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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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obstacle à une autre tentative de siège dont ils devaient bien se douter que Jeanne mûrissait l’idée ; reprendre possession de la rive droite de la Loire et menacer ainsi le royaume de Charles si les renforts que l’on attendait d’Angleterre le permettaient...
    Bedford avait soumis ce vaste programme au petit roi Henri : il n’avait que neuf ans, manifestait peu d’intérêt pour des problèmes qui dépassaient son intelligence et son expérience mais était entouré de ministres compétents, notamment de son mentor, le cardinal de Winchester, et de son gouverneur, le comte de Warwick.
     
    Nouvelle entrevue entre Jeanne et le Piémontais, une dizaine de jours plus tard.
    Cette fois-ci Baretta lui avait fixé rendez-vous sur le marché, déguisé, pour l’occasion, en maraîcher. Il entraîna Jeanne vers l’église Saint-Ytier. Il paraissait soucieux. Les dernières nouvelles n’avaient rien de réjouissant.
    Jean de Luxembourg s’avançait en direction de l’Oise. Chaque jour, de gré ou de force, des villes tombaient à sa merci. Les habitants de Compiègne avaient beau proclamer urbi et orbi que, plutôt que de se rendre, ils préféraient disparaître, eux, leurs femmes et leurs enfants, ils s’attendaient dans l’angoisse à voir surgir les avant-gardes de l’ennemi.
    Le Piémontais demanda à sa compagne comment, face à ces nouvelles alarmantes, se comportait le roi. Elle ne pouvait rien en dire, sinon qu’il paraissait apathique, indifférent, morose, endormi qu’il était par ses favoris et ses petites maîtresses.
    – Il faut le secouer, Jeanne ! s’exclama Baretta, lui montrer le danger qu’il court s’il ne réagit pas. L’attitude qu’il adopte est la pire qui soit : c’est celle des autruches qui se cachent la tête dans le sable pour ne pas voir le danger !
    – Secouer Charles... balbutia Jeanne. S’efforcer d’ébranler cette montagne de passivité... Une seule personne aurait pu le faire : Madame Yolande, sa belle-mère, mais elle n’est plus là pour le rappeler à ses devoirs. Peut-être se réveillera-t-il brusquement. Il est coutumier du fait.
    – Peut-être. Lorsque Jean de Luxembourg aura pris Compiègne et menacera Reims !
    – Jamais, moi vivante, dit Jeanne, les Bourguignons n’entreront dans Compiègne...
     
    Compiègne... Reims... Anglais et Bourguignons pénétrant à cheval dans la cathédrale du Sacre... À cette seule perspective Jeanne sentait son sang s’échauffer. Elle avait confiance dans la garnison et les défenses de la première de ces deux villes, mais Reims était mal préparée à un siège. Elle prit une décision hardie : celle d’écrire aux bourgeois pour les rassurer, leur dire qu’elle ne les oubliait pas. Elle dicta à Pasquerel une lettre destinée à ses très chers et bons amis, gens d’Église, bourgeois et autres habitants. Pasquerel resta la plume en l’air.
    – Vous savez le risque que vous encourez ? Si cette lettre ou sa copie tombe entre les mains du roi, vous pourriez payer très cher votre imprudence. Que diriez-vous s’il vous renvoyait à Domrémy ?
    – Il ne le fera pas. Il peut avoir encore besoin de moi. Écrivez...
    Elle recommandait aux Rémois de fermer leurs portes en cas de surprise, leur annonçant que, le cas échéant, elle accourrait et qu’elle ferait chausser leurs éperons aux Anglais si vite qu’ils ne sauraient plus où les prendre, et cela bientôt. . Elle leur demandait de rester bons et loyaux et priait Dieu qu’il les ait en sa sainte garde.
    – Ajoutez, dit-elle : Je vous annoncerais encore quelques nouvelles dont vous seriez bien joyeux, mais je crains que les lettres ne soient prises en chemin et que l’on vît lesdites nouvelles.
    – Tout cela est bien obscur, dit Pasquerel. Que vont bien pouvoir comprendre vos bons amis de Reims ?
    – C’est un secret, rétorqua Jeanne, et je ne puis le révéler à personne, pas même à vous. Datez cette lettre du seizième jour de mars et veuillez me la relire...
     
    Il ne s’était pas écoulé une semaine quand Jeanne, convoquée devant le Conseil royal, apprit d’emblée le motif de cette invitation et ce qu’elle devait en attendre : une semonce.
    Monseigneur Regnault paraissait d’une humeur de chien, La Trémoille nerveux et agité, Charles écrasé de tristesse, nez long et bouche amère.
    – Jeanne ! s’écria le chancelier Regnault, vous êtes décidément incorrigible ! Cette lettre aux bourgeois de Reims est d’une

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