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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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repentir car jamais je ne permettrai que mes enfants…
    — Laissez-les tranquilles, ils sont à moi !
    — Croyez-vous ? Que vous ne vouliez plus être une Morosini cela vous regarde après tout mais eux le resteront… et aussi catholiques ! Comme mes pères… et le vôtre dont vous faites si bon marché ! Comment pensez-vous qu’il réagirait s’il était présent à cette heure ?
    — J’ai toujours fait ce que j’ai voulu !
    — Peut-être mal et il y a une fin à tout et cette fin c’est moi ! Quant à ce tribunal que vous réclamez à si grands cris, sachez bien qu’il ne confiera pas mes enfants à une malade – car vous l’êtes que vous l’admettiez ou non !… Tombée au pouvoir de je ne sais quelle drogue et en passe de devenir complètement cinglée !…
    — Vous osez ?
    — Oui, j’ose ! Mais, bon Dieu, regardez-vous ! Le chagrin que vous éprouvez n’explique pas tout ! À commencer par ce changement qui pourrait laisser supposer qu’il y a en vous deux femmes : celle que j’ai aimée… et que je continue à aimer avec sa beauté chaleureuse, son rire, son cœur immense, son charme que je ne reconnais plus ! Et une autre, froide, dure, butée à la limite de la stupidité… un visage de glace, des yeux vides, et j’ai grandement peur de savoir où cette femme-là est née…
    — S’il vous plaît, Aldo, pria la comtesse Valérie. Un peu de pitié ! Songez à ce qu’elle a souffert !
    — Mais j’y songe, grand-mère, j’y songe, soyez-en sûre ! Je connais mes fautes et j’étais prêt à tomber à ses pieds ! Aux pieds d’une Lisa blessée, douloureuse, plus proche de vous qu’auparavant alors que…
    Un sanglot réprimé cassa sa voix. Il se détourna, toussa, chercha d’une main fébrile une cigarette qu’il alluma puis éteignit après seulement une ou deux bouffées en l’écrasant dans un cendrier. Impassible et comme absente, Lisa se contentait de le regarder comme s’il était transparent. Il eut alors un haussement d’épaules découragé…
    — Je vous l’abandonne, grand-mère ! Essayez d’obtenir qu’elle comprenne ce que je m’efforce en vain de lui dire. Je reviendrai demain. À présent, je vais rejoindre maître Hirchberg pour qu’il fasse le nécessaire en ce qui concerne la Wegener ! Qu’au moins vous soyez délivrée d’elle !… Cela n’empêche, fit-il plus bas, que Lisa ait besoin de soins… mais pas de n’importe qui !…
    — Oh, j’en suis consciente !… Sortons un instant, voulez-vous ? ajouta-t-elle après un coup d’œil vers Lisa qui était allée s’asseoir à côté de la fenêtre et regardait au-dehors comme s’ils avaient cessé d’exister.
    Dans la galerie ils retrouvèrent maître Hirchberg qui faisait les cent pas et vint à leur rencontre :
    — Ça y est ! annonça-t-il satisfait. Cette femme est partie en disant qu’elle allait en référer au docteur Morgenthal ! Je crains qu’elle ne revienne avec lui. Vous devriez faire garder cette maison par la police. Vous en avez d’autant plus le droit que la collection dont vous êtes à présent propriétaire a été volée !
    — Je ne crois pas avoir celui d’empêcher un médecin de forcer le barrage surtout s’il a été appelé par sa malade… et Lisa ne s’en fera pas faute !
    — Sauf si vous êtes là pour le lui défendre ! Ce qui serait au fond plus normal qu’habiter l’hôtel ! Que faisiez-vous d’autre quand vous veniez ensemble visiter Kledermann ?
    — C’est exact ! Je ne descendais au Baur que s’il m’arrivait de venir seul. Pour affaires par exemple ! À ne rien vous cacher, je n’aime pas beaucoup cette demeure ! Trop grande, trop solennelle ! Vous aimeriez habiter Versailles, vous ? C’est un peu ce que je ressentais. De plus, je crains que ma présence n’exaspère Lisa !
    — N’en tenez pas compte dès l’instant où il s’agit de la protéger d’elle-même ! Je crois, en outre, continua-t-il en considérant des yeux M me von Adlerstein, que votre présence permettrait peut-être à sa grand-mère de dormir. Elle se sentirait moins seule.
    Aldo se tourna vers elle. Toujours aussi droite, toujours aussi majestueuse, mais l’angoisse habitait son regard. Il eut pour elle un sourire qui demandait pardon, prit une main qu’il baisa avant de la garder :
    — Vous avez on ne peut plus raison ! Vous voulez bien de moi, grand-mère ?
    — Quelle question !
    — Alors, c’est entendu ! Je vais voir ça avec Grüber ! Mais si vous

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