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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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l’un de vous à lui pincer les fesses, ce sera la corde !
    Des rires lourds saluent cette dernière mise en garde. Il ajoute à l’intention de Jeanne :
    – Tu excuseras la vulgarité de mes paroles, mais c’est le seul langage que comprennent ces sauvages.
    – Ce langage, je le connais et il ne me choque pas. C’est celui que j’entends depuis que j’ai quitté Vaucouleurs.
    – Eh bien, en route ! Nous avons du chemin à faire.
    Alors que l’on s’engage sous les premiers couverts de la forêt, il expliqua à Jeanne qu’il lui a amené une troupe peu nombreuse : une centaine de cavaliers, soixante-dix archers et arbalétriers (mais des meilleurs), deux trompettes pour la fantaisie plus que pour l’utilité. D’autres contingents doivent les rejoindre en cours de route, ce qui fera finalement une jolie petite armée .
     
    À Lorris on passa la soirée à établir un itinéraire susceptible d’être remanié au gré des circonstances. Jeanne tenant à se rapprocher le plus possible de Paris, on passerait par Melun, Lagny et Saint-Denis : trajet dangereux bien que l’armée de Philippe en fût assez éloignée : on risquait un affrontement avec les troupes anglo-bourguignonnes de la capitale.
    – J’ai appris, dit Baretta, que l’armée de Philippe va recevoir du renfort : deux mille Anglais qui ont débarqué ces jours derniers à Calais. Ce n’est pas rien ! Pas question d’affronter une telle armée en rase campagne : nous serions balayés. Notre force, c’est le mordant et la mobilité. De plus c’est toi qui mènes la troupe, et ça non plus ce n’est pas rien...
     
    Baretta n’avait pas tardé à constater que la présence de Jeanne agitait les populations. En s’enfonçant en Île-de-France, sa venue faisait l’effet d’un fer de lance porté au rouge et plongé dans l’eau : tout bouillonnait autour d’elle. Prévenues de son arrivée les autorités chassaient les garnisons anglo-bourguignonnes et bannissaient les tenants de Philippe. La petite armée trouvait en pénétrant dans ces villes des chemins tapissés de verdure, des groupes de femmes et d’enfants leur jetant des fleurs, des hommes agitant leurs bonnets. Sans se sentir constituée en orgueil, comme le lui avait reproché Regnault, elle ne pouvait bouder le sentiment de fierté et de satisfaction qui l’animait. Ses deux frères, quant à eux, buvaient jusqu’à l’ivresse ce vin de gloire.
    Baretta s’étant informé auprès de sa compagne du sort de ses anciens compagnons, elle lui répondit que, depuis leur séparation, au pont de Gien, elle en avait peu de nouvelles. Ce n’étaient pas, pour la plupart, des gens susceptibles de s’accrocher à des souvenirs, des nostalgies ou des regrets. Terminée la belle aventure ils s’étaient dispersés comme un vol d’oiseaux de proie vers leur famille, leurs affaires, leurs amours.
    Pour Jean d’Alençon la Normandie était un nouveau champ d’action riche en exploits. La Hire, revenu à sa vocation première de chef de bande, écumait la Basse-Normandie et enlevait Château-Gaillard aux Anglais pour délivrer l’un de ses compagnons. Gilles de Rais, le sombre et séduisant seigneur de Vendée, partageait son temps entre les fêtes où il achevait de dépenser sa fortune, et des opérations guerrières. On disait de Dunois qu’il s’était donné comme mission de poursuivre l’oeuvre de Jeanne, mais c’est auprès d’elle qu’elle eût aimé le voir. Éteintes les grandes flammes de l’épopée, Arthur de Richemont, Xaintrailles, Boussac étaient retombés dans l’ombre.
     
    Jean d’Aulon, gardant le contact avec la Cour de Charles, apprit que Regnault, à peine arrivé à Compiègne, avait adressé au roi un message empreint à la fois de déception et de crainte. Il avait gardé jusqu’au bout l’espoir que Philippe n’oserait pas porter les armes contre son cousin ; il avait dû déchanter : Philippe avait lancé son armée sur Péronne et s’apprêtait à prendre la route de Compiègne.
    – Il faut bien en convenir, dit l’intentant, toi seule avait raison, contre tous ou presque.
    La troupe parvint sous les murs de Melun la semaine de Pâques, par un beau temps clair. Jeanne y essuya son premier affront. La ville était en principe fidèle au roi Charles, mais Jeanne trouva porte close et aux remparts des gens fort hargneux qui l’interpellaient sans complaisance : quelle était cette bande de gueux qui l’accompagnait ? comment se

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