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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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naguère par le frère Pasquerel une lettre leur enjoignant de déposer les armes et de retourner dans le sein de l’Église s’ils ne voulaient pas risquer de la voir surgir à la tête d’une croisade qui, elle, ne serait pas déviée vers d’autres causes.
    Le prieur sourit dans sa barbe grise en prenant connaissance d’une copie de cette philippique.
    – C’est, dit-il, une initiative fort maladroite de votre part. Vouloir reprendre à votre compte le projet du cardinal de Winchester, suppléer sa carence, assurer le succès de son projet est absurde ! Je réprouve cette hérésie qui menace tout l’Empire d’Allemagne, mais elle avait sa raison d’être au départ : les abus du clergé. Je souhaite pour vous, ma fille, que cette lettre ne soit pas parvenue à destination.
     
    Un matin, au saut du lit, prise d’une inspiration subite motivée par son impatience de reprendre la route, Jeanne décida de pousser une opération de reconnaissance en direction de Paris. Le remplaçant de Foucault y mit le holà ! C’eût été se jeter dans la gueule du loup pour une simple promenade. Il était responsable de la sécurité de la Pucelle en attendant le retour de l’expédition.
    Jeanne n’eut pas à attendre longtemps : quatre jours après leur départ, Foucault et Baretta étaient de retour à Lagny, précédant une troupe qui poussait des clameurs de triomphe.
    – Nous avons surpris la bande à Franquet alors qu’elle cheminait vers Paris, dit le capitaine de la garnison. Nous lui sommes tombés dessus à la corne d’un bois et en avons fait de la chair à pâté, mais nous te ramenons Franquet sain et sauf, ainsi que quelques capitaines que nous allons envoyer au gibet pour distraire la population.
    – Ils étaient plus nombreux que nous, ajouta Baretta, mais tellement encombrés de butin qu’ils pouvaient à grand-peine se défendre. Nous avons distribué les prises à nos hommes, gardé un peu de monnaie pour notre peine et libéré les pauvres garces entassées dans les chariots comme des brebis qu’on mène au boucher.
    Jeanne ayant souhaité qu’on lui amenât Franquet, on le jeta à ses pieds, penaud et saigneux. Il protesta qu’on n’avait pas le droit de le retenir prisonnier : il s’était battu pour le roi de France et lui restait fidèle.
    – C’est surtout pour toi que tu t’es battu ! riposta Jeanne. Je suis au courant de tes exploits : ils consistent surtout à martyriser et à tuer des pauvres gens et des clercs pour leur arracher leur bien.
    – Et alors ? Comment veux-tu que je nourrisse et que je solde les gens du roi qui composent ma troupe ?
    Jeanne en vint sans plus tarder à ce qui motivait cette prise :
    – As-tu entendu parler d’un certain Jacques Guillaume, dit le Seigneur de l’Ours ? Il a été pris dans la rafle à la suite d’un complot. Sais-tu ce qu’il est devenu ?
    – Si je le connaissais ? fit Franquet. Un brave type mais une tête folle. Il faisait partie des conjurés qui ont été décapités aux Halles. Des témoins de l’exécution m’ont rapporté la nouvelle. C’est une bien triste affaire...
    Jeanne blêmit, chancela, mais se reprit.
    – Triste affaire pour toi aussi, Franquet. Tu viens de signer ton arrêt de mort. J’avais prévu de t’échanger contre lui, mais, comme il n’est plus de ce monde, tu vas aller lui tenir compagnie. Je vais te faire remettre au bailli de Senlis qui souhaite depuis belle lurette te rencontrer. Tu devines pourquoi ?
    Franquet se démena comme un beau diable dans ses entraves, protestant que les lois de la guerre et de l’honneur voulaient qu’il fût mis à rançon. Jeanne eut un mince sourire et rétorqua :
    – La guerre, dit-elle, tu la mènes à ta manière, qui n’est pas la bonne. Quant à l’honneur, tu as oublié ce dont il s’agit.
    Informé le jour même de cette prise, le bailli de Senlis, Jean de Troissy, procéda à l’interrogatoire du chef de bande et décréta qu’il serait exécuté en place publique sans autre forme de procès.
    – C’est un comportement, objecta Jean d’Aulon, que l’on pourrait vous reprocher. Logiquement, ce prisonnier devait être mis à rançon.
    – J’ai fait selon ma conscience ! protesta-t-elle. Ce brigand s’était rendu coupable de trop de crimes pour prétendre à quelque forme de clémence que ce soit. Tout ce que je puis faire pour lui c’est prier pour le salut de son âme... si toutefois il en a une !
    Jeanne devait apprendre que ce

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