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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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feu, c'était un modèle de netteté flamande. Dans ces conditions Catherine avait peut- être une chance sérieuse de s'en tirer sans drame.
    — Carlotta, commença Van Eyck, voici la dame dont je vous ai parlé. Elle a grand besoin de votre aide.
    — J'espère pouvoir la lui donner. Veuillez vous étendre sur cette table, madame, dit-elle en désignant la grande table de chêne placée devant la cheminée. Quant à vous, messire, retirez-vous dans la chambre à côté, ajouta-t-elle en allant ouvrir une porte située tout au fond de la pièce.
    L'examen fut rapide et parfaitement indolore. La Florentine avait des mains d'une grande légèreté qu'elle alla d'ailleurs laver soigneusement quand ce fut fini, au grand étonnement de Catherine occupée à rajuster ses vêtements. Elle n'avait jamais vu personne agir ainsi, après avoir touché un corps humain ou soigné un malade en dehors de son vieil ami Abou al-Khayr et de Sara bien entendu.
    C'était encore un bon point pour l'ancienne servante de maître Arnol fini.
    — Eh bien ? dit-elle au bout d'un moment de silence que Carlotta ne semblait guère disposée à rompre.
    Celle-ci haussa les épaules.
    — Il n'y a aucun doute. Vous êtes enceinte d'environ deux mois.
    — Vous pouvez faire quelque chose ?
    On peut toujours faire quelque chose, le tout est de savoir comment.
    Voyez-vous, madame, interrompre une grossesse présente toujours un danger et moi je n'aime pas le danger parce que j'aime la vie. Cela ne se fait pas en cinq minutes et avec n'importe quel moyen. Alors il faudrait que vous consentiez à demeurer dans cette ville quelque temps. Or, messire Van Eyck m'a dit que vous étiez pressée...

    — Pas à ce point-là ! Il a toujours été convenu que je séjournerais quelque temps ici. Évidemment, j'habite l'auberge et...
    — ... et il faudrait que l'on vous trouve un endroit plus tranquille.
    Le mieux serait peut-être que vous restiez ici, si vous n'y répugnez pas.
    — Ce serait volontiers mais votre maison ne paraît pas grande et j'ai deux jeunes serviteurs avec moi. Je ne peux les laisser puisque je suis censée être venue ici en pèlerinage.
    La Florentine eut un sourire qui lui enleva vingt ans.
    — Il y a plus de place que vous n'imaginez et dès demain je peux vous recevoir. Je m'y suis d'ailleurs préparée. Pour ce soir rentrez simplement à la Ronce- Couronnée. Demain matin vous quitterez la ville mais vous y reviendrez avant la fermeture des portes et par celle qui est au bout de cette rue comme si vous aviez oublié quelque chose à Bruges. Personne ne soupçonnera votre présence chez moi si vos serviteurs veulent bien ne pas sortir d'ici. À moins, bien sûr que vous ne préfériez prendre logis chez messire Van Eyck... si vous en avez la possibilité, ce dont je doute.
    — Pourquoi donc en doutez-vous ?
    Carlotta se mit à rire.
    — Parce que je connais dame Marguerite et qu'en dépit de votre...
    accoutrement de dame d'œuvres vous êtes trop belle pour qu'elle vous accepte de bon gré. Ainsi donc vous reviendrez demain ?
    — Avec joie si vous voulez bien de moi. Et merci, merci de venir si généreusement à mon aide.
    — Généreusement ? C'est le seigneur-peintre qui se montre généreux car si j'aime aider mon prochain, j'ai un très gros défaut : j'aime l'or et je suis très chère ! ajouta-t-elle avec une franchise qui enlevait tout côté choquant à ses paroles. Car la plupart des belles choses coûtent cher...
    Dans le bachot qui au long des canaux déserts la ramenait avec Jean vers l'hôtel de ville et le Saint- Sang, Catherine, rassurée, laissa, pour la première fois depuis des mois, son esprit vagabonder autour de pensées où le gris tenace de l'angoisse faisait place insensiblement à la rose aurore de l'espoir. La paix et la délivrance, sinon le bonheur, devenaient possibles...
    Rentrée à la Ronce-Couronnée, elle remercia Van Eyck avec l'ancienne chaleur de leurs relations habituelles mais mit nettement les choses au point avec lui : dès son retour en France elle lui ferait envoyer, par son banquier Jacques Cœur, une somme correspondant à ce qu'il aurait dépensé pour elle. Il ne s'agissait pas qu'il eût des difficultés avec une ménagère qui devait avoir l'œil sur la bourse commune.
    — Sur la bourse commune, oui... mais pas sur certains fonds secrets que j'ai en dépôt chez mon ami Arnolfini et qu'alimente la générosité du Duc. Certains portraits de vous m'ont rapporté beaucoup

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