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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Bien qu’un médecin de campagne n’y connaisse probablement
rien.
    — Je vais prévenir les
domestiques. Je suppose que vous ne descendrez pas dîner.
    — Comment voulez-vous que je
descende ? Je me sens trop mal !
    — C’était une simple
question. Maud vous remplacera. » Fitz regagna son cabinet de toilette. Au
prétexte qu’on était en guerre, certains hommes avaient abandonné la
queue-de-pie et le nœud papillon blanc pour le dîner et ne portaient plus que
le smoking et la cravate noire. Fitz ne voyait pas le rapport. Pourquoi la
guerre obligerait-elle les gens à renoncer au décorum ?
    Il s’habilla et descendit.
    2.
    Après le dîner, pendant qu’on
servait le café au salon, Winston déclara d’un ton provocateur : « Alors,
Lady Maud, les femmes ont enfin obtenu le droit de vote.
    — Quelques-unes seulement »,
répondit-elle.
    Fitz savait qu’elle était déçue
par le caractère restrictif de la loi. Fitz, pour sa part, était furieux que le
texte soit passé.
    Churchill poursuivit, l’œil
malicieux : « Vous pouvez remercier notamment Lord Curzon ici présent
qui, curieusement, s’est abstenu quand la loi a été soumise à la Chambre des
lords. »
    Lord Curzon était un homme
brillant dont l’attitude raide et supérieure était encore accentuée par le
corset de métal qui soutenait son dos. Il courait un refrain à son sujet :
    Je m’appelle George Nathaniel
Curzon
    Je suis un être supérieur,
dit-on.
    Ancien vice-roi des Indes, il
était maintenant président de la Chambre des lords et l’un des cinq membres du
cabinet de guerre. Il était également président de la Ligue contre le suffrage
des femmes. Aussi son abstention avait-elle surpris le monde politique et
consterné les opposants au vote des femmes, dont Fitz.
    « La loi avait été approuvée
par la Chambre des communes, expliqua Curzon. J’ai eu le sentiment que nous ne
pouvions pas nous opposer aux membres du parlement élu. »
    Fitz n’avait toujours pas admis
cette position. « Mais les Lords sont là pour réexaminer les décisions des
Communes et tempérer leurs excès. C’était un cas exemplaire !
    — Si nous avions rejeté
cette loi, je crains que les Communes n’en aient pris ombrage et ne nous l’aient
renvoyée. »
    Fitz haussa les épaules. « Nous
en avons déjà discuté.
    — Le problème est que la
commission Bryce siège actuellement.
    — Oh ! » Fitz n’y
avait pas pensé. La commission Bryce était chargée d’étudier une réforme de la
Chambre des lords. « C’était donc cela ?
    — Elle doit remettre son
rapport dans les jours qui viennent. Nous ne pouvons pas risquer un violent
conflit avec les Communes avant qu’elle l’ait fait.
    — En effet. » Fitz
devait, à son corps défendant, admettre l’argument. Si les Lords défiaient
ouvertement les Communes, Bryce pourrait recommander de limiter les pouvoirs de
la Chambre haute. « Nous risquerions de perdre notre influence,
définitivement.
    — Ce sont ces considérations
qui m’ont incité à m’abstenir. »
    Fitz jugeait parfois la politique
désespérante.
    Peel, le majordome, apporta une
tasse de café à Curzon et murmura à l’oreille de Fitz : « Le docteur
Mortimer est dans le petit bureau, monsieur le comte. Il est à votre
disposition. »
    Fitz était préoccupé par les maux
de ventre de Boy et accueillit cette interruption avec soulagement. « Je
vais aller le voir tout de suite. »
    Il s’excusa et sortit.
    Le petit bureau était meublé de
bric et de broc, avec tout ce qui n’avait pas trouvé place ailleurs dans la
maison : un fauteuil sculpté de style gothique parfaitement inconfortable,
un paysage écossais que personne n’aimait et la tête d’un tigre que le père de
Fitz avait tué en Inde.
    Mortimer était un médecin des
environs, compétent et plein d’assurance, comme s’il estimait que sa profession
le hissait au même rang qu’un comte. Il n’en était pas moins d’une politesse
irréprochable.
    « Bonsoir, monsieur le
comte. Votre fils souffre d’une petite infection gastrique qui n’aura
probablement pas de conséquences.
    — Probablement ?
    — J’emploie ce terme à
dessein. » Mortimer avait un accent gallois légèrement atténué par son
éducation. « La science ignore la certitude, elle ne connaît que la
probabilité. Je dis à vos mineurs qu’ils descendent chaque matin dans la mine
en sachant qu’il n’y aura probablement pas de

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