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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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milieu du bétail.
    Autant j’éprouvais du vertige en parcourant
les montagnes du Sud, autant ces terres nordiques m’accablaient par leurs
immensités désertiques, leur poignante mélancolie, leur déprimante monotonie.
Quelques dizaines de milliers de naturels, pêcheurs et éleveurs, abritaient
leurs nichées dans des cabanes de torchis couvertes de joncaille. Le printemps
humide et lourd semblait ne pouvoir jamais ranimer ces solitudes.
    Je fis passer l’Elbe à mon armée peu après Hollenstedt.
Aux dires de nos guides indigènes, il nous eût été impossible de franchir en
aval cet énorme bras d’eau. Nous approchions de l’estuaire de la Weser qui
ouvrait sur des mers froides et des îles inconnues.
    À petites journées, nous touchâmes aux rives
d’un autre fleuve, l’Eider, frontière naturelle avec le royaume de Danemark et
le mystérieux pays des Slaves Abodrites.
    J’avais adopté une nouvelle consigne :
mettre un frein à nos exactions envers ces populations pacifiques, malgré la
présence de sanctuaires païens. Nos moines se chargeraient de les éclairer sur
la religion du Christ.
    Tout le temps que dura notre séjour dans ces
contrées, nos épées restèrent au fourreau, d’autant qu’aucun signe d’hostilité
ne se manifesta contre nous. Il est vrai que je venais en voisin, presque en
ami, plus qu’en conquérant.
    Je fis avancer ma colonne jusqu’au grand
village de Zventinelfeld. Le « roi » y avait son
« palais » : un amas de bicoques de bois ornées de sculptures
habilement façonnées et peintes, entouré d’un vaste domaine agricole fertile qui
me rappelait mes villas de Francie.
    Rude, franc, jovial, ce despote nous traita
avec une courtoisie qui sentait le rustre mais que nous appréciâmes. Il nous
combla de subsistances, de cadeaux et de femmes choisies parmi ses esclaves, en
nous assurant de sa protection le temps que nous resterions dans son royaume.
    Nous passâmes à Zventinelfeld une semaine à
nous reposer, à faire bombance et à donner pâture à notre virilité frustrée
depuis des lunes.
    Durant ce séjour, l’idée m’effleura de
franchir la frontière de l’Eider pour rendre visite au roi Siegfried dans son
palais de Kobenhavn. J’aurais aimé lui demander des comptes sur l’aide qu’il
apportait à Widukind et sur les incursions des flottes danoises sur nos côtes.
Mes officiers m’en dissuadèrent : c’eût été une opération inutile,
dangereuse et sans rapport avec notre mission.
    Sur le chemin du
retour, dans les parages du port de Bremen, je pris une décision
audacieuse : convoquer les principaux chefs saxons. Ils répondirent pour
la plupart à mon appel. Je les rassurai sur mon intention d’organiser avec leur
soutien l’administration de ma conquête.
    Nous passâmes une semaine en leur compagnie.
Je les traitai en amis et leur fis comprendre que mon seul ennemi était
Widukind. Le régime de terreur que j’avais appliqué au cours de cette
expédition, leur dis-je, n’avait pour but que de faire renoncer ce chef à la
rébellion, mais en cas de refus, ces actes pourraient se poursuivre et
n’épargneraient pas leurs territoires.
    Je leur proposai, ce qui ne me coûtait guère,
une part dans le gouvernement de leur confédération, avec des titres de ducs et
de comtes. Ils parurent satisfaits mais, ce qui me rassura plus encore, c’est
lorsqu’ils émirent des doutes sur la fiabilité de Widukind. Les insurrections à
la chaîne qu’il suscitait n’avaient pour résultat, me dirent-ils, que de
provoquer mes interventions impitoyables. Ils m’assurèrent que leur héros
national, à bout de résistance, était sur le point de rendre les armes, ce qui
me combla d’aise.
    C’est le cœur serein
qu’à l’issue de cette campagne je repris le chemin d’Eresbourg puis de Francie,
après deux ans d’absence. J’avais laissé dans mon sillage une légion de
religieux, à charge pour eux d’évangéliser les populations rétives et
d’éradiquer toute trace de paganisme. Pour défendre ces territoires j’avais
fait édifier des forteresses de bois ou de pierre et les avais confiées à des
garnisons de volontaires, Alamans et Burgondes, avec l’espoir qu’ils feraient
régner la paix de Dieu dans leur apanage.

2
Les printemps d’Italie

1
    J’arrivai sous les premières pluies de
septembre dans mon domaine d’Attigny, sur la rive gauche de l’Aisne, où ma
famille m’attendait.
    Fastrade pouponnait et semblait

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