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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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l’Archiprêtre réapparu sans qu’on sût d’où il revenait ; Amanieu de Pommiers avec lequel Tristan avait échangé quelques mots, d’autres encore, tous fervêtus malgré la chaleur, armés, prêts au combat.
    – Eh bien, dit Arnaud de Cervole, que faisons-nous ? Le captal a-t-il divisé son armée ?
    – Il ne m’a pas, moi, invité à entrer dans son camp, dit Tristan qui, tant bien que mal, s’efforçait d’ignorer cet auditeur hypocrite. Mais j’ai bonne vue. Je puis donc vous annoncer, messires, que Jean de Grailly a divisé ses hommes en trois batailles.
    Le souvenir de ce qu’il avait vu là-haut lui revenait, plus précis et sans difficulté : les dispositions du captal étaient conformes à celles que la plupart des armées prenaient avant de courir à l’ennemi.
    – Est-ce tout, compère ? demanda familièrement Thomas l’Alemant.
    – A en juger par une bannière chargée de léopards, je pense que Jean Jouel commande à une compagnie de soudoyers et d’archers anglais. Le captal s’est réservé la seconde où se trouvent les chevaliers et les guerriers de Normandie…
    – Les partisans du Mauvais, dit Guesclin. Pierre de Sacquenville et Guillaume de Gauville… D’autres encore… Continue !
La tierce bataille doit être entièrement navarraise…
    – Eh oui, dit le Breton qui suait à grosses gouttes. Elle a pour chefs, j’en jurerais, le Bascon de Mareuil, Bertrand du Franc et Sanche Lopez… Et moi, je vous le dis, mes bons sires : ils croient, en demeurant là-haut, se faire craindre et nous affamer… nous contraindre à galoper vers eux bannières au vent pour que leurs archers nous accablent… Nous ne leur donnerons pas cette joie ! Si nous avons le ventre creux, notre cœur est plein de foi et notre tête déborde de bon sens. Nous souffrons de male faim ? Pas un cheval ne sera occis, sauf celui que j’ai condamné ce matin parce qu’il s’est brisé une jambe… Il doit être mort maintenant et servira de nourriture à tous…
    Puis, tourné vers Tristan :
    – Quoi d’autre ?
    – Je crois que ces trois batailles se tiendront de front sur la hauteur. La forêt les empêche de s’ordonner en profondeur. Le captal a planté sa bannière à l’endroit le plus en vue, au milieu d’un gros buisson d’épines…
    C’était en épiant les hommes immobiles derrière ce buisson que son regard était tombé sur Thierry. Il devait y avoir une raison grandissime pour qu’il se commît avec des Navarrais.
    – Cette bannière, dit Guesclin, serait un point de ralliement pour ses gens si nous avions l’intention de les enfoncer et de les disperser.
    – Sans doute, approuva Tristan. Il y a bien cinquante ou soixante armures de fer à l’entour.
    – Merdaille ! s’exclama Perducas d’Albret. Il faut conquérir le pennon du captal. Je propose que trente des nôtres s’en chargent. Pas vrai ?
    Auxerre, interpellé, répondit par un geste d’ignorance.
    – Et vous, messire ?
    Beaujeu, d’un mouvement des bras, révéla sa résignation à l’obéissance.
    – Il faut, dit l’Archiprêtre, monter une nouvelle fois. Leur proposer une bataille loyale…
    – Loyale ? pouffa Guesclin. Ne nous égarons pas en parlures !
    Tristan observa Olivier de Mauny. Il souriait comme son cousin. Peut-être ne valait-il guère mieux que l’Archiprêtre, mais il demeurait fidèle aux lis de France et, pour ces indécises journées, c’était l’essentiel.
    – Il nous faut un chef, déclara Arnaud de Cervole, sans quoi nous ne ferons rien de bon.
    Nul doute qu’il tenait à l’éviction de Bertrand d’un commandement que le Breton méritait en cette occurrence. Depuis que l’armée se trouvait à Cocherel, il avait veillé à tout et pris judicieusement toutes les décisions qu’imposaient les événements. On ne pouvait lui reprocher quoi que ce fût. Pourtant, le sire de Beaujeu, le vicomte de Beaumont et quelques autres dirent spontanément :
    – Vous, messire Jean de Châlon !
    Le comte d’Auxerre se défendit d’être le meilleur. Baudouin d’Annequin s’écria :
    – Si, messire, en vérité !… Notre cri sera : «  Notre-Dame, Auxerre ! » C’est vous qui tenez le plus grand état. C’est vous qui êtes le plus riche en terres ! C’est à vous que revient la plus haute naissance. Vous avez bien le droit d’être le chef.
    – La richesse ne fournit pas nécessairement le cou rage et l’intelligence, murmura une voix

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