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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Majesté, fit l’aubergiste, j’obéirai, monseigneur.
    – Un instant. Parmi les étrangers, il y en a deux arrivés depuis peu de jours, n’est-ce pas ?
    – Oui, monseigneur, les deux plus jeunes.
    – Auriez-vous, d’aventure, entendu leurs noms ?
    – Oui, monseigneur.
    – Dites-moi ces noms !
    – J’ai entendu ces deux gentilshommes s’appeler entre eux ; l’un se nomme Manfred et l’autre Lanthenay.
    – Aubergiste ! s’écria Montgomery rayonnant, je vous promets cinquante écus, et que le ciel me damne si je ne vous les apporte dès demain… Allons, conduisez-moi à la chambre de ces deux-là… les autres ne m’importent guère.
    Le capitaine se tourna vers la porte restée entr’ouverte pour appeler ses soldats. A ce moment, une porte vitrée située au fond de la salle s’ouvrit, un homme parut, et une voix railleuse, nasillarde, ironique s’éleva :
    – Ne vous donnez pas la peine de faire entrer vos soldats, monsieur de Montgomery, nous nous rendons au roi !
    – Triboulet ! exclama sourdement Montgomery.
    – Sorti tout exprès de la Bastille pour vous aider à exécuter les ordres du roi, mon cher !
    – Triboulet ! répéta le capitaine anéanti.
    – Tout prêt à rendre compte à Sa Majesté de l’habile prestesse avec laquelle vous m’avez conduit à la Bastille !
    – Parlez plus bas ! murmura Montgomery en jetant vers ses soldats un regard de terreur.
    – Ayez donc l’obligeance de fermer la porte si vous ne voulez pas qu’on entende que vous avez menti au roi en vous vantant de m’avoir arrêté et conduit à la Bastille !
    Montgomery obéit avec une docilité stupéfiée, puis revint vers Triboulet.
    – Mais j’y pense ! reprit celui-ci. Nous avons à causer, mon cher monsieur de Montgomery ! Or, il y a des soldats qui ont l’oreille fine… Je m’en suis assuré… Ne jugez-vous pas à propos de renvoyer cette troupe qui encombre inutilement la rue.
    – Inutilement ! répéta Montgomery anéanti de stupeur.
    – Dame ! Cela me paraît ainsi, puisque nous nous rendons de bonne volonté, mes amis et moi…
    – Vos amis !…
    – Sans doute… des amis bien chers, deux jeunes gens qui savent ce qu’on doit aux ordres de notre bon roi François de Valois ; car je puis vous affirmer que Manfred et Lanthenay ont été bien calomniés ; ils ne demandent qu’à aller en prison… à condition que j’y aille avec eux, et qu’avec eux je paraisse devant le roi, qui sera bien joyeux de me revoir, j’en suis sûr… J’ai voulu les détourner de ce projet, mais ils y ont mis un entêtement que je ne conçois pas… Voyons, mon cher capitaine, voulez-vous que je les appelle et qu’ensemble nous allions nous mettre au milieu de vos soldats ?… « Voici Triboulet ! crieront de leur plus belle voix Manfred et Lanthenay ; voici le fameux Triboulet qui vient de sortir de la Bastille où M. de Montgomery l’avait conduit ! » Car, Dieu merci, chacun sait combien il est facile de sortir de la Bastille.
    Montgomery n’en écouta pas davantage.
    Il sortit dans la rue en refermant soigneusement la porte, et donna l’ordre au sergent d’armes de relever les deux postes et de reconduire toute la troupe au château.
    – Il n’y a personne dans cette auberge, acheva-t-il ; les oiseaux se sont envolés, mais je vais interroger l’aubergiste et j’aurai peut-être une indication.
    Surpris et flatté que son chef daignât condescendre à des explications, le sergent se hâta de rassembler sa troupe, pendant que Montgomery rentrait dans l’auberge.
    – Du vin d’Anjou, aubergiste ! commanda Triboulet.
    Un large broc d’étain fut déposé sur la table par l’aubergiste qui, sur un signe de Triboulet, s’éclipsa aussitôt.
    Triboulet remplit les deux gobelets.
    – Si nous reprenions la conversation au point où nous l’avons laissée ? dit Triboulet.
    – Où l’avons-nous laissée ? balbutia Montgomery.
    – Ah ! capitaine, vous manquez de mémoire. Je vais donc vous aider… Voyons, s’il m’en souvient bien, vous me prîtes par le bras, vous me fîtes sortir du Louvre, et vous me demandâtes de vous appuyer auprès du roi, vous figurant que j’étais rentré en grâce et faveur.
    – C’est la vérité ; où voulez-vous en venir ?
    – A ceci : je vous faussai compagnie, ce dont je m’excuse de tout cœur ; lorsque vous rentrâtes dans le Louvre, le roi vous ordonna de me conduire séance tenante à la

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