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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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de
travail pour Ethel.
    L'annonce avait été faite dans les
pubs le samedi soir et le message lu dans les églises et les temples après
l'office du dimanche matin. Le parc ayant été spécialement arrangé pour la
visite du roi en dépit de l'hiver, le Comte Fitzherbert souhaitait faire
profiter ses voisins de sa beauté, disait l'invitation. Le Comte porterait
une cravate noire et serait heureux que ses visiteurs manifestent de façon
similaire leur respect pour les morts. Les circonstances ne se prêtaient
évidemment pas à l'organisation d'une réception, mais des rafraîchissements
n'en seraient pas moins servis.
    Ethel avait fait dresser trois
grandes tentes sur la pelouse est. L'une abritait une demi-douzaine de tonneaux
de cinq cents litres de bière blonde, apportés en train de la brasserie de la
Couronne, à Pontyclun. Pour ceux qui ne buvaient pas d'alcool, et ils étaient
nombreux à Aberowen, la tente voisine était équipée de tables à tréteaux
chargées d'immenses fontaines à thé et de centaines de tasses et de soucoupes.
Dans la troisième tente, plus petite, du xérès était offert à la bourgeoisie
très réduite de la ville, qui comprenait le pasteur anglican, les deux médecins
et le directeur des houillères, Maldwyn Morgan, qu'on surnommait déjà
Morgan-parti-pour-Merthyr.
    Par bonheur, malgré un froid sec,
la journée était ensoleillée, avec, très haut dans un ciel d'azur, quelques
nuages blancs d'aspect inoffensif. On accueillit quatre mille personnes – la
population de la ville presque au complet – qui portaient quasiment toutes
une cravate, un ruban ou un brassard noirs. Les gens se promenaient autour des
massifs d'arbustes, s'approchaient des fenêtres pour regarder à l'intérieur du
château et abîmaient les pelouses.
    La Princesse Bea était
restée dans sa chambre : ce n'était pas le genre de mondanités qu'elle
appréciait. Tous les membres des classes supérieures étaient égoïstes, Ethel
était bien placée pour le savoir, mais Bea en avait fait un art. Elle
consacrait toute son énergie à son propre plaiSir et son unique objectif
était d'obtenir la satisfaction de ses désirs. Même quand elle donnait une
réception – ce en quoi elle excellait –, elle cherchait avant tout à
offrir une vitrine à sa beauté et à sa séduction personnelles.
    Fitz recevait dans la splendeur
gothique victorienne de la grande salle, son immense chien couché à ses pieds
comme un tapis de fourrure. Il portait le costume de tweed brun qui le faisait
paraître plus accessible, avec un col empesé toutefois et une cravate noire. Il
était plus beau que jamais, songea Ethel. Elle lui présentait les proches des
morts et des blessés par groupes de trois ou quatre, ce qui permettait au Comte d'exprimer
sa compassion à tous les habitants d'Aberowen qui avaient souffert. Il leur
parlait avec son charme coutumier et, lorsqu'ils repartaient, ils avaient
l'impression d'avoir été traités avec une attention toute particulière.
    Ethel était devenue intendante.
Après la visite du roi, la Princesse Bea avait insisté pour que Mrs Jevons
prenne définitivement sa retraite : elle n'avait pas de temps à perdre
avec de vieux serviteurs fatigués. Elle avait vu en Ethel une domestique qui
s'appliquerait à la contenter et, en dépit de sa jeunesse, elle l'avait nommée
à ce poste. Ethel avait ainsi réalisé son ambition. Elle s'était installée dans
la petite chambre de l'intendante près de l'office et y avait accroché une
photographie de ses parents, dans leurs habits du dimanche, prise devant le
temple Bethesda le jour de son inauguration.
    Quand Fitz fut arrivé au bout de
la liste, Ethel lui demanda l'autorisation de pouvoir passer quelques instants
avec sa famille.
    « Bien sûr, dit le comte.
Prenez tout le temps que vous voudrez. Vous avez été remarquable. Je ne sais
comment je m'en serais tiré sans vous. Le roi a beaucoup apprécié votre aide,
lui aussi. Comment faites-vous pour retenir tous ces noms ? »
    Elle sourit. Ses compliments lui
faisaient battre le cœur plus vite, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. « Presque
tous ces gens sont venus chez nous, une fois ou l'autre, pour voir mon père au
sujet d'une indemnisation à la suite d'un accident, ou d'une dispute avec un
porion, ou parce qu'ils s'inquiétaient à propos d'une mesure de sécurité au
fond de la mine.
    — Franchement, vous êtes
admirable, insista-t-il en lui adressant le

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