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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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appris son pouvoir.
    – Je l'ignore, mon bon Frédéric, mentit-il. Cela étant, nous ne devons pas prêter à notre ennemi un raisonnement humain. Ce serait une grave erreur. Ses mobiles nous sont impénétrables. Ne nous égarons pas, ne dispersons pas nos forces à tenter de les percer. Une seule chose importe : l'exterminer, l'empêcher de nuire.
    – Qui peut-il bien être ? Le diable ?
    Le regard sombre de monsieur de Villanova devint terne. D'une voix qu'il ne reconnut pas, il osa :
    – Pire.
    Une onde glacée figea Alexia de Nilanay. Des tremblements convulsifs l'agitèrent. La tête lui tourna au point qu'elle se précipita dans la chambre pour se laisser tomber sur l'escame. Pire que le diable ? Comment imaginer une telle aberration ? Quant au diable lui-même, impossible. Le diable faisait toujours intervenir ses démons. L'affolement suivit sa soudaine faiblesse. Doux Jésus, que pouvait-elle faire ? Elle refoula les sanglots qui lui venaient. Défilèrent dans son esprit des idées sans suite, des images heurtées. Pourquoi avoir tant insisté pour quitter la quiétude du château de Mortagne ? Pourquoi être revenue en ce lieu où, déjà, elle avait connu la terreur ? Pourquoi avoir abandonné l'amour de son doux seigneur pour se retrouver seule ici, vulnérable ? La face ravagée de cette brute de ladre qui voulait occire madame Plaisance. Les nervis 3 de monseigneur de Valézan qui défonçaient la porte de sa chambre en l'hostellerie, qui transperçaient le corps de monsieur Malembert. L'enlèvement, la forêt sinistre et glaciale. L'appentis transformé en réserve dans lequel on l'avait poussée, ligotée. Ils l'avaient giflée à toute volée pour faire taire ses hurlements. Et tout ce temps, tout ce temps-là, elle s'était accrochée à la certitude qu'il la sauverait, pour ne pas devenir folle de peur. Lui, Aimery de Mortagne. Soudain, une conviction aussi implacable qu'une révélation. Quoi ? Pauvre et stupide poltronne ! Elle ne le méritait pas. Lui, l'homme de valeur, de bravoure et d'honneur qui n'avait pas hésité à risquer mille fois sa vie pour défendre sa foi, ses certitudes, les êtres chers à son cœur, ou ses gens. Une couarde, une lâche, voilà ce qu'elle était. Se montrer digne de lui. Se redresser. Agir.
    L'espèce de léthargie malfaisante qui l'avait engourdie disparut. Prévenir l'abbesse de ce qui se tramait. Surtout, faire porter un message à Aimery afin de l'avertir de l'épouvante qu'elle venait de découvrir.
    Marie-Lys, l'un des sœurs infirmières, chargée par Plaisance de la surveillance et du confort de madame de Balencourt, l'ancienne grande prieure du cloître de la Madeleine, pénétra en trombe dans le palais abbatial, le visage défait. Adèle Grosparmi se porta à sa rencontre.
    – Ma bonne, vous semblez toute retournée, s'alarma-t-elle.
    – Le mot est faible, chère Adèle, jeta l'autre d'un ton haché. Mélisende de Balencourt est en crise. Une crise d'une rare violence. Trois infirmières ont dû joindre leurs efforts afin de la ligoter sur son lit. Elle en a mordu une au sang. Elle hurle telle une possédée et réclame la présence de sa sœur Élodie, bref, de notre bonne mère. Je ne sais que faire. Elle vocifère, parvient à se soulever sous ses sangles au point qu'elle s'est entaillé la chair des jambes. Je vous l'avoue, avec grande honte, elle me fait peur. J'ose à peine m'approcher de son lit.
    – Montons prévenir notre mère. Elle seule peut l'apaiser un peu.
    Les deux femmes grimpèrent quatre à quatre les marches qui conduisaient au bureau de l'abbesse.
    Lorsque Plaisance de Champlois aperçut le visage crispé d'appréhension de Marie-Lys, elle murmura :
    – Mélisende ?
    – Ma mère, elle est possédée de folie au point qu'elle risque de se blesser gravement ou de faire du mal à l'une d'entre nous. Je vous en supplie, venez. Elle vous… enfin, elle réclame sa petite sœur.
    Plaisance n'hésita pas. Elle récupéra son escoffle 4 et emboîta le pas aux deux femmes.
    Elles entendirent les rugissements de madame de Balencourt dès qu'elles débouchèrent dans les jardins de l'infirmerie. Plaisance s'engouffra dans le couloir, hâtant l'allure. Deux sœurs infirmières, la mine effarée, patientaient à côté de la porte de la chambre de l'ancienne grande prieure. L'abbesse les écarta d'un geste et ordonna :
    – Je pénètre seule.
    – Ma mère, gémit Adèle qui venait de la rattraper, quelle

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