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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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imprudence ! Quand cesserez-vous de vous mêler des affaires du royaume, de jouer les diplomates, alors que vous savez tout juste signer de votre nom et que vous êtes dépourvue d’expérience ? Faudra-t-il qu’on vous mette aux arrêts pour vous faire renoncer à de telles initiatives ?
    Jeanne se rebiffa vertement :
    – Ce que j’ai écrit aux gens de Reims, c’est ce que vous-même auriez dû écrire ! Et vous n’en avez rien fait !
    – Voyez la donneuse de conseils... bougonna La Trémoille.
    – Pour qui vous prenez-vous ? aboya le vieux Gaucourt.
    – Et que signifie, ajouta Regnault, cette histoire de bonnes nouvelles que vous ménagez aux Rémois ? Nous vous sommons de nous l’expliquer !
    – Je ne puis rien vous en dire, monseigneur : mes voix me l’ont interdit.
    – Vos voix ! toujours vos voix ! En fait, ma fille, vous êtes constituée en orgueil. Vous vous prenez pour une nouvelle Judith.
    Elle s’apprêtait à riposter quand elle l’entendit marmonner :
    – Au diable cette garce ! Quel soulagement si elle disparaissait...
     
    Une nouvelle rencontre avec Baretta apprit à Jeanne que l’armée de Jean de Luxembourg avait mis le cap sur Compiègne.
    – Si tu es toujours décidée à te joindre à moi, dit le Piémontais, nous pouvons passer aux actes avec quelques centaines d’hommes. Le comte de Luxembourg dispose de quatre mille Anglais et Bourguignons. Il a de l’artillerie et du matériel de siège en suffisance pour assiéger n’importe quelle place forte. Il a même des équipes de mineurs. C’est dire que ni Compiègne ni Reims ne pourraient résister longtemps.
    – Tu m’apportes des nouvelles, fit Jeanne ; je vais t’en confier une dont je ne sais trop que penser : le chancelier Regnault vient de prendre la route de Compiègne avec Clermont et Bourbon. Cela devrait me rassurer, mais j’ai des doutes, connaissant ses attaches avec Philippe. La garnison bourguignonne a été chassée au lendemain du sacre et remplacée par des gens du roi, mais le capitaine général, Guillaume de Flavy, ne me dit rien qui vaille. Que faire, Baretta ? que faire ?
    – Quitter Sully, Jeanne, te joindre à moi et marcher sur Compiègne sans perdre de temps.
     
    Charles prenait son matinel lorsque Jeanne, sans se faire annoncer, pénétra dans sa chambre.
    – Sire, dit-elle, je vais quitter Sully, avec votre permission.
    – Elle t’est accordée. Où souhaites-tu te rendre ? À Orléans pour t’installer dans ta demeure, à Bourges où Marguerite La Touroulde t’attend avec l’impatience que tu sais ? À Domrémy, peut-être ?
    – Non, sire, je souhaite partir pour Compiègne.
    Charles avala de travers son morceau de massepain, toussa, se leva lentement.
    – Pour Compiègne, vraiment ? Quelle est cette nouvelle lubie ? Où vas-tu trouver une troupe prête à te suivre ? Attends-tu une inspiration du Ciel ?
    – Cette troupe, sire, est à ma disposition dès à présent. C’est celle de Barthélemy Baretta.
    Charles suffoqua de nouveau ; son visage passa au rouge de la pivoine.
    – Baretta, dis-tu ? Ce chef de bande, ce pendard, ce...
    – J’irai le rejoindre dès demain. Il a mis quelques centaines d’hommes à ma disposition.
    Charles agita ses bras comme pour chasser une guêpe, s’approcha de Jeanne et lui dit d’une voix geignarde :
    – Jeanne, ma chère enfant, tu devrais comprendre que je suis un souverain malheureux. Tu connais les gens de mon Conseil : pour la plupart des traîtres ou des pleutres ou les deux à la fois. Tu sais aussi combien il m’est difficile de leur imposer mes volontés. Tu veux partir ? Mon Conseil te l’interdirait, quitte à te jeter en prison. Eh bien, moi, j’y consens ! Mais je t’en conjure, pas d’imprudences, pas de folies ! Fais en sorte que ce gredin de Baretta ne t’entraîne pas dans des aventures qui pourraient te coûter la vie.
    Jeanne s’agenouilla, lui embrassa les genoux comme elle l’avait fait à Chinon. Il la fit se relever et s’asseoir près de lui sur un coffre.
    – Sans doute ignores-tu qui est l’adversaire que tu risques d’avoir en face de toi : Jean de Luxembourg.
    Il lui révéla que ce personnage avait une double nature : il était une créature du duc de Bourgogne en tant que suzerain de ce prince mais il était en même temps à la solde des Anglais qui lui versaient une rente confortable au titre de conseiller du jeune roi Henri. Son frère, le cardinal Louis, était entièrement dévoué à

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