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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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souper réconfortant.
    A ce moment, une ombre se dressa devant la porte du cachot. Et la voix de Loyola gronda :
    – Eh bien ! que signifie ? Un grand prévôt qui fait évader un prisonnier ! Devenez-vous fou, comte de Monclar !
    Oui, c’était Loyola qui parlait ainsi.
    L’heure du supplice de Lanthenay approchait, et le révérend venait offrir les consolations de la religion au prisonnier, ce qui était une grande marque de l’estime où il le tenait. Car il ne se fût pas dérangé pour d’autres prisonniers, eussent-ils été d’illustres seigneurs.
    Mais Lanthenay lui avait tenu tête avec une audace qui l’avait déconcerté ; Lanthenay l’avait dangereusement blessé, lui qui se croyait invincible à l’épée.
    De tout cela, il résultait que la haine de Loyola pour Lanthenay s’était décuplée.
    Peut-être le haïssait-il plus qu’il n’avait haï Dolet.
    A l’aube, donc, Ignace de Loyola était sorti en toute hâte du monastère où il s’était réfugié depuis son aventure du Trou-Punais, et avait pris le chemin de l’hôtel de la grande prévôté.
    En arrivant à l’hôtel de la grande prévôté, Loyola vit des gardes et des domestiques rassemblés dans la cour et, à voix basse causant avec animation.
    Dès qu’il apparut, les conversations cessèrent, et tous ces hommes prirent cette attitude humble et penchée, particulière aux laquais qui se trouvent soudain en présence d’un maître.
    L’ordre donné par Monclar lui-même d’obéir, en toute occasion, au moine, le respect singulier que le grand prévôt lui avait témoigné, la peine qu’il avait prise de l’escorter lui-même jusqu’à la porte, d’autres indices encore avaient contribué à donner aux domestiques une haute idée de Loyola. Avec l’instinct spécial des serviteurs, ils devinaient en lui un redoutable personnage, si haut placé que le comte de Monclar, devant qui tremblaient la cour et la ville, tremblait à son tour en sa présence.
    Loyola avait, du premier coup d’œil remarqué que quelque chose d’étrange avait dû arriver.
    Il se dirigea vers le sergent qui commandait le poste.
    – Que se passe-t-il, mon brave ? demanda-t-il.
    – Mon père, fit le soldat d’un ton embarrassé, rien de bien grave…
    – Où est M. le comte de Monclar ?
    – Justement… c’est de cela que nous causions… Monseigneur le grand prévôt est dans les cachots, causant avec un prisonnier…
    – Lanthenay ?…
    – C’est cela, mon révérend…
    – Eh bien, qu’y a-t-il d’extraordinaire ?
    Le sergent se tut, n’osant répéter ce que les gardes et les domestiques étaient en train de se dire.
    – Conduisez-moi auprès de M. le grand prévôt, fit brusquement Loyola.
    – Tout de suite, mon révérend, dit le sergent qui n’était pas fâché d’aller voir ce qui se passait dans le cachot de Lanthenay.
    Mais son espoir fut trompé. Car, à la dernière marche, le moine le renvoya d’un geste.
    Loyola s’arrêta au pied de l’escalier.
    Immobile, le cou penché vers la porte du cachot demeurée ouverte et vaguement éclairée par la lanterne de Monclar, le moine écouta…
    Et quand il eut entendu ce que se disaient le père et le fils, quand il eut compris que Lanthenay lui échappait, le moine eut un effroyable sourire de haine.
    En lui, l’ancien chevalier, le rude jouteur d’armes, l’impétueux manieur d’estramaçon disparurent : il ne demeura que le sombre rêveur de despotismes surhumains, le patient et sinistre théoricien qui avait inventé que la fin justifie les moyens…
    D’un pas léger, il remonta au corps de garde, montra un papier au sergent, lui donna des ordres rapides et clairs…
    Puis, avec son même sourire, il descendit.
    A la voix de Loyola, Lanthenay tressaillit d’angoisse, une sueur perla à son front et, machinalement, il chercha à son côté son poignard absent.
    Mais Monclar avait jeté un cri de joie.
    – Mon père ! s’écria-t-il en s’avançant vers le moine, comme vous allez être heureux du bonheur qui m’arrive ! Ah ! soyez béni cent fois !… Car je n’en doute pas, c’est par l’intercession de vos prières que…
    – Comte de Monclar, interrompit rudement Loyola, vous avez le délire ! Quoi ! c’est vous qui délivrez les rebelles ! Car cet homme, vous le savez, est rebelle, traître à son roi et à son Dieu ; il a tenté d’assassiner Sa Majesté en plein Louvre ! Et malheur à tout sujet français qui

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