-club. Brian Hall proposait une table ronde au siège du syndicat de
Buffalo. Chacun voulait que la réunion ait lieu sur son terrain pour être plus
à l’aise et occuper une position de force. Gus réserva donc une salle de
conférences à l’hôtel Statler.
    Lev Pechkov avait traité les
grévistes de « planqués » etl ’Advertiser avait publié
ses commentaires en première page, sous le titre : « Dans quel camp
sont-ils ?» Gus avait été consterné en voyant cet article : ce ton
agressif ne pouvait qu’envenimer le conflit. L’initiative de Lev s’était
retournée contre lui. Les journaux du matin faisaient état d’une tempête de
protestations de la part des ouvriers d’autres industries liées à l’effort de
guerre, scandalisés que l’on puisse suggérer qu’ils devraient être moins payés
parce qu’ils étaient privilégiés, et furieux de se faire traiter de planqués.
La maladresse de Lev encourageait Gus, mais il savait que son véritable ennemi
était Vialov, ce qui n’avait rien de rassurant.
    Gus apporta tous les journaux au
Statler et les posa sur une petite table dans un angle de la salle de réunion.
Il plaça bien en vue une feuille de chou populaire qui titrait : « et toi, lev, tu t’engages ?»
    Gus avait demandé à Brian Hall d’arriver
un quart d’heure avant Vialov. Le responsable syndical se présenta à l’heure
dite, en costume chic et feutre gris. Gus admira l’intelligence de la tactique.
C’était toujours une erreur d’apparaître comme un inférieur, même pour un
représentant ouvrier. À sa manière, Hall était aussi imposant que Vialov.
    Hall remarqua les journaux et
arbora un grand sourire. « Le jeune Lev a fait une bourde, lança-t-il avec
satisfaction. Il s’est attiré un tombereau d’ennuis.
    — On ne manipule pas la
presse impunément. C’est un jeu dangereux », admit Gus avant d’aller droit
au but : « Vous réclamez un dollar d’augmentation.
    — Ça ne représente que dix cents de plus que ce que mes hommes touchaient avant le rachat de l’usine
par Vialov et…
    — Peu importe, l’interrompit
Gus avec un aplomb de façade. Si je vous obtiens cinquante cents, vous
accepterez ? »
    Hall eut l’air dubitatif. « Il
faudra que j’en parle aux hommes…
    — Non. Vous devez décider
tout de suite. » Il espérait que sa nervosité ne se voyait pas.
    Hall tenta de tergiverser.
    « Vialov vous a donné son
accord ?
    — Je m’occupe de Vialov.
Cinquante cents, à prendre ou à laisser. » Gus résista à l’envie de
s’éponger le front.
    Hall observa Gus longuement,
comme pour le jauger. Derrière l’expression agressive, Gus devinait un esprit
perspicace. Il finit par répondre : « Nous allons accepter… pour le
moment.
    — Merci. » Gus parvint
à retenir un soupir de soulagement. « Voulez-vous du café ?
    — Avec plaisir. »
    Gus se détourna, heureux de
pouvoir dissimuler son visage, et appuya sur la sonnette pour appeler un
serveur.
    Josef Vialov et Lev Pechkov
entrèrent à cet instant. Gus ne leur serra pas la main. Il leur dit sèchement :
« Asseyez-vous. »
    Le regard de Vialov se posa sur
les journaux et son visage se crispa de colère. Gus comprit que Lev devait déjà
subir les conséquences de ces gros titres.
    Il s’efforça de ne pas le
regarder. C’était le chauffeur qui avait séduit sa fiancée, néanmoins, ce
souvenir ne devait pas influencer son jugement. Tout de même, il aurait bien
aimé lui envoyer son poing dans la figure. Mais si la réunion se déroulait
comme prévu, le résultat serait encore beaucoup plus humiliant pour Lev – et
beaucoup plus satisfaisant pour lui.
    Un serveur apparut. Gus lui dit :
« Apportez du café pour mes invités, s’il vous plaît, et des sandwichs au
jambon. » Il s’abstint volontairement de leur

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