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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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seul, on m’avait confié que je saurais le lendemain ce que l’on attendait de moi.
    « Si j’avais craint un instant que l’on eût drogué la nourriture ou la boisson, je me trompais : tout était d’excellente qualité, bien préparé et sans le moindre piège et je m’éveillai aussi frais et dispos qu’à mon habitude. Je n’étais même pas de mauvaise humeur parce que cette espèce d’aventure que je vivais m’intriguait. C’était la première fois de ma vie que je m’entretenais avec un homme dont le visage disparaissait sous une cagoule noire !
    — Comment était-il à part ce détail, demanda la marquise, devançant Plan-Crépin qui ouvrait déjà la bouche. Et la referma, un rien dépitée.
    — Grand, bâti en athlète, dans la force de l’âge, une voix plutôt agréable, habillé même avec une certaine élégance dans le genre sport.
    — Une sorte de gentleman, quoi ? ne put retenir Plan-Crépin narquoise.
    — Si vous voulez… mais ce n’est pas lui qui est venu me chercher dans le milieu de la matinée. C’était une femme vêtue comme une infirmière. Je l’ai donc suivie à travers couloirs et escaliers de cette maison qui m’a paru immense et où le soleil entrait comme chez lui. Jusqu’à ce qu’enfin on s’arrête devant une haute porte aux moulures rechampies d’or qu’après avoir frappée, l’infirmière ouvrit sur ce qui me parut d’abord un trou noir mais mes yeux s’accoutumèrent rapidement et je vis que les volets était fermés, les rideaux tirés et qu’un chandelier était allumé devant le miroir d’une coiffeuse. Le seul miroir d’ailleurs qui n’était pas recouvert d’un voile.
    « Une femme aux cheveux gris, portant un superbe déshabillé de satin et de dentelles, se tenait devant la coiffeuse mais à demi détournée.
    Elle aussi portait un voile… qui lui cachait le visage.
    « Un peu impressionné – moins par le décor que par le maintien fier de cette femme – je la saluai :
    — Vous êtes bien le professeur Oscar Zehnder ? me demanda-t-elle.
    — En effet, madame ! J’aurais volontiers ajouté « tout à votre service » si l’on ne m’avait amené ici de force ! Ce que je n’apprécie pas !
    — Acceptez mes excuses, mais quand vous m’aurez entendue je pense que vous comprendrez ! assura-t-elle d’une voix enrouée où se mêlaient parfois, bizarrement, une ou deux notes claires. Puis elle ordonna que l’on laisse entrer le jour, se plaça face à la lumière et enleva son voile en fermant les yeux… Je découvris alors l’un des visages – et un cou ! – les plus dévastés qu’il m’ait été donné de voir ! Les cheveux gris avaient disparu mais ce n’était qu’une perruque recouvrant de beaux cheveux noirs dont une parcelle avait été… scalpée pour ainsi dire au-dessus d’un sourcil préservé par extraordinaire… Je lui demandai alors comment c’était arrivé.
    — Un accident d’auto qui m’a éjectée au-travers d’un pare-brise avant de m’envoyer contre un rocher. Je n’ai échappé à la mort que par miracle… mais je l’ai souvent regretté. Jusqu’à ce que j’entende vanter votre talent ! « Le chirurgien aux mains fabuleuses » ! C’est pourquoi je vous ai fait chercher.
    « J’ai répondu qu’elle aurait pu s’y prendre autrement et qu’il eût été préférable qu’elle vienne me voir à mon cabinet en toute discrétion, de nuit même mais qu’il m’était impossible de faire quoi que ce fût pour elle dans une demeure particulière. Elle m’apprit que l’on avait entrepris de transformer la villa en clinique et qu’une salle d’opération était déjà installée. À quoi je répondis que cela ne suffisait pas, que j’avais l’habitude de travailler avec une équipe exceptionnelle et rodée à la perfection dont je ne saurais me priver. D’autant moins dans son cas où il fallait prévoir plusieurs interventions afin de lui restituer un visage et un cou, disons… normaux ! Le mot l’a choquée.
    — Normaux… Qu’entendez-vous par normaux ?
    — Que l’on peut regarder sans s’apitoyer et sans déplaisir…
    « J’ai vu ses yeux flamboyer, cependant elle a hésité avant de répondre, se contentant d’aller prendre dans le tiroir d’un précieux cabinet florentin une photographie encadrée d’or représentant une femme idéalement belle en robe Empire à taille haute, à demi étendue sur une méridienne, dans une pose pleine de grâce, style M me Récamier,

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