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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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supplia Claire, terrorisée. Cela me tuerait.
    – Il en serait ainsi plus rapidement fait de toi, s'esclaffa Agnès Ferrand, au comble de sa crise nerveuse.
    Une volée de gifles s'abattit sur l'enfante tassée au sol. Des coups de pied suivirent. Agnès Ferrand attrapa la très jeune fille aux cheveux.
    Les lames d'un jeu de tarot étaient éparpillées au sol. Une seule était retournée. L'esprit d'Éloi qui caressait les aspérités de la maçonnerie la distingua avec netteté. L'arcane sans nom. La mort. L'esprit commanda à la gorge d'Éloi, toujours immobile. Il déclara d'un ton paisible :
    – Lâchez-la. Elle a jamais fait de mal, jamais blessé la plus p'tite âme. Le jour la tuera.
    La portière tourna la tête, sans lâcher les cheveux de nuage de l'enfante qu'elle tirait sans ménagement et bafouilla, hors d'elle, l'écume aux lèvres :
    – Tais-toi, vilain gnome ! J'ai toujours affirmé que vous étiez des maudits. Cette insondable idiote d'abbesse a refusé de me croire, au point de me renvoyer de MON abbaye ! Je mérite mille fois plus qu'elle d'en devenir la mère.
    Une autre rafale de gifles plut sur le visage livide de Claire qui sanglotait, tentant malhabilement de se protéger de ses bras repliés sur sa tête. D'autres éructations :
    – Lève-toi, répugnante avortonne. Pendue ! Le délectable spectacle.
    Il se sentait bien, l'esprit d'Éloi, tout là-haut, collé aux blocs de pierres de la voûte. Il y serait bien demeuré. Pourtant, un détail l'obsédait. Cette lame, la treizième, la mort. À l'évidence, elle signifiait quelque chose d'important.
    L'esprit réintégra, presque à regret, le petit corps musculeux qui patientait en bas. Agnès Ferrand avait attrapé les chevilles de Claire et la traînait vers le boyau. L'enfante ne criait plus, n'implorait plus. Elle pleurait sans bruit, sans protester. Habituelle victime désignée de haines qu'elle n'avait jamais provoquées. Une infinie tendresse bouleversa le cœur d'Éloi. Une phrase si jolie, qu'il se demanda comment elle avait pu germer dans son esprit, s'imposa : Pour que vive l'innocence. Il s'entendit ordonner d'une voix sans appel :
    – Fous-lui la paix. Laisse-la vivre. Que t'importe, ma sœur en Jésus-Christ. Pour l'amour de Dieu.
    Une nouvelle fureur redressa Agnès Ferrand qui ne s'appartenait plus. Elle se rua vers Éloi et feula :
    – Culot de portée ! Contrefait ! Dégénéré ! Qui t'autorise à me tutoyer et à me nommer ta sœur ? Ta sœur va se réjouir de te voir te balancer au bout d'une corde, aux côtés des quatre autres.
    Le couteau à dépecer fut dans la main d'Éloi, sans même qu'il le sente. La lame partit, impitoyable et animée d'une volonté propre. Très loin, le hurlement de Claire :
    – Non ! Je t'en supplie, Éloi !
    La lame pénétra dans les chairs. Elle ressortit, si rouge, puis replongea à nouveau.
    La stupéfaction remplaça la rage meurtrière qui convulsait le visage de la portière. Elle baissa le regard vers la tache rouge qui s'élargissait sur le devant de sa robe blanche et murmura :
    – Cela ne se peut.
    Agnès Ferrand s'affala au sol, chuchotant toujours : « C'est impossible. » Son agonie fut brève. Aucune prière ne l'accompagna.
    Tremblante, Claire se releva et épousseta son chainse d'un geste machinal en s'avançant vers le nain.
    – Doux Jésus, qu'allons-nous faire ? demanda-t-elle en fixant Éloi d'un regard dans lequel le soulagement le disputait à la terreur.
    – Nous débrouiller, à l'habitude, soupira-t-il en repoussant avec tendresse une mèche de cheveux blonds qui voilait le visage de l'enfante. J'dois aller prévenir les autres, Claire. Reste ici, sors sous aucun prétexte.
    Elle hocha la tête avec véhémence en signe de dénégation et bafouilla :
    – Je ne veux pas rester avec elle. Je les sens, ceux de l'enfer, qui s'agitent pour réclamer sa vilaine âme. Ils seront là sous peu.
    – Y peuvent pas t'atteindre, tu l'sais bien. Ils glissent sur la pureté.
    – Quand même, ils me terrorisent. Reste avec moi, le temps qu'ils l'entraînent avec eux. De grâce.
    Il caressa la joue livide et acquiesça :
    – J'ai pas de pelage soyeux à t'offrir comme l'Urdin, mais r'garde mes bras comme ils sont forts. Ils peuvent te bercer toute la nuit si tu l'souhaites. Aucun chagrin n'peut lutter contre ces bras-là.
    – Juste le temps qu'ils obtiennent ce qui leur revient. Ils partiront bien vite ensuite. Entends-tu leur

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