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La confession impériale

La confession impériale

Titel: La confession impériale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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modeste, et j’ai
sur lui un avantage qu’il pourrait m’envier : celui de vous servir…
    On se plaignait à
moi du caractère autoritaire de mon épouse : elle entrait dans de
violentes colères pour des vétilles, punissait souvent sans raison valable,
exigeait un service exempt de la moindre maladresse. Quand je la sermonnais
elle se hérissait, jurant que c’était « pour mon bien » ! En mon
absence, ajoutait-elle, si elle n’avait pas fait preuve de la fermeté que je
lui reprochais, notre domesticité fût allée à vau-l’eau.
    Lorsque, de retour
de ma dernière campagne, j’avais retrouvé Attigny, un de mes officiers palatins
m’avait révélé l’un des exploits de la reine : elle avait fait jeter au
cachot notre médecin qui, appelé à soigner Théoderade d’une fièvre, était
demeuré impuissant. Je me hâtai de le faire libérer et lui confirmai ma confiance.
Malgré mes protestations, il nous quitta quelques jours plus tard.
    — Que le diable l’emporte !
rugit-elle. C’est un incapable, un charlatan ! Par sa faute nous avons
failli perdre notre petite malade.
    — Il fallait le sermonner, pas
l’incarcérer ! On n’enferme que les criminels.
    — C’en était un, et des plus
dangereux ! Il devrait me savoir gré de ne pas l’avoir fait pendre.
    — Je ne vous l’aurais pas pardonné !
    Quelques servantes, attachées à mon service
depuis des années, avaient été congédiées par ses soins après de vives
altercations. Je lui en demandai les raisons.
    — C’étaient des paresseuses, des
voleuses. Je n’ai pas eu de mal à les remplacer.
    Je n’eus pas de peine quant à moi à déceler
les véritables motifs de ces renvois : Fastrade avait pris cette décision
après avoir découvert que ces filles et ces femmes avaient eu des tendresses
pour moi et que certaines avaient accouché de bâtards. Désormais, je dus me
contenter pour mon service ordinaire de vieilles ou grosses femmes qui
sentaient le rance et ne risquaient pas de susciter ma concupiscence.
    En revanche, je n’avais pas à me plaindre de
mes rapports intimes avec Fastrade qui était dans la plénitude de sa jeunesse
et de sa beauté. Je ne pouvais lui reprocher, au cours de nos ébats, que de mauvaises
habitudes ramenées de sa terre natale : faire brûler à notre chevet des
herbes odorantes qui m’indisposaient, lâcher sous le lit une poignée de sel,
murmurer des invocations à je ne sais quels démons favorables à la maternité.
    Elle me donna bientôt un autre enfant, mais
c’était encore une fille. Elle l’appela Hiltrude.
    Il semblait qu’une
funeste fatalité m’obligeant à finir mes jours sur mon destrier se fût attachée
à moi.
    La situation en Bretagne requérant ma
présence, je dus m’engager de nouveau, malgré ma fatigue, dans la ronde
infernale de la guerre.
    Jusqu’à ce jour, cette nation m’avait payé,
avec une régularité toute relative, un tribut sous forme de dîme. Depuis deux
ans, outre qu’elle s’y refusait, encouragée par mes échecs en Germanie, elle occasionnait
des troubles sur nos frontières. Cette situation insupportable allait créer un casus belli ; je me devais d’y faire face.
    Ce peuple est, comme les Basques, très
différent de nous. La population se compose pour l’essentiel d’émigrants celtes
originaires d’Angleterre ou d’Irlande. Elle diffère de nous par sa langue, ses
coutumes et ses croyances. Mon neveu Roland, préfet des marches de Bretagne
avant sa mort à Roncevaux, avait eu souvent maille à partir avec les bandes de
pillards qui violaient ses frontières.
    Cette fois, la coupe pleine, je me devais de
réagir.
    Je confiai à un officier de ma cour, Andulf,
le soin, sinon d’entreprendre une guerre de conquête, du moins de les en
menacer. Quelques parades de notre armée suffirent à faire entendre raison à ce
peuple indocile mais peu préparé à guerroyer et qui n’avait pas, pour organiser
une action de grande envergure, un chef comparable à Widukind. La Bretagne ne
serait jamais une petite Saxe.
    L’Italie, peu après,
allait retenir mon attention et m’obliger à faire franchir les Alpes à mon
armée, à l’appel du pape Adrien qui ne m’avait pas laissé longtemps en repos.
    Arichis, duc de Bénévent, gendre de Didier,
l’ancien roi des Lombards, était devenu par ma volonté le vassal du roi
d’Italie, mon fils Pépin. Il s’était juré de faire retrouver son autonomie à ce
vaste État du sud

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