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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Jeanne ?
    – Mes voix... Elles m’ont dit que j’allais être prise avant la Saint-Jean. Elles ne se trompent jamais. Quel temps de liberté me reste-t-il ? Un mois à peine.
    – Ne prenez pas ces révélations trop à coeur. Il peut, en un mois, se passer beaucoup d’événements capables de changer le cours des choses, que ni vos saintes ni Dieu ne pourraient prévoir.
    Elle se laissa reconduire jusqu’au camp, prit place entre Pierre et Jean qui dévoraient goulûment le maigre brouet de la troupe. En dépit du jeûne dont elle venait tout juste d’émerger elle mangea sans appétit.
    Elle passa une nuit agitée, en proie à des hallucinations, à des visions incohérentes qui lui mettaient le corps en sueur et la tête à l’envers. Jean d’Aulon, qui partageait la tente de la Pucelle avec Louis de Coutes, veilla sur elle toute la nuit. Elle s’endormit peu avant le jour, alla faire sa toilette à la Seine, but un bol de lait de chèvre qu’elle alla traire elle-même dans le pré voisin. Elle se sentait de nouveau dans des dispositions favorables, comme si le vent du matin venait de dissiper les orages de la nuit.
    En rentrant sous sa tente elle réveilla son maître d’hôtel et son écuyer en leur criant :
    – Debout, paresseux ! Passez-moi mon harnois et préparez mon cheval. Nous levons le camp !
    Alors qu’on lui laçait ses plates elle chantonnait un air du Pays de Bar.
    – Ce sera une belle journée, dit-elle à Baretta qui venait de la rejoindre sur le chemin de rive, mais nous avons de la route à faire avant d’atteindre Lagny où, je l’espère, nous serons mieux accueillis.
    – Je croyais, dit-il... cette nuit j’ai cru que vous étiez malade, vous étiez si agitée, fiévreuse...
    – Cette nuit ? que se serait-il passé cette nuit ? J’ai si bien dormi que je ne me suis rendu compte de rien...
     
    La petite armée passa sans encombre la Seine à Corbeil avant d’obliquer vers le nord en direction de Lagny par Brie-Comte-Robert.
    La guerre semblait avoir épargné ces contrées fertiles sur lesquelles rayonnait une lumière de paradis. Comme le soleil devenait ardent, Jeanne ne garda que sa chemise sous la huque et se coiffa d’un chapeau de paille aux bords effrangés qui laissait pleuvoir sur son visage de petites gouttes de lumière.
    Passé Brie-Comte-Robert, Jeanne vit venir à elle un notable de Lésigny qui avait un message à lui communiquer de la part de la Pierronne. Il avait été témoin de son arrestation et de celle de sa soeur par une patrouille anglaise qui les avait menées en prison en les traitant de filles de joie et de sorcières.
    – Cette pauvre fille m’a dit avant de disparaître, ajouta le bonhomme : « Si tu vois la Pucelle, dis-lui que nous venions vers elle pour la prévenir contre ses ennemis qui veulent la prendre. Tu ajouteras que nous l’aimons et que nous prions pour elle chaque jour. » Voilà ce qu’elle m’a dit, mot pour mot. Il est vrai que les Godons sont sur les dents depuis qu’ils ont appris votre venue et qu’ils ramassent sur les routes tout ce qui leur paraît suspect, même les pauvres capucins de retour de Vézelay. Révérence parler ils font dans leurs chausses...
    La Pierronne captive des Anglais ! Au contraire de Catherine de La Rochelle qui avouait ses faveurs pour Philippe, cette pauvresse proclamait à tout vent la prochaine victoire du roi Charles et son entrée dans Paris en compagnie de Jeanne. Elle ne ferait pas long feu dans les geôles anglaises car elle avait des idées bien arrêtées et la langue bien pendue.
    Dans la soirée, alors que la troupe, arrivée en vue de Lagny, s’apprêtait à franchir le pont sur la Marne, Jeanne demanda à Jean d’Aulon de lui lire les quelques lignes figurant sur un écriteau affiché contre une pile : il annonçait la perception d’un droit de péage pour le Juif vif, la Juive grosse, le Juiveau, le Juif mort et la Juive morte.
    – Qui sont ces soi-disant chrétiens, s’exclama-t-elle, qui traitent les pauvres gens comme du bétail et les Juifs comme des pestiférés. Si je ne me trompe, le Christ était de race juive ! Voilà qui ne me donne guère envie de faire halte dans cette ville.
    – C’est peut-être une humiliation à l’encontre des Juifs, dit Jean, mais sans doute un moyen de leur soutirer de l’argent. Aux bourgeois tous les moyens sont bons pour remplir leur bourse.
    Il fallut, en dépit des préventions de Jeanne, faire halte à Lagny : hommes et

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