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La colère du lac

La colère du lac

Titel: La colère du lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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Julianna. Bonjour parrain. Euh… votre fils est pas
     là ?
    — Y est allé chercher une autre cruche d’eau à la maison, on avait trop soif.
     Mais y devrait pus tarder astheure, répondit-il, content de voir que la jeune
     Julianna se préoccupait de son garçon.
    « Ça augure ben » se dit-il. Lui, son fils et Ti-Georges avaient discuté
     longuement hier soir et François-Xavier avait annoncé son intention de courtiser
     la belle Julianna. Ernest sourit en regardant la jeune fille visiblement déçue
     par l’absence de son fils. Son François-Xavier avait trouvé chaussure à son
     pied, c’était évident. Son attention se tourna vers Léonie. Ernest la trouvait
     si belle ! Toute la nuit, il avait rêvé d’elle. Au petit matin, sa décision
     était prise. Lui aussi déclarerait son amour.
    — J’en reviens pas comme y fait beau ! fit remarquer l’élue de son cœur plus
     pour meubler le silence que par intérêt.
    Léonie ressentait pleinement l’effet qu’elle faisait à monsieur Rousseau.
     Inconsciemment, elle avait peut-être même répondu à ses regards appuyés, car
     elle n’était pas insensible au charme d’Ernest, loin de là !
    — L’été passe trop vite… continua-t-elle.
    — Hum, du pain pis des cretons ! constata Ti-Georges, content, en découvrant le
     pique-nique.
    — Ti-Georges, sais-tu que j’ai pas tenu ma promesse pis que j’t’ai pas encore
     fait de crêpes ? se rappela Léonie. J’va délayer la pâte pour dimanche pis pour
     me faire pardonner, tu vas les manger avec de la confiture de framboises dessus,
     lui promit fièrement sa tante.
    — Hum, hum, fit Ernest en se raclant la gorge. Est-ce que par hasard, vous
     auriez pas passé à côté de ma talle de framboises ? Faudra que vous m’demandiez
     la permission avant d’en cueillir, les avertit Ernest en faisant mine d’être
     sérieux.
    — Moé, j’m’en va manger à l’ombre, décréta Ti-Georges avant de s’éloigner plus
     loin vers un immense orme qui veillait, seul, sur le petit troupeau de
     vaches.
    — Pis moé, si ça vous dérange pas matante, je vais aller me promener un peu sur
     le bord du lac, dit Julianna tellement désappointée qu’elle avait envie de se
     retrouver seule un peu.
    — Reviens dans une demi-heure à peu près, on s’en retournera aider
     Marguerite.
    Elle reporta son attention sur l’homme.
    — Comme ça, y faut demander la permission ! Tant qu’a y être, y faudra p’t-être
     les payer en plus ? le taquina Léonie.
    Elle s’était assise dans l’herbe, regardant sa filleule se diriger vers le lac.
     Ernest se laissa tomber près de la femme. Que cette créature avait de beaux yeux
     verts. Dans le soleil, ils prenaient une teinte époustouflante. Seul avec
     Léonie, Ernest se dit que c’était l’occasion ou jamais !

    Julianna marchait le long de la grève. Maussade, elle décida d’enlever son
     chapeau et de s’offrir, tête nue, au soleil. Et pourquoi ne pas se tremper un
     peu les pieds dans l’eau. Elle ôta ses chaussures et ses bas qu’elle déposa sur
     son chapeau pour qu’il ne s’envole pas au vent et doucement savoura le plaisir
     d’enfoncer ses orteils dans le sable de la plage. Subitement, une vaguelette
     recouvrit ses pieds, la faisant reculer avec un petit cri de plaisir. Elle
     décida de s’amuser à laisser ses empreintes dans le sable mouillé mais, se
     rendant compte qu’elle n’avait vraiment pas le cœur à folâtrer, elle délaissa
     son jeu pour se laisser choir sur la grève, les genoux repliés sous le menton, à
     ne plus rien faire d’autre que de perdre son regard sur l’horizon et soupirer.
     C’est alors qu’il y eut une ombre qui se projeta sur elle. La silhouette tant
     recherchée auparavant, celle grande et mince qu’elle avait tant espéré voir,
     était là, se penchant sur elle, la recouvrant, la dominant.
    Lentement elle se retourna, la main en visière pour se protéger de
     l’aveuglement du soleil. Elle discerna les yeux gris de François-Xavier. Debout,
     immobile, il ne disait rien. Tout à coup, se rendant compte de ses jambes à
     moitiés découvertes, elle se releva prestement, secouant le sable de sa robe et
     se dirigea vers ses affaires pour se rechausser. Mais du tas de vêtements il ne
     restait que son chapeau et ses bas. Nulle trace de ses souliers ! Pourtant, elle
     était certaine de les avoir laissés ensemble. Elle regarda tout autour, essayant
    

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