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La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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avait dit de prendre tout le temps qu'elle voulait, mais elle
avait envie d'être seule. Elle se détourna pour échapper au regard furieux de
son père et regagna le château, les yeux baissés, espérant qu'on ne
remarquerait pas ses larmes.
    Elle ne voulait voir personne et
se glissa dans la chambre des gardénias. Lady Maud ayant rejoint Londres,
la pièce était vide et le lit défait. Ethel se jeta sur le matelas et sanglota.
    Elle était tellement fière.
Comment Da pouvait-il détruire ainsi tout ce qu'elle avait accompli ?
Préférerait-il qu'elle exerce mal son emploi ? Elle travaillait pour la
noblesse. Comme tous les mineurs d'Aberowen. Ils étaient employés par Celtic
Minerals, sans doute, mais c'était le charbon du Comte qu'ils abattaient
et, par tonne, celui-ci touchait la même somme que le mineur qui le sortait de
terre – combien de fois son père le leur avait-il rappelé ! Si le
fait d'être un bon mineur, efficace et productif, n'était pas critiquable,
pourquoi était-il répréhensible d'être une bonne intendante ?
    Elle entendit la porte s'ouvrir.
Elle sauta sur ses pieds. C'était le comte. « Que se passe-t-il ?
demanda-t-il gentiment. Je vous ai entendue pleurer à travers la porte.
    — Que monsieur le Comte veuille
bien m'excuser, je n'aurais pas dû entrer ici.
    — Cela n'a aucune
importance. » Son visage d'une incroyable beauté exprimait une vraie
préoccupation. « Pourquoi pleurez-vous ?
    — J'étais tellement heureuse
d'avoir pu aider le roi, répondit-elle tristement. Mais mon père dit que ce
n'était qu'une mascarade, dans le seul but d'amadouer les gens pour qu'ils ne
s'en prennent pas à Celtic Minerals. » Elle sanglota de plus belle.
    « C'est ridicule. Tout le
monde a bien vu que le roi était sincèrement navré. La reine aussi. » Il
sortit de la poche de poitrine de sa veste un mouchoir de fil blanc. Elle
pensait qu'il allait le lui tendre, mais il l'approcha de ses joues et essuya
ses larmes avec douceur. « J'ai été très fier de vous lundi dernier, quoi
qu'en dise votre père.
    — Vous êtes si bon.
    — Là, là », fit-il et,
s'inclinant, il l'embrassa sur la bouche.
    Elle en fut abasourdie. C'était
la dernière chose à laquelle elle s'attendait. Quand il se redressa, elle le
regarda, incrédule.
    Il lui rendit son regard. « Que
tu es ravissante », murmura-t-il ; il lui donna un nouveau baiser.
    Cette fois, elle le repoussa. « Monsieur
le comte, que faites-vous ? chuchota-t-elle d'une voix scandalisée.
    — Je ne sais pas.
    — Mais à quoi
pensez-vous ?
    — Je ne pense pas. »
    Elle leva les yeux vers son
visage aux traits finement ciselés. Les yeux verts l'observaient avec
attention, comme s'ils cherchaient à lire dans son esprit. Elle se rendit
compte qu'elle l'adorait et sentit soudain l'ivresse et le déSir l'envahir
tout entière.
    « Je ne peux pas m'en
empêcher », dit-il.
    Elle soupira d'aise : « Alors,
embrassez-moi encore. »

III .
Février 1914
    1.
    À dix heures et demie, le miroir
du vestibule de l’hôtel particulier du Comte Fitzherbert à Mayfair
renvoyait l’image d’un homme de grande taille, arborant la tenue de ville
irréprochable d’un Anglais de la haute société. Hostile à la mode des cols
souples, il portait un col droit et une cravate gris argent maintenue par une
perle. Certains de ses amis jugeaient au-dessous de leur dignité de s’habiller
élégamment. « Bigre, Fitz, vous ressemblez à un tailleur qui s’apprête à
aller ouvrir sa boutique », lui avait dit un jour le jeune marquis de
Lowther. Mais Lowthie était négligé, il avait des miettes sur son gilet et de
la cendre de cigare sur ses manchettes, et il aurait voulu que tout le monde
soit aussi débraillé que lui. Fitz, lui, détestait le laisser-aller. Il aimait
être impeccable.
    Il se coiffa d’un haut-de-forme
gris et enfila une paire de gants de daim neufs assortis. Tenant sa canne dans
la main droite, il sortit de chez lui et se dirigea vers le sud. Sur Berkeley
Square, une blonde qui n’avait pas quinze ans lui adressa un clin d’œil :
« Un shilling et je te suce l’asperge ? »
    Il traversa Piccadilly et
s’engagea dans Green Park. Quelques perce-neige pointaient au pied des arbres.
Il passa devant Buckingham Palace et pénétra dans un quartier qui ne payait pas
de mine, au voisinage de la gare Victoria. Il dut demander à un policier le
chemin d’Ashley Gardens. La rue se trouvait

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