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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et poursuivit :
    — Je pense que le roi vous a envoyé en Écosse pour voir jusqu’à quel point vous pourriez faire reconnaître ses droits à la succession. Après tout, les héritiers d’Alexandre étaient tous morts, son épouse anglaise était enterrée depuis dix ans et le roi lui-même vieillissait. S’il mourait sans héritier, cela donnerait à notre roi toute liberté de manoeuvre. Mais Alexandre bouleversa tout cela : il entama des négociations secrètes avec les Français et — pire — épousa une jeune princesse française. La situation était grave pour Édouard : Alexandre s’était marié, il pouvait vivre encore une bonne vingtaine d’années et engendrer de solides garçons qui lui succéderaient, et ces fils seraient à moitié français ! Pour la première fois, les Capétiens auraient des « rois-vassaux » sur les marches même du royaume d’Angleterre ! Je suppose qu’Alexandre espérait resserrer les liens avec la France et que ce fut là l’objet de longs entretiens secrets et approfondis avec de Craon. Vous avez alors décidé de passer à l’action. Le roi Alexandre était bien connu pour faire peu de cas de sa propre vie, et pour parcourir le pays à bride abattue, par tous les temps et quel que fût le danger. Ce serait un jeu d’enfant que de s’arranger pour qu’un accident arrive à un tel monarque, surtout à un roi qui, après un long et grand règne, ne se connaissait pratiquement pas d’ennemis et n’avait souvent que deux hommes pour toute escorte. Et puis l’occasion s’est présentée, je suppose : la princesse Yolande se refusait à consommer son mariage. Pour quelle raison, ni vous ni moi ne le savons vraiment, mais son attitude vous a suggéré un plan. Vous avez probablement prié Seton de convaincre le roi de convoquer le Conseil tard dans l’après-midi du 18 mars. L’objet de cette réunion — la libération d’un baron écossais emprisonné en Angleterre — n’était pas de première importance. Alexandre s’ennuyait certainement et accepta donc volontiers d’organiser une réunion visant à libérer un de ses sujets, d’autant plus que l’initiative des négociations venait de l’envoyé d’Edouard en personne. A la réunion du Conseil, vous avez pris le roi à part et lui avez annoncé la grande nouvelle : la reine Yolande voulait absolument le voir cette nuit-là, lui présentait ses excuses pour sa récente attitude désagréable et lui demandait instamment de la rejoindre le jour même à Kinghorn.
    Benstede eut un rire étouffé.
    — Mais c’est ridicule ! s’exclama-t-il. Je suis la dernière personne à qui la reine Yolande se confierait !
    — J’en demeure d’accord, concéda Corbett. Mais vous lui avez rendu visite la veille de la réunion du Conseil. Vous lui aurez probablement présenté vos respects de diplomate. La reine aura dit quelque chose que vous aurez ensuite transformé en une tendre invitation personnelle. Si votre plan avait échoué, vous pouviez toujours prétendre que c’était la reine qui vous avait induit en erreur et vous auriez ainsi exacerbé la colère et la frustration d’Alexandre à son encontre. Voyez-vous, j’ai appris de la bouche même du confesseur royal, le père John, qu’Alexandre était si las des refus et protestations irascibles de la reine qu’il envisageait d’envoyer ce confesseur à Rome demander au pape l’annulation de son mariage pour non-consommation ainsi que l’autorisation de se remarier avec, cette fois-ci, une autre princesse française qui se montrerait plus accommodante. Vous étiez peut-être au courant. Oui, vous deviez l’être. Ce qui signifie que la question du temps devenait primordiale. Vous avez transmis l’invitation au roi, l’avez prié de n’en rien dire à personne et poussé à quitter la réunion du Conseil aussi vite que possible pour se rendre à Kinghorn. Quant à vous, vous êtes parti bien avant la fin de la réunion, accompagné de votre âme damnée. Vous êtes allés à Queensferry, mais n’avez pas demandé au passeur de vous faire traverser le Firth of Forth. Vous avez loué les services de l’autre homme, à qui vous aviez déjà fait croire que vous étiez français. Malgré la tempête, il vous a emmenés dans sa barque et déposés sur l’autre rive, en un lieu secret où vous aviez déjà dissimulé des chevaux, et vous vous êtes rendus, en pleine nuit, jusqu’en haut de Kinghorn Ness. Là, juste à l’endroit

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