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La couronne dans les ténèbres

La couronne dans les ténèbres

Titel: La couronne dans les ténèbres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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par la suite, qu’il était parti s’enivrer abominablement, à en perdre conscience. Quant au roi...
    Elle s’approcha si près de Corbett pour n’être entendue que de lui seul qu’il crut qu’elle allait l’embrasser, et son lourd parfum douceâtre envahit ses narines.
    — Quant au roi, dit-elle d’une voix sifflante, je le détestais. J’avais en abomination ses beuveries, ses nombreuses maîtresses, son corps dur et couvert de cicatrices. Peu m’importait s’il gisait sur la lande déserte en perdant tout son sang ! Me comprenez-vous, Messire l’Anglais ? Peu m’importait ! Je m’en moquais totalement ! Partez maintenant !
    Surpris par le fiel de ces paroles et la haine féroce qu’il lisait dans le regard de la jeune femme, Corbett s’écarta vivement et la regarda regagner majestueusement sa cabine. Puis il se tourna vers Selkirk et de Craon qui se tenaient près du bord opposé.
    — En avez-vous terminé, Messire Corbett ? demanda doucement de Craon, comme s’il était presque navré de l’accueil réservé au clerc.
    — Oui, mais il me faut vous interroger, vous, à présent, Monsieur* de Craon.
    — Alors, posez-les, vos sacrées questions ! jeta de Craon d’une voix hargneuse. Pour l’amour de Dieu, posez-les ! Que nous puissions enfin partir !
    Corbett s’approcha de lui et fut heureux de voir que Selkirk s’éloignait discrètement pour ne pas entendre leur conversation.
    — Eh bien ! vos questions, Monsieur*  ? reprit de Craon brusquement. Sont-elles prêtes ?
    — Oui ! répliqua Corbett d’un ton bref. Le défunt roi a-t-il jamais parlé de son mariage avec vous ?
    — En quoi cela vous regarde-t-il ? s’insurgea de Craon avec violence. Les conversations qu’ont ensemble un envoyé français et un monarque écossais ne sont guère du ressort d’un envoyé du roi Edouard d’Angleterre.
    Corbett sentit qu’il ne progresserait pas si de Craon continuait dans cette veine. Il s’approcha donc d’un petit crucifix de bois cloué au mât et y posa la main.
    — Je jure, lança-t-il d’une voix forte, que je n’ai nullement l’intention d’espionner pour le roi d’Angleterre. Je le jure par cette croix. Je jure également que tout ce que je fais a reçu l’assentiment de l’évêque Wishart !
    Puis il revint vers le diplomate.
    — Monsieur* de Craon, dit-il d’un ton pressant, je dis la vérité. Je comprends que Lady Yolande est de noble lignage et que vous êtes le principal instrument de son mariage avec le défunt monarque. Mais je sais également qu’à cause de Lady Yolande cette union ne fut jamais consommée.
    L’envoyé français sursauta, prêt à jouer les courtisans indignés, mais le regard calme de Corbett le fit s’apaiser. Il pinça les lèvres, passa d’un pied sur l’autre, essayant de dissimuler son embarras et sa surprise devant ce clerc si malin et si dangereux. Il haussa les épaules en souriant, regrettant dans son for intérieur de ne pas l’avoir tué et se promettant de le faire à la prochaine occasion. De son côté, Corbett observait le Français : sa perspicacité lui fit comprendre qu’il avait deviné juste et il n’attendit pas pour refermer le piège.
    — Avez-vous parlé de Lady Yolande au roi Alexandre à la réunion du Conseil, le soir où il est mort ?
    — A peine, étant donné la présence des autres !
    — Avec qui le roi a-t-il conversé ?
    — Avec Lord Bruce, l’évêque Wishart, ses écuyers Seton et Erceldoun et Benstede.
    Il cracha ce dernier nom.
    — Mais vous aviez passé la journée précédente en compagnie du roi, n’est-ce pas ?
    — Oui, répondit de Craon d’un ton maussade.
    Corbett referma le piège en s’efforçant de maîtriser son excitation.
    — Est-ce alors que vous avez évoqué un mariage possible avec la princesse Marguerite, soeur du roi Philippe IV de France ?
    De Craon se redressa et s’exclama :
    — Messire ! Vous allez trop loin ! Cela ne vous regarde absolument pas ! La princesse Marguerite est de sang royal. Vous n’êtes pas digne...
    Il s’interrompit soudain et regarda Corbett avec un sourire glacial.
    — Bien joué, Monsieur* , murmura-t-il. Très adroit. Vous êtes un clerc fort habile, Monsieur* Corbett Il s’éloigna et traversa le pont.
    — Trop habile pour le monde d’ici-bas, Monsieur* ! Au revoir* !
    — Je suis sûr que nous nous reverrons, murmura Corbett, mais le Français ne l’entendit pas.
    Il criait déjà

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