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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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qu’elle
voit en toi celle du roi. Cette situation pourrait impliquer une révolte de ta
part, mais je sais que tu n’en viendras pas à cette extrémité. Prends ton mal
en patience et laisse ta mère à ses fantaisies, en espérant qu’elle ne
commettra pas trop de bévues.
    L’armée franque menée par mon père franchit de
nouveau les Alpes et ne fit que réitérer les faciles exploits de la première
expédition : escarmouches, débandade de l’ennemi le long du fleuve Pô,
siège de Pavie, soumission du roi Aistolf, remise au vainqueur des clés des
villes indûment occupées…
    Seul changement : la méfiance du roi des
Francs. Chat échaudé, dit-on, craint l’eau froide. Il avait de bonnes raisons
de se montrer prudent. Il fit porter ces clés au pape Étienne qui obtenait
ainsi des territoires… relevant en réalité de l’autorité de Byzance ! Le
Saint-Siège se trouvait, à la suite de cette expédition, doté d’un véritable
État, sous la protection armée du roi Pépin.
    De retour en Francie, sa mission remplie avec
peu de pertes, mon père apprit la mort de Childéric, le roi détrôné, tonsuré et
jeté au monastère de Saint-Omer par le maire du palais. Les circonstances plus
que l’attrait du pouvoir justifiaient l’usurpation dont mon père s’était rendu
coupable. Roi, Childéric était peu de chose ; moine, balayé par
l’Histoire, il ne fut plus rien…
    D’autres soucis
attendaient le roi à son retour d’Italie.
    Les troubles qui agitaient l’Aquitaine étaient
comme une écharde dans son talon. Lorsque l’on évoquait devant lui ce conflit,
il s’assombrissait et ses propos se faisaient tranchants. Cette guerre n’en
était pas une, mais plutôt une série de poursuites à travers plaines et
montagnes, de coups de main et de représailles contre des peuplades rebelles.
    Le champion de la souveraineté aquitaine,
Hunald, avait pris la suite du duc Eudes dans cette lutte. Mon père avait
hérité du roi Charles Martel cette rébellion contre les « Barbares du
Nord ». Avec la ville de Toulouse pour capitale et d’immenses territoires
au sud de la Loire, entre l’Atlantique et le Rhône, cette dynastie ducale
portait haut ses bannières au lion.
    Chaque année ou presque, il fallait soumettre
ces rebelles à la loi franque, et chaque fois, après des campagnes
interminables mais sans batailles rangées, il fallait renoncer. Nos armées s’y
usaient.
    Capturé, torturé, les yeux crevés, enfermé
dans un monastère de l’île de Ré par son frère Hatton, le duc Hunald s’était
éteint alors que mon père préparait une nouvelle expédition.
    Arrivait-on enfin au terme de cette guerre
d’usure ? Il n’en fut rien. Un nouveau champion de l’Aquitaine, le duc
Waïfre, fils de Hunald, avait repris les armes avec une énergie nouvelle. Il
était jeune, beau, ardent, doté d’une haine viscérale contre
l’« envahisseur ». Durant des années, il allait se battre comme le
lion dont les Aquitaine avaient fait leur emblème.
    Une nouvelle
réjouissante venue de Rome nous était parvenue à Quierzy : le roi Aistolf
venait de mourir à Pavie, victime, disait-on à Rome, de vieillesse,
d’épuisement et du venin qui le rongeait. Au soulagement que nous éprouvâmes
s’ajoutait une crainte : voir son fils, Didier, reprendre ses ambitions.
Un autre message rapportait qu’Aistolf était mort à la suite d’une chute de
cheval, au cours d’une partie de chasse dans les plaines du Ticino.
    Le pape n’allait pas
longtemps jouir de son triomphe contre son vieil ennemi.
    Un matin de mai, des émissaires pontificaux se
présentèrent aux portes de Quierzy, avec une nouvelle affligeante :
    Étienne venait de s’éteindre à Latran. Son
frère, Paul, qui lui avait succédé, allait retrouver dans son héritage les
ambitions dévorantes du vieux roi des Lombards. Didier était de la même étoffe
avec, en plus, l’ardeur de la jeunesse.
    Ce fut une des rares occasions que j’eus de
voir des larmes sur le rude visage de mon père. Il ne pouvait oublier
l’alliance sans faille qu’il avait nouée avec Étienne qui, dans ses missives,
lui donnait le titre de « nouveau David ».
    Le roi des Lombards n’allait pas tarder à
faire parler de lui en termes inquiétants : il avait noué une entente avec
le basileus Constantin Copronyme, champion de l’iconoclastie qui, en
reniant le culte des images auquel nous étions attachés, risquait de détourner
le

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