Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
rester dans leur appartement de Victoria. L’homme qu’on
surnommait C. avait transféré son organisation en pleine expansion dans un
bâtiment victorien très chic appelé Whitehall Court, situé au bord du fleuve,
non loin de Big Ben. Un ascenseur privé conduisit Fitz au dernier étage, où le
chef des services secrets britanniques occupait deux appartements reliés par
une passerelle aménagée sur le toit.
    « Cela fait des années que
nous surveillons Lénine, déclara C. Si nous ne parvenons pas à le renverser, ce
sera un jour l’un des pires tyrans que le monde ait jamais connus.
    — Je crois que vous avez
raison. » Fitz était soulagé de constater que C. avait la même opinion des
bolcheviks que lui. « Mais que pouvons-nous faire ?
    — Parlons plutôt de ce que
vous, vous pourriez faire. » C. prit un compas sur son bureau, un de ceux
qui servent à mesurer les distances sur les cartes. Feignant la distraction, il
en enfonça la pointe dans sa jambe gauche.
    Fitz réussit à retenir le cri qui
lui montait aux lèvres. C’était un test, évidemment. Il se souvint que C. avait
une jambe de bois, conséquence d’un accident de voiture. Il sourit. « Un
bon tour, dit-il. J’ai failli me laisser prendre. »
    C. posa le compas et regarda
fixement Fitz à travers son monocle. « En Sibérie, un chef cosaque a
renversé le régime bolchevik local, dit-il. Je veux savoir si cela vaut la
peine de le soutenir. »
    Fitz cacha mal sa surprise. « Ouvertement ?
    — Bien sûr que non. Mais j’ai
des fonds secrets. Si nous pouvons maintenir un gouvernement
contre-révolutionnaire embryonnaire à l’Est, cela méritera bien que nous
dépensions, mettons, dix mille livres par mois.
    — Son nom ?
    — C’est le capitaine
Semenov. Il a vingt-huit ans. Il opère depuis Mantchouli, à califourchon sur le
chemin de fer oriental chinois, non loin de la jonction avec le Transsibérien.
    — Ce capitaine Semenov
contrôle donc déjà une ligne de chemin de fer russe et pourrait prendre le
contrôle d’une seconde.
    — Exactement. Et il déteste
les bolcheviks.
    — Il faut donc en savoir
davantage sur lui.
    — C’est là que vous entrez
en jeu. »
    Fitz était ravi d’avoir la
possibilité de contribuer à renverser Lénine. Une foule d’interrogations se
pressait dans son esprit : comment rencontrer Semenov ? C’était un
Cosaque et ces gens-là étaient connus pour tirer d’abord et poser des questions
ensuite : accepterait-il de parler à Fitz ou le tuerait-il ? Semenov
jurerait évidemment être en mesure d’écraser les bolcheviks. Fitz serait-il
capable d’évaluer la réalité de ses chances ? Y avait-il un moyen de s’assurer
que l’argent anglais serait dépensé à bon escient ?
    Il demanda : « Suis-je
bien l’homme qu’il vous faut ? Pardonnez-moi, mais je suis une
personnalité assez en vue, j’aurai du mal à rester incognito, même en Russie…
    — Franchement, nous n’avons
pas vraiment le choix. Nous avons besoin de quelqu’un qui jouisse d’un certain
prestige, dans l’éventualité où vous seriez en mesure de négocier avec Semenov.
Et il n’y a pas tant d’hommes dignes de confiance qui parlent russe.
Croyez-moi, vous êtes le meilleur dont nous disposions.
    — Je vois.
    — Je ne vous cacherai pas
que c’est une mission dangereuse. »
    Fitz se rappela Andreï battu à
mort par la meute de paysans. Cela aurait pu être lui. Il réprima un frisson d’effroi.
    « Je suis conscient du
risque, lança-t-il d’une voix égale.
    — Alors, dites-moi :
irez-vous à Vladivostok ?
    — Évidemment »,
répondit Fitz.

XXXI.
Mai-septembre 1918
    1.
    Gus Dewar eut du mal à s’habituer
à la vie militaire. Avec sa longue carcasse dégingandée et maladroite, il ne
lui était pas facile de marcher au pas, de saluer et taper des pieds comme un
soldat. Quant à l’exercice physique, il n’en avait pour ainsi dire plus fait
depuis le lycée. Ses amis, qui connaissaient son goût pour les tables décorées
de fleurs et les draps de fil, s’attendaient à ce que son incorporation le
mette à rude épreuve. Chuck Dixon, qui avait fait ses classes d’officier avec
lui, lui avait fait remarquer : « Gus, chez toi, tu ne fais même pas
couler ton bain toi-même. »
    Pourtant Gus avait survécu. À
onze ans, il avait été envoyé en pension. Il savait ce que c’était d’être
persécuté par des petites brutes et de devoir obéir à des

Weitere Kostenlose Bücher