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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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d’or...
     
    Comme Jeanne l’avait prévu, les Anglo-Bourguignons avaient investi Compiègne. L’armée ayant pris position à Choisy-le-Bac, Baretta partit avec une compagnie pour une opération de reconnaissance. Parvenu en vue des remparts il se frotta les yeux pour se convaincre qu’il ne rêvait pas : les environs de la cité grouillaient de soldats qui menaient grand tapage, installaient leurs pièces à poudre, creusaient mines et tranchées.
    Un paysan de Choisy qui faisait partie de ses grandes oreilles, comme il disait, le rassura : il connaissait un coin des remparts où, de nuit, il était possible de s’infiltrer sans trop de risques dans la ville, près de la porte de Pierrefonds.
    Baretta attendit la nuit, fit camper ses hommes dans un taillis et, accompagné de son cicérone, parvint à franchir le fossé sur une barque, et à se glisser par une poterne non gardée au coeur de la ville. Il trouva Guillaume de Flavy installé avec quelques compagnons autour d’une table de jeux et lui annonça la prochaine venue de la Pucelle. Le capitaine n’en crut pas ses oreilles. Jeanne devant Compiègne ! Jeanne...
    Le lendemain, en fin de soirée, la troupe conduite par la Pucelle se mit en branle sous une queue d’averse tiède, Jeanne avait refusé, comme on le lui avait imposé en d’autres lieux, de laisser ses compagnies aux champs car l’ennemi eût vite fait de repérer sa présence. Alors que tout dormait dans le camp adverse, une armée d’ombres s’insinua dans la ville par la poterne que Guillaume de Flavy avait laissée ouverte.
    La ville était pour les Français une place sûre et une base d’opérations fiable. Jeanne comprit le double avantage que l’on pouvait tirer de cette situation : la défense et l’attaque.
    Guillaume de Flavy lui avait réservé un logement dans l’énorme donjon proche de l’abbaye de Sainte-Corneille, au coeur de la cité. Elle y installa son quartier général réduit à la portion congrue : Baretta, Clermont et Vendôme.
    Elle ne savait que penser du chef de la garnison, ce jeune et beau capitaine que Regnault couvrait de sa protection et de son affection. Il semblait avoir de l’énergie à revendre et une fidélité inébranlable pour son roi dont l’inertie lui semblait incompréhensible. Lorsqu’il s’ouvrit à Jeanne de ses doutes, elle tenta de le rassurer : Charles était un homme de cabinet plus qu’un chef de guerre ; il préférait négocier que se battre, mais il était capable de sursauts inattendus.
    – Dites-vous bien, ajouta Flavy, que, moi vivant, jamais Philippe n’entrera dans ma ville. J’ai fait de ma fidélité à la France une sorte de religion et rien ne m’y fera renoncer !
    – Je suis heureux de vous l’entendre dire, Guillaume. Cependant... pardonnez à ma franchise... Je n’éprouve pas la même certitude quant au comportement de votre tuteur, monseigneur Regnault. Je l’ai rencontré récemment. Il tenait à ce que je mette l’arme au pied !
    Flavy soupira, s’essuya le visage d’un revers de main comme s’il venait de recevoir un jet de vinaigre. Il regrettait les tergiversations de son oncle, nature inquiète, sujette à des scrupules et à des retournements inattendus. Quant à prétendre, comme certains osaient l’avancer, qu’il était la créature de Philippe, c’était pure médisance !
    Guillaume échappa à son trouble en rappelant à Jeanne que l’échevinage l’attendait pour une cérémonie à la Maison de Ville. Elle s’y rendit sans empressement, écouta avec une indifférence polie les compliments sirupeux qu’on lui adressait, accepta avec un sourire pincé les quelques bouteilles de vin qu’on lui offrit en précisant que c’était le présent traditionnel que l’on réservait aux hôtes de marque. On la régala d’un bon repas auquel elle fit honneur car elle avait jeûné la veille.
    À première vue les défenses de Compiègne étaient d’une extrême complexité qui les rendait pour ainsi dire inviolables. Guillaume de Flavy invita Jeanne et ses proches à en faire le tour.
    L’Oise bordait la ville au nord. Des fossés larges et profonds épousaient la ceinture des remparts avec, de place en place, des tours fièrement campées. Des dispositifs avancés protégeaient la grande porte et se prolongeaient sur la rive opposée par des fossés, des barbacanes, un boulevard, des contrescarpes protégées par des palissades. C’était comme si la ville elle-même avait

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