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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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deux yeux. Morts. Ceux de Blanche. Elle hurla et se rua au-dehors.
    Aucun son ne provenait de l'extérieur où, pourtant, une haie de moniales attendaient, leurs pieds s'enfonçant dans une neige récente. L'abbesse leur avait interdit de la suivre en l'abbatiale. La nef semblait un navire illuminé. Tous les chandeliers, tous les candélabres avaient été allumés sur ordre de monsieur de Villanova. Livide jusqu'aux lèvres, Plaisance découvrait l'effarant spectacle sans toutefois parvenir à lui donner un sens.
    Lorsque Thibaude Santenet, le visage ravagé par la peur, avait pénétré dans son bureau en vociférant, l'abbesse terminait de se vêtir. Elle était parvenue à arracher la vérité à sa fille en pleine crise nerveuse. Seule une plainte avait franchi les lèvres de Plaisance :
    – Non… Pas de nouveau !
    Un silence de sépulcre régnait. Tassés épaule contre épaule, Plaisance de Champlois, Arnoldus de Villanova, Hermione de Gonvray et Barbe Masurier semblaient se préparer à résister à un assaut d'envergure. Leurs souffles se concrétisaient en buée. Bouche entrouverte, monsieur de Villanova paraissait changé en statue. Frappés d'horreur, tous avaient le visage levé, le regard fixé sur le cadavre de Blanche de Cerfaux qui pendait, la tête en bas, retenu par une cheville à la corde qui permettait de hisser le chandelier suspendu. L'ourlet de sa robe avait été pincé dans l'un de ses bas si bien que seule l'autre jambe, qui s'était écartée selon un angle presque droit, se trouvait dénudée, ajoutant à l'effrayant grotesque de la scène. Son voile gris de novice imbibé de sang avait goutté au sol, formant une large nappe qui s'était évasée en coulant dans plusieurs directions. Une sorte d'effarement se lisait sur le visage cireux de la novice assassinée. Une croix sombre avait été tracée entre ses sourcils.
    Tous sursautèrent lorsqu'une voix posée, sans l'ombre d'une émotion, résonna :
    – Je crois que je viens de trouver… l'ustensile, l'arme dont on s'est servi.
    Quatre regards se tournèrent vers Mary de Baskerville qui avançait sans hâte depuis l'absidiole de chœur, tenant un lourd fer à repasser.
    – La semelle est maculée de sang, précisa la nouvelle apothicaire. (Après un regard pour le médecin, elle se tourna vers l'abbesse et demanda du même ton calme :) Ne serait-il pas souhaitable, ma mère, de… descendre notre sœur ?
    Cette suggestion sembla rompre le sort qui les tenait tous immobiles. Il s'ensuivit un désordre de mouvements, chacun allant, venant, s'activant il ne savait trop à quoi. Barbe redressa quelques cierges inclinés, Hermione contourna la flaque de sang qui enlaidissait une large dalle de pierre, la détaillant comme si elle espérait y lire une réponse aux questions qui ne cessaient de tourner dans sa tête, monsieur de Villanova soliloqua :
    – Tout à fait. Descendons cette pauvre jeune femme. Soulevons son voile afin d'examiner le crâne. Recherchons d'autres éventuelles blessures… Car il ne peut s'agir d'un accident ou d'un suicide… Non, non, voilà hypothèses invraisemblables.
    Un vague sourire flotta sur les lèvres de Mary de Baskerville. Un sourire qu'intercepta Plaisance et qu'elle jugea terriblement déplacé.
    – Votre aide me serait précieuse, monsieur, poursuivit l'Angloise. Je doute d'avoir assez de force pour la retenir à moi seule.
    – Si fait… si fait, approuva Villanova en la rejoignant à grandes enjambées, aussitôt imité par les trois autres femmes.
    Hermione de Gonvray dut joindre ses efforts à ceux de sa remplaçante et du médecin pour retenir la corde et éviter ainsi que le cadavre n'atterrisse brutalement. Ils descendirent Blanche de Cerfaux et l'allongèrent avec douceur sur les dalles, prenant garde à ce que le chandelier suspendu ne s'écrase sur le corps.
    – La croix, chuchota Plaisance. Cette croix qu'elle porte sur le front… Est-ce bien du sang séché ?
    – J'en ai peur, madame, murmura monsieur de Villanova.
    Bras croisés, la tête inclinée sur la droite, Mary attendait la suite, le visage impavide. Arnoldus de Villanova souleva le voile. Hermione de Gonvray suivit le regard du médecin comme il s'attardait sur le cou de la défunte pour remonter ensuite vers le crâne. Barbe Masurier se signa en détournant le regard. Monsieur de Villanova s'agenouilla aux côtés de la morte afin d'examiner la large plaie. Il écarta les cheveux d'un soyeux châtain

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