Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chute Des Géants: Le Siècle

La Chute Des Géants: Le Siècle

Titel: La Chute Des Géants: Le Siècle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
Vom Netzwerk:
derrière la cathédrale catholique.
Franchement, se dit Fitz, quand on donne rendez-vous à des membres de la
noblesse, on se devrait d’avoir un bureau à une adresse respectable.
    Il avait été convoqué par
Mansfield Smith-Cumming, un vieil ami de son père. Officier de marine à la
retraite, Smith-Cumming exerçait désormais des activités un peu floues au War
Office, le ministère de la Guerre. Il avait envoyé à Fitz une note assez
laconique : « Je serais heureux d’échanger quelques mots avec vous
sur une affaire d’importance nationale. Pouvez-vous venir demain matin à onze
heures ? » Le message dactylographié était signé, à l’encre verte, de
la simple lettre « C. ».
    En réalité, Fitz était heureux
qu’un membre du gouvernement souhaite lui parler. Il avait horreur d’être
considéré comme un ornement, un aristocrate fortuné sans autre fonction que
d’enjoliver les réceptions mondaines. Il espérait qu’on lui demanderait son
avis, peut-être à propos de son ancien régiment, les chasseurs gallois. Ou
peut-être pourrait-il accomplir quelque mission dans le cadre de l’armée
territoriale de Galles du Sud, dont il était Colonel honoraire. En tout
état de cause, cette convocation au ministère de la Guerre suffisait à lui
donner le sentiment de n’être pas tout à fait inutile.
    En admettant qu’il s’agisse
vraiment du ministère de la Guerre. L’adresse indiquée était celle d’un
immeuble résidentiel moderne. Un concierge dirigea Fitz vers un ascenseur.
L’appartement de Smith-Cumming semblait servir à la fois de logement et de
bureau, mais un jeune homme d’allure militaire, efficace et alerte, informa
Fitz que C. allait le recevoir immédiatement.
    L’allure martiale n’était pas la
caractéristique première de C. Replet et dégarni, il était affublé d’un nez de
Polichinelle et portait le monocle. Son bureau était encombré de bric-à-brac :
une maquette d’avion, un télescope, une boussole et une toile représentant des paysans
devant un peloton d’exécution. « Le capitaine de marine sujet au mal de
mer » : c’est ainsi que le père de Fitz avait toujours qualifié
Smith-Cumming, dont la carrière navale n’avait pas été très brillante. Que
faisait-il ici ? « Où suis-je exactement ? demanda Fitz en
s’asseyant.
    — À la section étrangère du
Secret Service Bureau, répondit C.
    — J’ignorais tout de
l’existence de ce bureau.
    — Si les gens en étaient
informés, que lui resterait-il de secret ?
    — Je vois. » Fitz
éprouva un frisson d’excitation. Il était flatteur de se voir confier des
informations confidentielles.
    « Peut-être aurez-vous
l’amabilité de n’en parler à personne. »
    Fitz comprit que c’était un
ordre, courtois mais ferme. « Bien sûr. » L’impression d’appartenir à
un petit cercle d’initiés était décidément plaisante. C. avait-il l’intention
de lui demander de travailler pour le ministère de la Guerre ?
    « Toutes mes félicitations
pour le succès de la réception que vous avez donnée en l’honneur du roi. Il
semblerait que vous ayez réuni à l’intention de Sa Majesté un groupe
impressionnant de jeunes gens fort bien informés.
    — Merci. C’était une petite
réunion très simple, en vérité, mais les bruits courent vite.
    — Et, à présent, vous vous
apprêtez à accompagner votre épouse en Russie.
    — La princesse est russe.
Elle souhaite rendre visite à son frère. C’est un voyage que nous avons
repoussé plusieurs fois.
    — Gus Dewar vous accompagne,
si je ne me trompe. »
    Décidément, rien n’échappait à C.
« Il fait le tour du monde, expliqua Fitz. Il s’est trouvé que nos projets
coïncidaient. »
    C. se renversa contre son dossier
et reprit, du ton de la conversation : « Savez-vous pourquoi l’amiral
Alexeïev s’est vu confier l’armée russe lors de la guerre contre le Japon,
alors qu’il n’avait strictement aucune compétence en matière de combats
terrestres ? »
    Ayant passé quelque temps en
Russie dans son enfance, Fitz avait suivi les péripéties du conflit
russo-japonais de 1904-1905, mais il ne connaissait pas cette anecdote. « Je
vous écoute.
    — Il semblerait que le
grand-duc Alexis ait été mêlé à une bagarre dans un bordel marseillais et se
soit fait appréhender par la police française. Alexeïev s’est porté à son
secours et a prétendu aux gendarmes que c’était lui, et

Weitere Kostenlose Bücher