Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
dans le dos de Tristan.
    C’était celle d’Amanieu de Pommiers. D’un clin d’œil, ils se sentirent complices.
    Cependant. Jean de Châlon secouait sa tête glabre dont la sueur avait terni le lourd camail. Il avait des traits mous, un regard un peu torve. Tristan se demanda comment il pouvait inspirer confiance au maître des arbalétriers. Il avait fait une allusion pesante à la richesse. Espérait-il une récompense si le comte était élu ?
    – Non, dit Auxerre. Je suis trop jeune. J’en vois moult d’entre vous approuver Annequin. C’est pure courtoisie qui me touche. Je serai votre compain… Je mourrai, vivrai et attendrai l’aventure à vos côtés, mais de souveraineté je ne veux point avoir !
Ah ! fit Guesclin, soulagé.
    Ses doigts bougeaient de part et d’autre de la boucle de sa ceinture d’armes.
    Auxerre lui sourit. Il était déchargé d’un fardeau de responsabilités qui l’eût écrasé si, par male chance, on perdait la bataille.
    Les seigneurs s’entre-observaient. Quel était parmi eux le preux le plus méritant ? Le vicomte de Beaumont ? Olivier de Mauny qui serrait les lèvres comme pour étouffer un « Moi ! » chauffé à blanc ? Amanieu de Pommiers, du regard, invitait Guesclin à s’élire lui-même. Le soudich de l’Estrade eût proposé Bertrand s’il n’avait craint de déplaire à Perducas d’Albret, partisan de l’Archiprêtre. Jean de Vienne, en vieux cheval de bataille, rongeait son mors. Guy de Trelay et Angoulevent regardaient l’Archiprêtre comme ils eussent regardé le Saint-Sacrement. « Saint Mécréant », songea Tristan, tandis que le seigneur de Villequier, plus très jeune, chevrotait tout à coup :
    –  Merdaille, nous atermoyons !… Faut-il balancer quand on a Bertrand avec nous ?
    – Je ne vois que lui, approuva, résigné, Hugues de Châlon-Arlay sans un regard pour son frère Jean auquel il reprochait sans doute son désistement en faveur de Guesclin.
    Pour être fidèle à son image, il portait, sur son corps nu, une chemise de satanin vert.
    – Pourquoi pas vous, Archiprêtre ? demanda Guy de Baveux, un petit seigneur qui demeurait fidèle aux mailles et portait un haubert déchiré par endroits. Vous êtes accoutumé aux grandes batailles !
    – A les perdre. Or, nous sommes céans pour gagner ou périr.
    On se détourna. C’était Bertrand Goyon, le pennoncier de Guesclin qui s’était exprimé. Bien que jeune, il savait à qui se fier.
    L’Archiprêtre montra son poing à l’insolent. Tristan qui, en cette occurrence, avait forcé son rire, redevint tout à coup sérieux :
    – Pour ma part, dit-il, j’ai d’abominables remembrances des batailles où nos maréchaux et capitaines ont voulu se passer d’un chef unique auxquels ils obéiraient, de sorte que, faisant chacun à leur guise, nous perdîmes l’honneur, ce qui est regrettable, mais aussi, mais surtout des milliers de bons gars, ce dont je suis toujours affligé…
    – Des maréchaux sont morts, reprocha Jean de Châlon.
    – Certes, messire le comte d’Auxerre. La mort peut-être belle au seuil d’une victoire. Elle est laide, à mon sens, dans la déconfiture.
    Il sentit des murmures appréciateurs et s’en réjouit.
    – Il a raison, dit Guesclin.
    – Oui, approuva Auxerre. Castelreng – c’est bien votre nom ? – a raison. Nous devons voir les choses telles qu’elles sont et choisir le meilleur d’entre nous… Et je ne vois que vous, Bertrand, pour nous mener à la victoire de quelque façon que vous vous y prendrez.
    Il y eut derechef des murmures de soulagement. L’Archiprêtre ne disait mot. Il eût voulu commander. Non seulement la plupart des prud’hommes l’avaient ignoré, mais la suspicion dans laquelle il était tenu par certains lui mordait le cœur. Il regardait ces chevaliers qui lui robaient une renommée frauduleuse et semblait n’en reconnaître aucun.
    « Il nous lâchera bientôt, se dit Tristan. Il a déjà, et depuis longtemps, décidé d’agir comme à Maupertuis et Brignais… Il ira même, s’il le peut, se ranger à côté des Gascons du captal… A condition qu’ils veuillent de lui (415) . »
    –  Notre cri dit Jean de Châlon, sera le vôtre, Bertrand : «  Notre-Dame, Guesclin ! » Et sachez-le, messire Arnaud, il a dès maintenant le droit de se faire obéir de tous et de prendre toutes les dispositions qu’il voudra pour nous offrir la victoire.
    – Soit, dit Bertrand.
    Il

Weitere Kostenlose Bücher