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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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le tira par les aisselles et, avec l’aide de Guyot, l’adossa contre un mur. Tristan s’approcha :
    Dans une mêlée, nous nous serions conduits de la même façon.
    J’ai cru t’avoir et tu m’as eu.
    – Non, Fouquant : nous étions égaux en courage et en force.
    – Pourquoi ne m’as-tu pas achevé ?
    – Un guerrier tel que toi mérite des égards. Vivant, tu restes utile.
    – Tu cognes dur.
    – Et toi ?… Tu m’as parfois malement meshaigné !
    Daniel Goussot ramassa le bassinet du vaincu et l’examina dessus et dessous avec plus de pitié qu’il n’en avait pour le visage abîmé.
    – Nous le réparerons… Nous verrons aussi pièce à pièce si vos armures n’ont pas souffert.
    Il souriait. Il allait pouvoir, pendant quelques années, dire à ses chalands ce qu’avait été ce combat. Certains le croiraient, d’autres non. Comme les beaux livres avaient des vignetures pour parfaire leurs images, il ornerait ses propos d’enluminures à sa façon.
    – Mon cheval t’appartient, dit Archiac, maussade.
    C’était la coutume. Il s’y pliait. Son cœur saignait.
    – Si nous étions Roland et Olivier, tu préférerais me donner ta sœur.
    – A défaut de fille ou de sœur, je peux te bailler ma cousine. Elle est belle et pieuse, et sa virginité me semble garante de bonnes mœurs futures. Elle m’en a parlé fréquemment ces temps-ci…
    – On parle fréquemment de ce qu’on a perdu.
    Tristan riait. Il avait lâché sa réplique pour complaire à Constance visiblement angoissée. Aucun doute que son pucelage la démangeait, si toutefois les aides de son père le lui avaient laissé.
    – Perdu ou pas perdu, si tu veux la voir, cette cousine…
    – L’avoir ou la… voir ?
    – Qu’importe, nous irons rue des Vieilles-Étuves.
    – Pour le moment, à propos d’étuves, messire Goussot et ses gens vont nous faire porter à chacun un tonneau et nous nous tremperons dans moult pintes d’eau avant de nous régaler de son vin ! Holà ! Paindorge, viens m’ôter toutes ces plates ! Il me tarde d’être nu.
    – Accours, Hélion, et fais-en autant !
    Les deux écuyers obéirent. Constance s’éloigna, suivie de Flourens, de Guyot et d’Yvain peu pressé, semblait-il, de rempoigner son marteau.
    – J’ai rompu ta Pélias.
    –  Le plantard seul importe.
    – Tu as moult perdu à me titiller.
    – Il me reste l’honneur. N’est-ce pas l’essentiel ?
    Leurs écorces de fer s’amassaient sur le sol. Tristan songea qu’il eût pu exiger aussi l’armure d’Archiac sans que celui-ci eût à se regimber, l’honneur, justement, le lui interdisant. Il n’en éprouvait pas la nécessité. Une fois qu’ils furent en braies, ils s’examinèrent.
    –  Seigneur ! fit Paindorge. Messire, vous avez à l’épaule une meurtrissure noire, grosse comme un œuf et sur l’arrière-bras senestre une… bobèche bleue qui tourne au noir…
    – Et pour moi, dit Archiac, une plaie étanche au flanc !… Sans mon fer tu m’aurais tranché par moitié.
    – Votre épaule, dit Hélion… Oui, la senestre, elle saigne…
    –  Le bain que je prendrai me guérira.
    Je vous avais bien dit de vous couvrir davantage !
    Je me suis souvenu de Meaux et de Maingot Maubert…
    M’aurais-tu tué comme tu en avais l’intention avec lui… si toutefois j’avais été vaincu ? demanda Tristan avec une bienveillance amusée.
    Archiac n’était pas de ces hommes qui soupesaient leurs mots avant que de répondre, et sans doute méprisait-il tous ceux qui s’adonnaient à des débats internes, – pernicieux.
    – Oui.
    Tu viens de perdre ton cheval. Allons le voir.
    *
    Comment l’appelles-tu ?
    C’est un croisé de more et de genet d’Espagne. Akazar est son nom.
    – Cela veut dire ?
    Les mahomets appellent ainsi leurs palais. Ce cheval appartenait à un Espagnol du Trastamare. Il a trois ans de corps et dix par son esprit. Ce routier, un Castillan, l’avait baptisé el Cid , puis il a changé disant qu’une bête, même d’une beauté merveilleuse, ne pouvait porter un nom d’homme… surtout celui-là.
    Archiac avait mené son cheval sur le seuil de l’écurie. Il venait de le libérer de sa longe. Alcazar restait quiet comme une personne accoutumée aux hommages, aussi figé qu’une statue, n’eut été la longue queue neigeuse qui, parfois, effleurait sa croupe.
    – Il est beau, en effet.
    – Dis plutôt, compère, qu’il est divin. Le Christ était

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