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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Jarnac sortit de l’auberge.
    Jarnac ne fut pas plutôt sorti qu’un homme apparut par la porte vitrée et se pencha sur le blessé.
    – Ne puis-je rien pour vous ? demanda-t-il.
    La Châtaigneraie ouvrit les yeux.
    Et une indéfinissable surprise se mêla sur son visage aux affres de la mort toute proche : il venait de reconnaître l’homme qui se penchait sur lui. C’était Triboulet.
    – J’ai tout vu, reprit celui-ci. Vous vous êtes bravement battus tous deux, et j’ai vraiment regret que vous soyez en si triste état, bien que je n’aie pas toujours eu à me louer de votre amitié à mon égard. Si je puis vous être utile, disposez de moi, je vous prie, et oubliez que vous m’avez haï jadis.
    La Châtaigneraie fit un effort pour parler.
    Peut-être l’idée lui vint-elle de donner à son ancien ennemi une preuve de cette gratitude.
    Car, rassemblant toutes ses forces, il essaya de prononcer une phrase. Mais le premier mot seul fut proféré :
    – Gillette…
    Au même moment, La Châtaigneraie se renversa, se raidit, un rauque soupir lui échappa, et ce fut tout…
    Au nom de Gillette, Triboulet avait tressailli, s’était penché encore davantage, aspirant pour ainsi dire de ses yeux ardents la pensée du blessé.
    Mais à l’instant où il espérait, avec un terrible battement de cœur, qu’il allait apprendre quelque nouvelle de sa fille, il s’aperçut qu’il ne tenait plus qu’un cadavre dans ses bras.
    Jarnac était rentré au château, et s’était rendu directement à l’appartement qu’occupait Diane de Poitiers.
    Celle-ci l’interrogea du regard.
    – C’est fait, répondit Jarnac.
    – Vous êtes un héros… Racontez-moi cela…
    – Oh ! ce fut bien simple. Je trouvai d’abord d’Essé et lui reprochai amèrement de porter un pourpoint cerise, en satin, alors que le mien est en velours noir. Il eut le mauvais goût de prendre mes reproches en mauvaise part, et trois minutes plus tard, par un contre de quarte suivi d’un coup droit en prime, je lui démontrai pour jamais qu’il avait eu tort de se fâcher. A l’heure qu’il est, le pauvret ne mettra plus de pourpoint cerise ou noir, velours ou satin.
    Si impassible et si dure que fût en réalité Diane de Poitiers, elle ne put s’empêcher de frémir.
    – Et l’autre ?…
    – Pour La Châtaigneraie, continua alors Jarnac, la chose fut également expédiée au mieux, bien que l’adversaire fut plus sérieux. Je le trouvai dans une misérable taverne, et du diable si je sais ce qu’il y allait faire, car le vin y est détestable. Bref, je le trouvai là attablé, et comme l’aubergiste émettait l’exorbitante prétention de le servir avant moi, je me saisis de sa bouteille et j’en brisai le goulot. Ce pauvre La Châtaigneraie eut le tort de se fâcher, et je fus obligé de lui renfoncer sa colère dans le ventre, d’un bon coup de dague.
    Diane de Poitiers demeura pensive.
    – Vous êtes un terrible serviteur, dit-elle au bout de quelques instants de cette songerie spéciale qu’ont les criminels lorsqu’ils ont accompli l’acte irréparable.
    Jarnac fixa froidement la maîtresse du dauphin Henri.
    – Madame, dit-il, je ne vois pas trop ce qu’il y a de terrible en tout ceci. Convenons donc une bonne fois de nos pensées et de nos sentiments. Que suis-je, moi ? Un bras qui frappe, voilà tout. Mais vous, madame, vous êtes le cerveau qui médite et conçoit. Or, si la mort de La Châtaigneraie et de d’Essé sont choses terribles, cela ne me regarde pas, moi.
    – Bien, bien, fit Diane de Poitiers en reprenant tout son sang-froid, je ne rejette pas ma part, croyez-le. J’ai mes nuits d’insomnie, comme vous avez peut-être les vôtres (Jarnac fit un signe de dénégation). Ce sera deux spectres de plus, voilà tout…
    – Spectre de bas étage, ricana Jarnac ; simple canaille… tandis que le vrai spectre…
    – Taisez-vous ! fit Diane de Poitiers, en regardant autour d’elle avec terreur.
    – Le spectre royal, acheva Jarnac, eh bien, madame, quand voulez-vous qu’il vienne hanter vos nuits ?… Je suis pressé, moi ! Vous m’avez promis la connétablie lorsque vous serez reine. Mais pour que vous soyez reine, et pour que je sois, moi, connétable de France, il faut que le vieux roi s’en aille reposer ses os à Saint-Denis… Le terrain est déblayé, maintenant… Il n’y a plus qu’à donner le dernier coup.
    – Je crois que vous avez raison… Il est temps

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