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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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changement ? L’évêque ne s’en ouvrit à personne, mais nul n’ignorait qu’il souhaitait éviter d’autres tumultes en renforçant le huis clos.
    Nouvelle demande de serment ; nouvelle réserve de la Pucelle.
    – Plus vous insisterez, dit-elle plus tard, moins je vous donnerai satisfaction !
    L’interrogatoire porta sur ses armoiries, sa bannière, ses ressources, le signe du roi. Excédée par cette insistance, elle prit le parti de ne plus répondre.
     
    Le lendemain, nouveau changement de lieu : c’est dans la demeure de l’évêque qu’eut lieu cette audience... en l’absence de l’inculpée mais en présence de Jean Lemaître qui, venant de recevoir ses pouvoirs, paraissait dans ses petits souliers.
    Cette commission, à laquelle s’étaient joints quelques nouveaux éléments, élabora essentiellement un plan destiné à confondre une fois de plus l’obstinée. On se rendit ensuite dans la prison où Jeanne, venant d’achever son brouet, somnolait.
    On voulut savoir quel était l’ange qui avait délivré un signe au soi-disant dauphin, à Chinon. Était-ce le même que dans le jardin de son père ? C’était le même. Ne l’avait-il pas trahie en ne lui révélant pas qu’elle serait prise devant Compiègne ? Si elle avait été prise, c’est que cela convenait au Seigneur.
    Flagellée de questions et de menaces, elle se cramponnait aux montants de son grabat, consciente qu’on cherchait à lui faire effectuer un faux pas fatal. À bout de forces, les nerfs à vif, elle fondit en larmes.
    – Il suffit ! lança Jean Lemaître. Vous tourmentez inutilement cette pauvre fille !
    – Cette pauvre fille, comme vous dites, répliqua d’Estivet, est une hérétique de l’espèce la plus coriace, mais nous viendrons à bout de sa résistance.
    À l’audience du lendemain Jean Lemaître s’abstint de paraître.
     
    Maître Jean Lohier disparu, la gendarmerie du gouverneur à ses trousses, l’évêque reçut la visite d’une autre mauvaise tête. Avant de demander audience à Pierre Cauchon, Nicolas de Houppeville, clerc de grande renommée en Normandie, avait pris la précaution de s’informer du déroulement de la procédure. Ce petit homme à peau brune, au front dégarni, au parler haut et sec, avait la réputation de ne pas s’en laisser conter.
    – Votre procès, monseigneur, dit-il, est parti du mauvais pied. Il devrait y avoir, comme dans tout tribunal digne de ce nom, des gens des deux parties. Je n’y vois point ceux de la défense...
    – Nous avons dû, répliqua sèchement l’évêque, mener ce procès rondement. Les Anglais sont pressés. Nous ne pouvons perdre un temps précieux à convoquer des gens de France qui, de toute manière, ne seraient pas venus.
    – Vous accablez cette fille de questions oiseuses, alors qu’elle a déjà été soumise à l’examen des clercs de l’Université réfugiés à Poitiers, qu’elle a été jugée vierge, qu’elle a oeuvré avec l’archevêque Regnault, votre métropolitain je vous le rappelle, au moment du sacre du roi Charles...
    – Seriez-vous, maître Nicolas, en train de trahir notre cause ? Je pourrais vous faire citer devant mon tribunal et vous faire répéter vos accusations !
    – Pardonnez-moi mais, si vous le faites, je me déroberai. Je relève de l’officialité de Rouen et l’évêque de Beauvais que vous êtes ne saurait être mon juge.
    Sous cet assaut brutal l’évêque perdit de sa superbe.
    – Au moins, dit-il, accepteriez-vous de siéger comme assesseur ?
    – N’y comptez pas davantage ! Ce procès ne me plaît guère. Demain j’aurai quitté Rouen.
    Nicolas de Houppeville ne put réaliser son projet : au moment de quitter son domicile il trouva deux gardes devant sa porte.
    Il fallut retenir par le fond de leur robe plusieurs assesseurs qui, devant la tournure que prenait la procédure et jugeant qu’à la moindre réserve ils risquaient leur sécurité, songeaient à déserter.
    Dieu merci on ne manquait pas de bonnes âmes pour les remplacer...
    1 - À cette date, le trône de Saint-Pierre était vacant. Le pape Martin V était mort quelques jours avant. À Rouen on l’ignorait.

Rouen, mars 1431
    Jeanne se demandait ce que les greffiers pouvaient bien écrire, de quelle manière ils traitaient les questions et surtout ses réponses... Elle entendait dans son dos le grincement de leurs plumes sur le parchemin, un bruit insupportable qui lui rappelait celui que les rats faisaient la nuit dans

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