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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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pieds à la boîte
de nuit. Ils couchaient dans des lits séparés. Elle le traitait d’« homme
du peuple ». Un jour, il lui avait dit : « En effet, je suis un
homme du peuple. C’est pour ça que j’étais chauffeur. » Elle n’était
jamais contente.
    Alors il avait engagé Marga.
    Son vieux béguin était justement
sur scène, en train de répéter un nouveau numéro avec l’orchestre, tandis que
deux Noires coiffées de foulards essuyaient les tables et balayaient la salle.
Marga avait une robe moulante et un rouge à lèvres écarlate. Lev l’avait embauchée
comme danseuse sans savoir ce qu’elle valait. Elle s’était révélée plus que
douée – elle avait l’étoffe d’une vedette. Pour le moment, elle bramait à
tue-tête une chanson suggestive racontant l’histoire d’une femme qui attend son
homme toute la nuit.
     
    Même si elle est frustrante,
    L’attente
    Pimente
    Nos étreintes quand il vient.
     
    Lev comprenait parfaitement ce qu’elle
voulait dire.
    Il la regarda jusqu’à la fin.
Sortant de scène, elle lui posa un baiser sur la joue. Il attrapa deux
bouteilles de bière et la suivit dans sa loge. « Il est excellent, ton
numéro, dit-il en entrant.
    — Merci. »
    Elle porta la bouteille à sa
bouche et l’inclina en arrière. Lev regardait ses lèvres rouges sur le goulot.
Elle but une grande rasade. Elle surprit son regard et sourit.
    « Ça te rappelle des choses ?
    — Tu parles ! » Il
l’enlaça et couvrit son corps de caresses. Au bout de quelques instants, elle s’agenouilla,
déboutonna son pantalon et le prit dans sa bouche. Elle faisait ça drôlement
bien, mieux que personne. Elle aimait ça, ou alors c’était la meilleure actrice
du continent. Il ferma les yeux et poussa un soupir de plaisir.
    La porte s’ouvrit sur Josef
Vialov.
    « C’était donc vrai ! »
hurla-t-il, furieux.
    Deux de ses sbires, Ilia et Théo,
franchirent le seuil derrière lui.
    Lev était mort de peur. Il se
reboutonna précipitamment tout en bafouillant des excuses.
    Marga se releva vivement et s’essuya
la bouche. « Vous êtes dans ma loge ! protesta-t-elle.
    — Et toi, dans mon
night-club, répliqua-t-il. Plus pour longtemps, d’ailleurs. Tu es virée. »
Il se tourna vers Lev. « Quand on est le mari de ma fille, on ne baise pas
les employées. »
    Marga fit observer insolemment :
« Il ne me baisait pas, Vialov, au cas où vous n’auriez pas remarqué. »
    Vialov lui envoya son poing dans
la figure. Elle tomba en poussant un cri, la lèvre en sang. « Tu es virée,
répéta-t-il. Fous le camp. »
    Elle prit son sac et s’en alla.
    Vialov regarda Lev. « Petit
con ! Après tout ce que j’ai fait pour toi. »
    Lev murmura : « Je suis
désolé, Pa. » Son beau-père le terrorisait. Vialov était prêt à tout :
ceux qui avaient le malheur de lui déplaire pouvaient aussi bien être fouettés
que torturés, estropiés ou assassinés. Il était sans pitié et se moquait de la
loi. À sa manière, il était aussi puissant que le tsar.
    « Et ne me raconte pas que c’est
la première fois. Il y a des rumeurs qui circulent depuis que je t’ai mis à la
tête de la boîte. »
    Lev ne répondit pas. Les rumeurs
étaient vraies. Il avait eu d’autres filles, mais plus depuis l’arrivée de
Marga.
    « Je vais te mettre
ailleurs, dit Vialov.
    — Comment ça ?
    — Tu quittes la boîte. Il y
a trop de filles ici. »
    Lev fut accablé. Il aimait
sincèrement le Monte-Carlo.
    « Mais qu’est-ce que je vais
faire ?
    — J’ai une fonderie sur le
port. Il n’y a pas de femmes qui y travaillent. Le directeur est malade, il est
à l’hôpital. Tu vas t’en occuper pour moi.
    — Une fonderie ?
demanda Lev, abasourdi. Moi ?
    — Tu as bossé aux usines
Poutilov.
    — J’étais aux écuries !
    — Et dans une mine de charbon.
    — Pareil.
    — En tout cas, tu connais le
milieu.
    — Et je le déteste !
    — Est-ce que je t’ai demandé
ce que tu aimais ? Merde alors, je viens de te prendre sur le fait,
pantalon baissé. Tu peux t’estimer heureux de t’en tirer comme ça. »
    Lev resta silencieux.
    « Sors et monte dans la
voiture », ordonna Vialov.
    Lev quitta la loge et traversa le
night-club, Vialov sur les talons. Il n’arrivait pas à croire qu’il partait
pour de bon. Le barman et la fille du vestiaire les regardèrent passer, l’air
ahuri. Ils sentaient qu’il y avait du grabuge. Vialov dit au barman :

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