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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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on allait à lap’tite école comme de raison pis c’était au début de l’hiver quand la
     température se décide pas entre la pluie ou la neige. Comme vous le savez, on
     avait à marcher un bon mille pour se rendre là-bas. C’était pas toujours drôle !
     J’me souviens d’une fois où Jos Gagnon, qui était assis à côté de moé à l’école,
     était arrivé en plein mois de janvier avec une oreille tellement gelée qu’ y en
     avait un gros boutte qu’y était tombé ! Bateau, j’vous l’jure ! Oui, oui, en
     tout cas, c’est une autre histoire, vous avez ben raison. Mais bateau, c’est
     parce que j’manque de vin dans mon verre que mes idées s’éparpillent !
    — Merci, monsieur Rousseau, vous êtes ben aimable de me servir… donc je
     disais…
    — Tu disais pas grand-chose, t’es en train de tous nous endormir ! décréta
     Alphonse du haut de son expérience de conteur officiel et un peu frustré de voir
     du vin lui passer sous le nez.
    — Demandez à François-Xavier de la raconter d’abord, son père, s’offusqua
     Ti-Georges, qui alla se rasseoir, l’air boudeur.
    — Bonne idée, vas-y François-Xavier, on t’écoute ! ordonna Alphonse.
    — Euh… c’est pas compliqué… Ti-Georges était fâché contre la grande
     mademoiselle Thibault, notre maîtresse, parce qu’a l’avait puni de trois coups
     de règle de bois sur les doigts. Ça fait qu’y voulait se venger. Quand la classe
     a été finie, y m’a demandé de retenir la maîtresse dans la salle en lui posant
     n’importe quelle question. Pendant ce temps-là, y s’est rendu en cachette dans
     la garde-robe de la maîtresse pis y a pissé dans ses belles bottines du dimanche
     qu’a gardait toujours ben cordées avec défense d’y toucher !
    — Pis j’m’étais retenu toute la sacrée journée pour être sûr de ben les
     remplir ! rajouta Ti-Georges en s’esclaffant.
    Et les rires sonnèrent en même temps que la demie de onze heures sur la
     nouvelle horloge.
    Il se faisait tard. Le tic-tac régulier de l’horloge berçait
     les invités rassemblés sous l’épais nuage des nombreuses pipées fumées. Une
     douce torpeur gagna tout le monde. Le calme était revenu, il était temps de
     passer aux choses sérieuses.
    — Dis donc, Alphonse, demanda Ernest, as-tu été à la dernière réunion du
     conseil ?
    — Non, j’ai pus la santé pour m’occuper des chicanes de la municipalité,
     répondit le père Gagné, méprisant.
    — Bon, ben moé, j’m’endors trop, ça fait que j’vous souhaite la bonne nuit,
     lança Marguerite en se levant, suivie de Julianna et de sa marraine qui elles
     aussi bâillaient depuis un bon moment.
    — La politique, ç’a toujours fait fuir les créatures, fit remarquer Ernest avec
     un soupir de regret pour la présence de la belle mademoiselle Coulombe.
    François-Xavier salua le départ des trois femmes d’un bonne nuit poli, se
     demandant quel prétexte inventer pour réussir à revoir sa princesse le plus vite
     possible. Elle venait juste de monter se coucher et ses pensées étaient déjà
     pour elle, essayant de reconnaître lequel des bruits de pas, au plafond, était
     le sien, si en ce moment elle se dévêtait… si… Ti-Georges le ramena sur
     terre.
    — Moé, chus au courant de c’qui s’est décidé à la dernière assemblée. J’ai
     rencontré le conseiller Nazaire l’autre soir. Y s’en revenait justement du
     conseil municipal. On a pris le temps de jaser un peu tous les deux.
    — Tu m’avais pas dit ça, lui reprocha son père.
    — J’vous ferai remarquer que vous étiez pas jasant, jasant depuis un bout de
     temps, répliqua sèchement Ti-Georges.
    — Bon, laisse faire, fit durement son père, pis que c’est qu’y t’a dit,
     Nazaire ?
    — Ben, il m’a dit des affaires pas trop réjouissantes.
    — J’sais que le conseil a voté pour qu’on essaye de trouver un
     docteur qui viendrait vivre su’a Pointe, intervint François-Xavier. Moé,
     j’trouve que c’est une bonne idée. Ç’a pas de bon sens qu’on soit encore obligés
     d’aller à Péribonka pour se faire soigner !
    — C’est une bonne nouvelle ! approuva Ernest.
    — J’vois pas trop ce qu’y a de pas réjouissant dans ce vote, fit
     Alphonse.
    — J’aurais dû y penser ! s’exclama tout à coup François-Xavier en se donnant
     une bonne claque sur la cuisse, c’est à cause du vaccin. Ça m’a sorti de

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