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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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l’idée
     mais en parlant du docteur, j’ai allumé. Imaginez-vous donc que le conseil a
     aussi adopté un règlement pour que le vaccin soit obligatoire pour tout le
     monde. Si Ti-Georges trouve pas ça réjouissant, c’est qu’y a peur de la
     piqûre !
    — C’est vrai ça, Ti-Georges, que t’as peur d’une p’tite aiguille de douze
     pouces qui te rentre dans la peau des fesses, ben tranquillement, pis qui te
     fait mal, tellement mal que tu peux pus t’asseoir de la semaine ? l’agaça
     Ernest.
    — Sans compter que tu pourras pus honorer ta Marguerite ! surenchérit
     François-Xavier.
    — Bateau, êtes-vous sérieux ? demanda Ti-Georges, inquiet.
    — Ben non ! répondit Ernest, c’est une affaire de rien, se faire vacciner. Y a
     juste les enfants pis les créatures qui peuvent se mettre à pleurer, mais pas un
     grand garçon comme toé.
    — Vous saurez que j’ai pas peur pis en plus, ç’a aucun rapport avec ce que
     Nazaire m’a dit. C’est quelque chose de ben plus grave.
    — Tu commences à m’inquiéter mon garçon, parle ! ordonna son père.
    — Les travaux préparatoires sont commencés, annonça Ti-Georges d’un air
     lugubre.
    — Les quoi ? interrogèrent les trois hommes.
    — Vous savez ben, les travaux pour le gros barrage, y sont
     commencés, répéta Georges.
    — Baptême, fallait s’y attendre un jour, depuis le temps qu’ils en rêvent, dit
     Ernest.
    — Ça va donner de l’ouvrage à ben du monde. C’est une bonne chose, affirma
     Alphonse.
    — Oui, mais s’ils montent trop le niveau du lac, qui c’est qui en aura pus de
     travail, son père ? fit remarquer Ti-Georges en s’enflammant. Ça va être nous
     autres parce que notre ferme, vous pourrez l’oublier sous une tonne d’eau. À
     moins que ça vous tente de faire l’élevage des truites !
    — Arrête de faire ton fin finaud, tu connais rien dans le ventre du bedeau, le
     rabroua son père.
    — J’sais de quoi j’parle ! se défendit Ti-Georges, insulté.
    — On est plein de rivières, reprit Alphonse, c’est pas la première fois qu’on
     fait des barrages.
    — Mais là, c’est beaucoup plus sérieux, son père ! Y veulent faire de
     l’électricité en se servant de notre lac comme réservoir !
    — Ti-Georges a raison, m’sieur Gagné. Ils construisent une centrale
     hydroélectrique. Mais y ont promis que ça affecterait pas nos terres.
    — Ben, baptême, y sont pas fous ! Y savent l’importance de l’agriculture, dit
     Ernest. On a les plus belles terres par icitte ! On est le grenier du Québec,
     les grands de la politique l’ont assez répété ! À part de ça, si jamais y
     dépassaient les bornes, on les laisserait pas faire, hein Alphonse ? Tu te
     rappelles, avant la guerre, nos fils étaient un peu jeunes pour se rendre compte
     du grabuge qui s’était passé, mais y avait eu toute une histoire à propos d’un
     barrage.
    Devant l’ignorance évidente des deux jeunes hommes, Ernest reprit et
     expliqua :
    — Y l’avaient construit pour avoir assez de courant pour faire
     glisser les billots de bois jusqu’au moulin à papier. Ç’avait inondé une bonne
     partie des terres de la paroisse voisine. On a protesté, nous, pis surtout
     Onésime Tremblay, un cultivateur de Saint-Jérôme, pis y l’ont défait leur
     baptême de barrage ! On a gagné sur toute la ligne !
    — Y f’ront pas la même erreur deux fois, décréta Alphonse en approuvant son
     voisin.
    — Vous avez p’t-être raison… dit Ti-Georges. J’ai entendu parler du fameux
     Onésime Tremblay, y est encore prêt à monter au front, y a apparence qu’y ferait
     signer une pétition contre le barrage.
    — Ah ben, si Onésime s’en occupe, y a pas de danger. C’est tout un homme,
     confia Ernest, mais on va rester vigilants.
    — Ti-Georges s’est encore fait des peurs pour rien, tu viendras me l’dire, fit
     Alphonse. Bon, ben moé, j’va faire mon sauvage, j’m’en va m’coucher. Bonsoir la
     compagnie !
    — Bonsoir Alphonse, pis nous autres aussi on va faire un boutte, hein,
     François-Xavier ?
    — Ouais, à la revoyure, bonne nuit Ti-Georges.
    Dans la chambre d’amis, en haut, où Léonie et sa filleule partageaient le même
     lit, faute de place, Julianna entendit partir les Rousseau. Elle soupira… elle
     n’avait eu de cesse d’épier la voix grave de François-Xavier. Elle aimait
     l’entendre parler, comme elle aimait

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