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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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« Allemands ! Voici venue l’heure de
la victoire ! »
    L’ovation reprit de plus belle et
cette fois, Walter y joignit sa voix.
    2.
    Le 21 mars, à une heure du matin,
la brigade occupa ses positions avancées en prévision de l’attaque. Walter et
ses officiers s’installèrent dans un abri, dans la tranchée de première ligne.
Ils discutaient pour mieux supporter la tension de l’attente.
    Gottfried von Kessel expliquait à
tous la stratégie de Ludendorff. « La poussée vers l’ouest va enfoncer un
coin entre les Anglais et les Français, pérorait-il avec toute l’assurance
imbécile dont il faisait preuve quand ils travaillaient ensemble à l’ambassade
d’Allemagne à Londres. Ensuite, nous poursuivrons vers le nord pour contourner
le flanc droit des Britanniques et les repousser vers la Manche.
    — Mais, non, rétorqua le
lieutenant von Braun, qui était plus âgé. Ce qu’il faut faire, une fois que
nous aurons enfoncé leur ligne, c’est continuer jusqu’à l’Atlantique. Vous
imaginez ça ? Une ligne allemande déployée sur toute la largeur de la
France, pour couper l’armée française de ses alliés !
    Kessel protesta : « Mais
dans ce cas, nous aurions des ennemis au nord et au sud ! »
    Un troisième homme, le capitaine
Kellerman, se joignit à la conversation. « Ludendorff prendra vers le sud,
pronostiqua-t-il. Nous devons nous emparer de Paris. C’est tout ce qui compte.
    — Paris n’est qu’un symbole ! »
lança Kessel avec mépris.
    Ce n’étaient que des hypothèses.
Personne n’en savait rien. Walter était trop nerveux pour écouter des paroles
en l’air. Il sortit de l’abri. Les hommes étaient assis au fond de la tranchée,
calmes et immobiles. Les heures qui précédaient les batailles étaient des temps
de réflexion et de prière. La veille au soir, ils avaient eu de la viande dans
leur bouillie d’orge, un luxe rare. Le moral était bon : ils pressentaient
tous que la fin de la guerre était proche.
    C’était une belle nuit étoilée.
Les cuisines roulantes distribuaient le petit déjeuner : du pain noir et
un café clair qui avait goût de navet. La pluie s’était éloignée et le vent
était tombé. Cela voulait dire qu’ils pourraient tirer les obus à gaz toxique.
Les deux camps en utilisaient, mais Walter avait entendu dire que les Allemands
disposaient à présent d’un nouveau mélange : du phosgène à effet létal,
additionné de gaz lacrymogène. Ce dernier n’était pas mortel, néanmoins il
traversait les masques à gaz ordinaires de l’armée britannique. En théorie, l’irritation
provoquée par le gaz devait inciter les soldats à enlever leur masque pour se
frotter les yeux ; ils inhaleraient alors le phosgène et en mourraient.
    Les gros canons étaient alignés
le long du no man’s land. Walter n’avait jamais vu un tel déploiement d’artillerie.
Les servants empilaient les munitions. Derrière eux, une deuxième rangée de
canons se tenait prête à avancer, les chevaux déjà attelés dans les brancards.
Ils assureraient la deuxième vague de feu roulant.
    À quatre heures et demie, un
grand calme se fit. Les popotes disparurent ; les servants des canons s’assirent
par terre pour attendre ; les officiers se levèrent dans les tranchées
pour inspecter les positions ennemies dans l’obscurité du no man’s land. Les
chevaux eux-mêmes ne bronchaient plus. C’est notre dernière chance de l’emporter,
se dit Walter. Il se demanda s’il devait prier.
    À quatre heures quarante, un
éclair blanc déchira le ciel, effaçant le scintillement des étoiles. Quelques
instants plus tard, le canon le plus proche de Walter cracha une flamme
accompagnée d’une détonation si violente qu’il chancela comme si on l’avait
poussé. Mais ce n’était rien. Aussitôt, l’artillerie entière se déchaîna dans
un vacarme plus assourdissant que celui d’un violent orage. Les jets de flammes
éclairaient les visages des servants qui manipulaient les lourds obus et la
poudre. Une fumée âcre se répandit dans l’air. Walter s’efforça de ne pas
respirer par la bouche. Le sol tremblait sous ses pieds.
    Il distingua bientôt des
explosions et des flammes du côté anglais, les obus allemands tombaient sur des
dépôts de munitions ou des réservoirs d’essence. Il avait déjà affronté un tir
d’artillerie. Il plaignait l’ennemi et espérait que Fitz n’était pas là-bas.
    Les canons chauffaient

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