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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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retenir.
    – Vous êtes la première à…
    – Que vous disais-je plus tôt ? L'une des caractéristiques de la sottise est le manque de lucidité. Les gens se persuadent que ce qu'ils ont envie de voir est la vérité. Plutôt que d'additionner les preuves, d'accoler les éléments jusqu'à parvenir à la réponse exacte, ils maquillent la réalité, la transforment à l'envi et parviennent à une solution erronée, mais au fond rassurante. Vous portiez une robe de bernardine en un couvent de femmes, vous ne pouviez donc être qu'une femme. Voyez-vous, ma bonne, les gens arrivent à la conclusion qui les satisfait – peu importe qu'elle soit juste. Leur esprit imparfait arrange les indices afin de leur donner raison.
    – Prétendriez-vous que nous ne sommes pas créatures d'intelligence ?
    – Si fait… du moins comparées aux limaces. Cela étant, vous admettrez que ladite intelligence est très inégalement répartie entre nous. De surcroît, elle nous sert surtouta posteriori, afin de légitimer nos erreurs d'inintelligence. Allons, chère Hermione, ou quel que soit votre prénom : ouvrez les yeux, vous en êtes capable.
    Hermione de Gonvray avait recouvré assez d'assurance. Elle lança d'un ton froid :
    – Je ne vous trouve pas aimable.
    Une sincère stupéfaction se peignit sur le visage de Mary, arquant ses sourcils presque blancs :
    – Le regretteriez-vous ? Et pourquoi faudrait-il que vous me trouviez plaisante ? Je ne vous offre pas mon amitié, pas plus que je ne cherche la vôtre. Qu'en ferais-je ? Ayant découvert que vous possédiez un esprit digne de ce nom, je suis venue vous proposer de mettre nos intelligences en communauté. À l'instar de monsieur de Villanova, je crains que ce meurtre ne soit que le premier.
    – Justement, pourquoi ne pas rechercher sa…communautéplutôt que la mienne ?
    – Arnoldus de Villanova, murmura ironiquement l'Angloise. Prestigieuse réputation, quoiqu'un peu trouble. Déroutant monsieur de Villanova, si passionné par les simples de votre belle région qu'il n'a pas mis un pied hors l'abbaye depuis son arrivée. Peut-être attend-il le printemps, plus adapté à la cueillette, il est vrai ?
    Hermione s'était fait la même remarque au sujet du médecin qui passait le plus clair de son temps dans la bibliothèque. Or tous les ouvrages de botanique se trouvaient réunis sur l'une des étagères de l'herbarium.
    – Que voulez-vous dire ?
    – Que je suis sidérée que l'on ait servi un si piètre prétexte pour expliquer la venue de ce grand savant aux Clairets. De surcroît, son attitude de tout à l'heure m'a… déconcertée.
    Un doute effleura Hermione, qui s'enquit :
    – Sommes-nous certaines qu'il s'agit bien de monsieur de Villanova, pas d'un imposteur ?
    – Ah, vous voyez ! Voilà comme il convient de réfléchir. Considérer toutes les possibilités, même les plus improbables. S'attaquer en priorité à celles qui sont le plus plausibles. Si aucune ne résiste à l'analyse, alors, et alors seulement, il convient d'accepter que l'improbable est vrai. Pour en revenir à votre inquiétude, rassurez-vous : il s'agit bien de lui. Outre qu'il était porteur d'une missive papale, il est passé, il y a un an, en mon ancien monastère de Castres. Il n'y est demeuré que quelques jours et bien que nous nous soyons parfois croisés, je ne lui ai, fort heureusement, laissé aucun souvenir. Toutefois, ce n'était pas les simples qui l'intéressaient à l'époque.
    – Quel était le motif de sa venue ?
    – Une extension de chapelle. J'avoue m'être demandé pourquoi on envoyait un médecin afin de s'en préoccuper. Un architecte eût été, sans conteste, plus approprié.
    Se rendant soudain compte qu'elles se tenaient debout depuis le début de leur discussion, Hermione proposa :
    – Asseyons-nous. Je puis nous préparer un peu d'infusion de mauve.
    – Volontiers.
    Hermione se pencha afin d'attiser les braises qui rougeoyaient dans l'âtre de la cheminée et rajouta du petit bois pour relancer le feu.
    – Que diriez-vous de madame Plaisance ? demanda Mary dans son dos. Je l'ai peu rencontrée, trop peu pour m'en faire une idée. Excluons d'ores et déjà son jeune âge qui ne me préoccupe guère. J'ai rencontré des vieillards plus bêtes que des enfançons.
    – Elle est, indéniablement, un des esprits les plus vifs que je connaisse…, commença Hermione.
    – Mais ? Car, il y avait un « mais ».
    – Elle

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