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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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place…
    – Nenni !… Tu as l’œil vif… Si par ma foi il a rejoint ces gens, tu sauras déceler… flairer s’il se peut, la présence de l’Archiprêtre.
    – Il a disparu ?
    – Oui… Mais je ne pense pas qu’il les ait rejoints… Oh ! certes, il en a l’intention… Pour le moment, je le suppose avec les ribaudes… Vois comment le captal a disposé ses hommes… enfin tout !… Je veux gagner cette petite guerre. Propose-lui une joute pour l’octroi du champ de bataille. Moi, bien sûr, contre le captal ou Jouel ou Sacquenville… Fais au mieux en mon nom !
    Tristan sentit qu’il avait devant lui un capitaine exposé à toutes les animosités, à toutes les légendes. Rien ne lui avait été plus facile que de le mépriser. Chargé de défauts énormes, Guesclin n’était pas dépouillé des vertus que l’on était en droit d’espérer d’un meneur d’hommes. Quels que fussent son tempérament et son humeur, il était contraint, pour rester fidèle à sa nature, de se réfugier dans les attitudes extrêmes de la domination, de la confiance, de l’appro bation de lui-même  ; d’affliger par sa hautaineté bienveillante les grands qui l’entouraient. Honni et blâmé secrètement par eux, condamné au succès, toujours à l’affût de la fortune et de la réussite, glorieux un jour, vilipendé un autre, il tenait, pour l’immédiat et pour l’avenir, à remporter un succès violent et manifeste.
    Un jeune Breton apporta la bannière. Tristan la saisit au mitan de sa hampe et la posa sur le bout de son soleret.
Je garde mon épée ?
    – Oui… Le captal est loyal. Que tu en sois ceint ne sera pas pour lui une preuve d’outrecuidance… Mais méfie-toi de Jouel s’il est là-haut.
    Tristan franchit le pont et partit au galop. Lorsqu’il fut au pied de la montagnette, il remua la bannière de haut en bas. D’ailleurs, seul, qui eût pu l’accuser d’intentions homicides ?
    *
    Des levées occupées par des archers. Des taillis utilisés comme réserves de vivres et de sagettes. Il y avait les guisarmiers et des vougiers en petit nombre et, dans la verdure, des armures de fer. Une centaine. Où étaient les autres.
    « Ils se sont enfoncés dans ce bois pour que je ne puisse savoir quel est leur nombre… C’est de bonne pierre… Ils m’accueillent avec le sourire. »
    Le captal s’approcha, débonnaire. Il avait tout d’un futur vainqueur : pas de fer sur son pourpoint rouge vif et ses chausses grises. Des heuses de cuir cordouan lui montaient aux genoux, noires avec un rabat couleur noisette. Il offrait, sous son chaperon, le même visage jovial que lorsqu’il avait quitté Jeanne de Navarre. D’un doigt il sépara les pointes de sa barbe.
    –  Je connais, messire, cette bannière. C’est Bertrand de Claiquin qui vous envoie !… N’avez-vous point de nobles hommes en bas pour vous humilier à servir un malandrin ?
    – Dès le moment, messire, où nous faisons la guerre, nous sommes tous des malandrins.
    Tristan posa sur le sol l’arestuel de la bannière et ne voulut pas perdre son temps :
    – Sire, dit-il à Grailly, non seulement Bertrand Guesclin, mais le bon comte d’Auxerre et tous mes compagnons vous demandent par moi si vous voulez avoir bataille. Si vous le voulez, ils vous livreront place à trois traits d’arc au-delà de la rivière, ou en deçà selon votre bon gré… Et si vous ne le voulez, Bertrand vous mande encore d’aller contre lui, votre écu au col, vous, Jouel ou Sacquenville pour courir trois lances. Qui abattra l’autre sur le sol choisira telle place qui lui conviendra pour livrer bataille ou retournera, lui et ses gens, dans son pays.
    « Bon sang, cet homme, derrière une branche à peine feuillue… N’était-ce pas Thierry Champartel ? »
    Il fallait écouter le captal. Réfuter cette illusion. Thierry ne pouvait être à Cocherel. Il n’était point partisan de Navarre. Il avait combattu les Anglais et les Gascons !
    – Gentil héraut, disait le captal, je connais bien Bertrand et tous ses grands vouloirs. Quand le jour en sera propice, je descendrai sans qu’il m’invite… D’ici, je le domine déjà… Il n’est pas temps de croiser nos armes. J’attends quelques secours pour épaissir mes troupes… Alors, nous vous courrons sus !
    – Messire, ne pourrions-nous éviter cet estour 155  ? De part et d’autre des hommes vont mourir pour quelques toises de terre, et ceux qui devraient s’affronter

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