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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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la Bergère firent beaucoup de bruit et de fumée pour de piètres résultats : quelques merlons emportés, des ébréchures, des éraflures... Seul résultat positif, la panique occasionnée dans la place par ce feu d’artifice.
    Charles d’Albret soupira :
    – Jeanne, nous ne viendrons jamais à bout de cette ville et le temps presse. Le mieux serait de passer outre et d’aller planter notre camp devant La Charité. C’est là que nous trouverons Perrinet. Il doit nous y attendre, le bougre !
    – Attendons demain, répondit Jeanne. Nous lancerons un assaut général. Nous avons vu pire à Jargeau...
    Le jour, qui s’était éteint dans une cendre humide, s’éveilla dans la boue après les incessantes averses de la nuit. Les chefs s’interrogeaient sur l’efficacité de ce dernier assaut mais la troupe rongeait son frein. Jeanne en eut la conviction lors de son inspection matinale ; elle fut accueillie par des ovations :
    – Nous sommes avec toi, Jeanne !
    – Cette ville est à nous !
    On eut, ce matin-là, quelque difficulté à mettre en service la Bergère et les autres pièces à feu, l’humidité ayant gâté la poudre. Jeanne prit la tête des assaillants lorsqu’ils se mirent en branle dans un concert de vociférations et d’encouragements. La première échelade se révéla désastreuse, le fossé ayant été comblé à la hâte, comme devant la porte Saint-Honoré, à Paris. Convaincue par ses capitaines d’ordonner la retraite, Jeanne demeura sur place avec un dernier carré.
    – Suivez la consigne, lui dit Jean d’Aulon. Vous en avez assez fait. Souvenez-vous de ce qui s’est passé devant Paris. Si vous restez seule vous ne survivrez pas.
    – Seule ? fit Jeanne d’un air rêveur. Qui vous dit que je le suis ? J’ai cinquante mille hommes de troupe autour de moi. Je ne partirai pas avant que la ville soit tombée. Regardez le clocher de cette église qui pointe au-dessus des remparts. J’y dirai mes prières avant la nuit.
    Il se dit qu’elle avait perdu l’esprit lorsqu’il la vit se dresser et, de la voix mâle qu’elle prenait dans le commandement, s’écrier :
    – Allons, réveillez-vous, mes amis ! Tous aux fagots et aux claies ! Nous en aurons besoin pour traverser ce maudit fossé !
    Elle se mit elle-même à besogne stimulant l’ardeur de ses hommes, les encourageant en leur tapant sur l’épaule, se moquant des traînards. Sceptiques, Charles d’Albret et les autres capitaines se tenaient en selle, à l’écart, se demandant ce qu’allait entreprendre cette folle.
    Le pont établi, ce fut chez les assiégeants une ruée générale. Ceux qui avaient commencé à démonter les tentes reprirent les armes. Une première vague d’assaut menée par la Pucelle prit la barbacane, se répandit avec des hurlements sur le boulevard, posa des dizaines d’échelles contre la muraille et entreprit l’escalade. Les premiers assaillants donnaient de l’épée et de la hache dans les groupes de défenseurs quand Charles d’Albret, éberlué, lança l’ordre d’avancer à ce qui restait d’hésitants. On entendait les ahays retentissants de Jeanne jaillir de la rumeur, quand le pont s’abattit, livrant passage aux premiers cavaliers de Boussac et de Bourbon.
    Dans le crépuscule jaune succédant à la pluie, Jeanne, accompagnée par la foule des habitants heureux d’être débarrassés de la tutelle écrasante de Gressart, alla faire ses dévotions à l’abbatiale des bénédictins de Cluny.
     
    Jeanne mit son armée au repos une quinzaine avant de pousser les premières reconnaissances vers La Charité. On avait subi de lourdes pertes ; les subsistances tiraient à leur fin et les soldes n’arrivaient pas. Jeanne se souvenait qu’au moment où elle mettait le pied à l’étrier, le roi lui avait dit :
    – Cette campagne, ma fille, ne sera pas de tout repos. Ton premier adversaire sera cet hiver précoce qui risque d’être rude. Ton second, tu le connais : une armée peu nombreuse. Il faudrait dix mille hommes pour cette campagne, et nous sommes loin du compte. Ton troisième adversaire, et pas le moindre, sera la ténacité de Perrinet Gressart. Cet homme tient du diable.
    – Dieu sera avec moi, avait répondu Jeanne. Je ne crains pas les pièges du malin.
    La Trémoille, quant à lui, avait minimisé les risques :
    – À vous seule, Jeanne, vous valez dix mille hommes. En cas de nécessité, faites appel à certaines villes comme Clermont ou Riom qui ont

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