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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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Vladivostok des milliers
de tonnes de réserves, d’une valeur approchant le milliard de livres, qui
étaient destinées aux Russes quand ils étaient nos alliés. Nous pouvons en
toute légitimité envoyer des troupes protéger ce qui nous appartient. »
    Partagé entre doute et espoir,
Fitz demanda : « Lloyd George acceptera-t-il de le faire ?
    — Officiellement ?
Certainement pas. Le problème, ce sont tous ces drapeaux rouges qui flottent
sur les maisons des mineurs. Il existe dans notre pays un important foyer de soutien
au peuple russe et à sa révolution. Je comprends parfaitement pourquoi, bien
que j’exècre Lénine et sa clique. Malgré tout le respect que je dois à la
famille de la princesse Bea…– il leva les yeux vers le plafond d’où
parvenait un nouveau cri –… on ne peut pas nier que la classe dirigeante
russe n’a rien fait pour apaiser le mécontentement de son peuple. »
    Winston représentait un drôle de
mélange, songea Fitz : aristocrate et homme du peuple, brillant
administrateur qui ne résistait pas à la tentation de se mêler des affaires d’autrui,
charmeur détesté de la plupart de ses collègues politiciens.
    « Les révolutionnaires
russes sont des voleurs et des assassins, protesta Fitz.
    — C’est vrai. Mais il faut
nous faire à l’idée que tout le monde n’est pas de cet avis. Et notre Premier
ministre ne peut pas s’opposer ouvertement à la révolution.
    — Rien ne l’empêche de s’y
opposer intellectuellement, répliqua Fitz d’un ton irrité.
    — Un certain nombre de
choses peuvent se faire à son insu, officiellement.
    — Je vois. » Fitz se
demandait si ce n’étaient pas des paroles en l’air.
    Maud apparut sur le seuil. Les
hommes se levèrent, un peu étonnés. Dans les grandes demeures, les femmes n’étaient
pas censées entrer dans la salle de billard. Mais Maud transgressait les convenances
quand cela l’arrangeait. Elle s’avança vers Fitz et l’embrassa sur la joue.
    «  Félicitations, cher Fitz, dit-elle. Tu as un deuxième fils. »
    Les hommes applaudirent et
entourèrent Fitz pour lui serrer la main ou lui donner des claques dans le dos.
    « Bea va bien ?
demanda-t-il à Maud.
    — Épuisée, mais fière.
    — Dieu merci.
    — Le docteur Mortimer est
reparti. La sage-femme dit que si tu veux, tu peux monter voir le bébé. »
    Fitz se dirigea vers la porte.
    « Je monte avec vous »,
fit Winston.
    Au moment où il sortait de la
pièce, Fitz entendit Maud demander : « Servez-moi un peu de brandy,
Peel, je vous prie. »
    Winston murmura : « Vous
êtes déjà allé en Russie, évidemment. »
    Ils s’engagèrent dans l’escalier.
« Oui, plusieurs fois.
    — Et vous parlez russe. »
    Fitz se demandait où il voulait
en venir. « Un peu. Rien de bien glorieux, j’arrive à me faire comprendre.
    — Connaissez-vous un certain
Mansfield Smith-Cumming ?
    — En fait, oui. Il dirige… »
Fitz hésitait à nommer tout haut les services secrets de renseignements. « Il
dirige un bureau un peu particulier. J’ai rédigé un ou deux rapports pour lui.
    — Ah, très bien. Quand vous
rentrerez à Londres, vous devriez discuter avec lui. »
    Voilà qui devenait intéressant. « Je
suis prêt à le rencontrer à tout moment, répondit Fitz en s’efforçant de
dissimuler son excitation.
    — Je lui conseillerai de se
mettre en relation avec vous. Il n’est pas impossible qu’il ait une mission à
vous confier. »
    Ils étaient arrivés à la porte
des appartements de Bea. Derrière le battant, on entendait le vagissement d’un
nouveau-né. Fitz constata, non sans honte, qu’il avait les larmes aux yeux.
    « Il faut que j’y aille,
dit-il. Bonne nuit.
    — Félicitations et bonne nuit
à vous aussi. »
    4.
    Il reçut le nom d’Andrew Alexander
Murray Fitzherbert. C’était un petit bout d’homme coiffé d’une tignasse aussi
noire que celle de Fitz. Ils le ramenèrent à Londres enveloppé dans des
couvertures, à l’arrière de la Rolls-Royce escortée de deux autres voitures en
cas de panne. Ils s’arrêtèrent pour le petit déjeuner à Chepstow, déjeunèrent à
Oxford et arrivèrent chez eux à Mayfair à temps pour dîner.
    Quelques jours plus tard, par un
doux après-midi d’avril, Fitz marchait le long des quais en contemplant les
eaux boueuses de la Tamise. Il avait rendez-vous avec Mansfield Smith-Cumming.
    Les services secrets s’étaient
trop développés pour

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