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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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l’Angleterre et l’un des ministres du roi. Charles ajouta que la famille de Luxembourg avait, dans un lointain passé, donné quatre empereurs à l’Allemagne.
    – Jean, ajouta-t-il, est un illustre personnage et un capitaine émérite. Il est laid à faire peur, son visage est monstrueux : une hache d’armes lui a tranché le nez, une flèche lui a crevé un oeil et il porte des balafres sur tout le corps. C’est dire qu’il ne fait pas bon lui chanter pouilles.
    – Il en faudrait bien davantage pour me faire peur, répliqua Jeanne.
    Charles se leva, la prit dans ses bras, versa quelques larmes dans son épaule.
    – Je t’aiderai dans la mesure où cela me sera possible, dit-il, en évitant d’éveiller la suspicion de mes ministres. Je vais regretter de te voir reprendre ta tenue guerrière : ces robes de femme t’allaient si bien...

7
    Le piège de Compiègne

Compiègne, mars-avril 1430
    Elle savoure en silence ces moments de bonheur retrouvé : se faire revêtir de son harnois par Louis de Coutes, veiller elle-même à ce que son cheval soit correctement sellé, bridé et pansé, se hisser sur la selle d’un bel élan souple, assurer son assiette, prendre dans son poing la bannière au Jhésus-Maria que Jean d’Aulon lui tend, faire claquer la bride sur l’encolure du cheval et lancer un coup de sifflet pour donner le signal du départ...
    Sa suite, c’est la compagnie de cavaliers que lui a confiée le roi : un capitaine, quelques hommes choisis parmi ses premiers compagnons de la campagne de Loire et qui l’ont suivie sur la route du sacre : des hommes au courage et à la fidélité éprouvés. Ses deux frères, Pierre et Jean, qui portent ses armoiries sur leur pourpoint, se sont joints à elle sur sa demande : ils l’encadrent et veillent jalousement sur elle.
    La veille au soir, au cours d’une veillée devant la grande cheminée de sa chambre, Charles lui a dit :
    – Il faudra quitter le château de très bonne heure pour ne pas éveiller la curiosité du Conseil et de la Cour. Je serai présent mais tu ne me verras pas. Je dois faire en sorte de laisser croire à une fugue de ta part ou à des affaires à régler dans les parages. De toute manière je ne veux rien savoir de ce que tu t’es mis en tête d’entreprendre, et qui est peut-être une folie. Je m’attends à un beau charivari dans mon Conseil mais j’en fais mon affaire. Je répondrai aux questions que l’on ne manquera pas de me poser que tu es partie secrètement et que les gens qui t’accompagnent sont des volontaires.
    Charles assiste de sa fenêtre à cette fugue, emmitouflé dans sa houppelande mal fermée sur sa chemise, tête nue, presque chauve déjà. Derrière lui ondoie une chevelure blonde.
    Il a plu toute la nuit. Le château s’est réveillé dans un cocon de brume flottant sur les douves où les canards commencent leur va-et-vient et leur vacarme. Un cerf a rassemblé ses biches au milieu du parc comme un potentat le cercle de ses favorites. De la ville montent les premières rumeurs du marché.
    Barthélemy Baretta a déjà mis ses hommes sur le pied de guerre. Il a donné rendez-vous à la Pucelle dans les parages de Bonnée, à moins d’une lieue de la ville. Ils traverseront de conserve la forêt et feront étape à Lorris où le Piémontais a des intelligences et le logement assuré pour lui et ses hommes.
    Plus ému qu’elle, il descend de cheval, l’aide à mettre pied à terre, la serre dans ses bras.
    – Jeanne... murmure-t-il, j’attendais ce jour depuis longtemps sans trop y croire. Moi, le pauvre apprenti maçon de Pinerolo, devenu capitaine de Jeanne la Pucelle... Madre mia, je monte en grade ! Si quelqu’un m’avait prédit ce qui m’arrive aujourd’hui je lui aurais ri au nez.
    Il se tourne vers ses hommes, leur lance :
    – Les gars, je vous présente votre nouveau chef : Jeanne, dite la Pucelle. Vous avez tous entendu parler d’elle et quelques-uns l’ont vue à l’oeuvre à Patay ou à Jargeau. Faudra lui obéir, éviter de jurer devant elle le saint nom de Dieu. Elle a horreur de ça. Faudra pas non plus lui manquer de respect. Le premier qui s’y risquera je lui botterai le cul, ou pire encore !
    Une rumeur d’approbation monte de la multitude ; des bonnets et des casques s’agitent au bout des lances et des épées ; des vivats éclatent comme dans une fête. Baretta réclame le silence pour ajouter :
    – Encore un mot ! Prenez garde, les gars : si je surprends

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