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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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peuple des saints parvis. Ils allaient s’entendre comme larrons en foire sur
le dos du nouveau pape.
    Le premier message
de Paul I er ne nous surprit guère : il suggérait
l’installation à demeure, dans ses États, de forces armées franques
dissuasives. C’était beaucoup demander. Il n’allait obtenir du roi des Francs
que la promesse de séjours armés temporaires. Entreprendre une nouvelle
campagne ? Il ne fallait pas y songer, du moins tant que Didier
n’effectuerait aucune démonstration d’hostilité.
    Mon père entreprit sagement de tenter une
négociation avec Constantin. Notre ambassade, partie pour Constantinople, y
arriva en pleine « guerre des images ».
    À ce jour, l’Église de Francie était restée
étrangère à ce schisme qui opposait les traditionnels défenseurs du culte des
images aux destructeurs des effigies de personnages bibliques et de saints sous
forme de statues, de mosaïques et de peintures.
    J’étais présent, dans la ville de Gentilly, à
un concile qui réunissait, dans un ambiance délétère, des représentants de Rome
et de Constantinople. Les discussions menacèrent, à plusieurs reprises, de
dériver en échauffourées et de mettre un terme à ces colloques. On s’en tint à
un statu quo.
    Mon père et la reine Bertrade s’étaient
sagement tenus en marge de ces débats. Le roi Pépin, affecté par d’autres
soucis que ces querelles « byzantines », s’était contenté d’un rôle
d’arbitre. Quant à la reine, elle s’était vite désintéressée de ces
controverses ; elle avait la tête plus politique que religieuse. J’avoue
pour ma part une préférence pour le culte des images : outre qu’il donne
aux artistes l’occasion d’exercer leurs talents, il offre aux fidèles
l’expression concrète d’une foi naïve.
    La conclusion du concile de Gentilly avait de
quoi nous réjouir. Soucieux de ramener la paix dans l’Église du Christ,
Constantin nous envoya une ambassade destinée à demander pour un de ses fils la
main d’une de mes sœurs. Ma mère eût volontiers accédé à cette requête ;
mon père s’y opposa. C’eût été cautionner les rapports politiques entre Byzance
et les Lombards. On prétexta, pour justifier ce refus, le jeune âge de la
fiancée potentielle. Nous ne sûmes jamais comment Constantin avait pris cette
dérobade.

3
La couronne de fer

1
    Le roi Pépin vieillissait mal.
    La cinquantaine lui pesait, et les premières
atteintes de la sénilité s’ajoutaient aux sempiternels soucis que lui créaient
des situations embrouillées. Je le vis, un jour où il partait pour la chasse,
s’y reprendre à trois fois avant de monter sur sa selle, avec l’aide de son
écuyer. Des rides couturaient son visage, l’amertume se lisait sur ses lèvres,
son regard s’égarait dans le vague et il perdait souvent pied dans la
conversation.
    Les affaires d’Italie traînaient en longueur,
mais tout indiquait de prochaines agressions territoriales de la part du roi
Didier. En Aquitaine, le duc Waïfre tenait encore le pays ; il fallait le
poursuivre de tanière en refuge, tenter de lui imposer la paix par des
massacres de peuplades innocentes. Aux marches de Bretagne, on devait sans
cesse maintenir des troupes contre les pillards.
    D’autres tracas
allaient surgir en Bavière.
    Annexée par le roi Clovis, cette lointaine
province avait perdu de son intérêt pour ses successeurs et avait acquis une
indépendance virtuelle que nul ne lui contestait. Moins agressif que les
Saxons, le peuple bavarois vivait en paix dans ses montagnes sous la paternelle
autorité du jeune duc Tassilon. Ce prince ayant épousé une fille du roi Didier,
Liutberge, demi-sœur du roi Pépin, faisait en quelque sorte partie de notre
famille. Bon chrétien, lecteur assidu des Écritures saintes, il ne s’était pas
risqué à chercher noise à ses voisins.
    Pour mon père, Tassilon n’avait commis qu’une
maladresse : proclamer hautement son autonomie. Mon aîné de deux à trois
ans, il avait hérité de ses ancêtres le goût de l’indépendance. De plus, il
gardait rancune à mon père d’avoir menacé Liutberge, alliée à son frère Didier
dans son conflit avec la papauté, de la faire enfermer dans un couvent. Un
geste maladroit qui allait avoir de graves conséquences.
    De nature agreste, vouée à l’élevage, la
Bavière bénéficiait d’une organisation civile et religieuse rigoureuse :
un réseau de comtés, d’évêchés, de

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